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Les bandits d'honneur: contre l'injustice et l'oppression

L'Algérie célèbre aujourd'hui le 62e anniversaire du 1er Novembre 1954. L'histoire est aussi faite de ces petits détails, jamais pris en compte, qui, toutefois, pérennisent la légitimité d'un peuple. Or, une de ces pages de l'histoire de notre pays reste méconnue. Celle de ces hommes qui se sont levés contre l'injustice et l'oppression. Une catégorie d'Algériens qui, de fait, n'a ni statut, ni droit de cité: les bandits d'honneur. Ils n'avaient certes rien à voir avec la politique, mais d'emblée ils ont choisi leur camp: celui des pauvres et des opprimés. Leur sacerdoce: prendre aux riches pour donner aux pauvres. Ils étaient adulés par les paysans dans les Aurès, le Nord-Constantinois et en Kabylie. Les femmes chantaient leurs exploits. Nombre d'entre eux ont rejoint le combat national pour la libération et tombèrent en martyrs les armes à la main. Le plus emblématique d'entre eux, est Belgacem Grine [qui rejoignit le maquis en 1950] mort en martyr le 29 novembre 1954 dans sa région natale - Arris, au coeur des Aurès - lors d'un affrontement avec des parachutistes appuyés par l'aviation. Il avait 27 ans. C'est dans cette région que retentirent les premiers coups de feu de la Révolution. Ces hommes [pourchassés comme des criminels par l'administration coloniale] apparus dans le dernier quart du XIXe siècle - aux alentours de 1870 dans le sillage des insurrections qui marquèrent le pays durant de longues années - prirent fait et cause pour la «veuve et l'orphelin», contre les injustices de l'administration coloniale et de ses sous-traitants (caïd, amines et autres bachaghas). Ces hommes que l'administration qualifiait de «hors-la-loi» étaient considérés comme des héros par le petit peuple qui trouva en eux l'aide salvatrice. Ces hommes quelque peu hors du commun, côtoyèrent, sans y prendre garde, des résistances nationalistes encore éparses. C'est dans les années 1920-1930 que le PPA commença à émerger comme mouvement national structuré. Ces hommes, devenus «bandits» par nécessité, répondaient en ce moment - alors que la colonisation s'implantait avec ses oukases contre la population - à un besoin de justice qui était refusé à un peuple spolié et opprimé. C'est donc à partir de 1870 que le phénomène des bandits d'honneur commença à prendre de l'ampleur, trouvant un large écho dans la presse de l'époque. Plusieurs de ces hommes «en marge» marquèrent leur temps par leurs exploits. Relevons le nom de certains d'entre eux dont la notoriété est parvenue jusqu'à nous. Il en est ainsi d'Arezki Oulbachir qui a vécu à la fin du XIXe siècle et opérait en Kabylie se signalant par ses prouesses - dont la région garde la mémoire - chantées dans le Djurdjura. Lors de la conscription de 1914, nombre de Chaouis refusèrent de rejoindre l'armée française, se réfugiant dans les maquis du Chelia. Par sa bravoure, sa générosité, Messaoud Ben Zelmat est devenu une légende aurésienne. Que dire des prouesses de Boucheloukh au coeur de Constantine, qui installa son maquis dans les gorges du Rhumel, tenant en échec, police et armée de l'occupation? Plus près de nous, il y eut Ahmed Belaïd dit «Ahmed Oumeri» enrôlé dans l'armée française en 1940, qui déserta pour revenir en Kabylie en 1941 où il prit le maquis. Il est tué en 1947 dans un guet-apens de la police après la trahison d'un compagnon. De nombreux artistes, parmi lesquels Lounis Ait Menguelett chantèrent ses exploits. Ces hommes, n'étaient pas des politiques dans le sens qui est donné à ce terme aujourd'hui. Cependant, les bandits d'honneur étaient des patriotes à leur manière, comme le montre le groupe de Belgacem Grine, qui contribua, directement et indirectement à la Révolution. Par leur connaissance de la région, ces hommes permirent à des chefs de la révolution - parmi lesquels Benboulaïd et Bentobbal - de se rencontrer secrètement. Ils prirent part aux premières escarmouches. Ahmed Gada, l'un des derniers bandits d'honneur, côtoya Hocine Berrahail (du groupe de Belgacem Grine) qui le prit sous son aile dans les années 1940. Il témoigne et assure que le premier chahid dans la région des Aurès a été Mohamed Mezoudj dit «Omar Agrour» membre de ce groupe, qui a été tué le 3 novembre 1954, lors de l'un des premiers accrochages avec les forces d'occupation. Les bandits d'honneur, apparus dès les premières années de l'occupation française en 1830, étaient des résistants qui s'ignoraient, des patriotes qui agissaient par instinct contre l'oppression et les oukases. A leur manière ils ont écrit de belles pages de la résistance nationale contre l'asservissement et l'arbitraire.

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