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Jeux et enjeux en Méditerranée

Après la Syrie où elles se sont retrouvées face à face, puis côte à côte, avec l'Iran, dans les pourparlers d'Astana, la Russie et la Turquie font, pour des raisons divergentes, cause commune en Libye et en Méditerranée orientale. C'est le fruit d'une politique des paradoxes, mais à la base, on trouve des raisons incontournables. D'abord, le fait est que 60% des importations turques de gaz naturel proviennent de la Russie à laquelle Ankara est liée par une dizaine de protocoles majeurs dans le domaine de l'énergie. C'est ainsi qu'une centrale nucléaire a été inscrite au programme de la visite du président Poutine le 3 décembre 2012, suivie en 2018 par l'achat des fameux missiles S400 russes que la Turquie a installés malgré les protestations véhémentes de l'Otan et des Etats-Unis. En 2004, les échanges entre les deux pays atteignaient 11 milliards de dollars. Ils étaient, sept ans plus tard, de l'ordre de 30 milliards de dollars et les deux nations comptent les porter à quelque 100 milliards, dans les prochaines années.
Ceci pour dire que, si les différends ne manquent pas, aussi bien en Syrie et en Libye, notamment, ils ne pèsent pas lourd au regard de l'importance des liens économiques qui existent entre Moscou et Ankara. C'est ce qui explique la relation complexe, et même complice, en apparence, entre les dirigeants des deux pays, ce qui a pour effet de porter à son paroxysme l'exaspération des Européens dont les sanctions s'avèrent des plus vaines. Le bras de fer que la Turquie a entrepris en Méditerranée orientale où elle entend maîtriser les richesses en hydrocarbures convoitées par la Grèce et par Chypre a suscité les protestations acides de Paris et de Bonn, mais Erdogan n'en a cure. Rompu au jeu des chats et des souris, il slalome, avec une remarquable dextérité, entre les uns et les autres, imposant sa marque, jusque dans le conflit du Nagorny Karabakh, où son soutien à l'Azerbaïdjan a eu les mêmes résultats triomphants que celui apporté au GNA libyen.
A l'aube du vingt et unième siècle, Russie et Turquie ont scellé un partenariat spectaculaire, le rôle de pivot de cette dernière permettant aux producteurs russe, iranien et centre asiatiques d'envisager un accès fructueux à l'Europe occidentale et à la Méditerranée. Mais Erdogan a aussi d'autres visées et son gouvernement travaille à une conquête des marchés africains, dont la Libye serait un comptoir idéal, tant au plan économique que géostratégique. C'est, d'ailleurs, l'objectif similaire de la Russie. Ainsi, s'expliquent les nuages annonciateurs de crises entre Paris et Ankara et si Erdogan attise la colère des foules musulmanes contre les caricatures infâmes du prophète Mohamed (Saaws), appelant au boycott des produits français, c'est, aussi et surtout, en vertu de ces jeux et enjeux que la Méditerranée va devoir prendre en compte.

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