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Face à une situation socio-économique complexe

Les défis du nouveau gouvernement

Sur le plan macro- social, selon le FMI, le taux de chômage incluant la sphère informelle et les emplois rente, devrait atteindre 14,5% en 2021, et 14,9% en 2022, contre 14,2% en 2020.

Cela n'est pas propre à l'Algérie. Le monde traverse une crise inégalée où selon le FMI, la Banque mondiale et l'Ocde, le chômage et l'exclusion sociale tendent à s'étendre au niveau planétaire, touchant surtout les pays les plus vulnérables. Dans un contexte marqué par une incertitude exceptionnelle, avec une dette publique qui explose, (98% du PIB mondial en 2020 contre 84% en 2019), la Covid-19 a alourdi la dette mondiale de 24.000 milliards de dollars en 2020. Selon l'OIT, au total en 2020, on a enregistré des pertes d'emplois sans précédent au niveau mondial dépassant les 114 millions d' emplois avec une extension des emplois précaires. Et l'économie mondiale, selon le FMI, devrait connaître une croissance de 5,5% en 2021, puis de 4,2% en 2022, ne devant revenir au niveau de 2019, qu'en 2022 sous réserve de la maîtrise de l'épidémie de coronavirus. Donc, la gravité de la situation socio-économique n'est pas propre à l'Algérie, mais avec une spécificité, une économie fondamentalement dépendante des hydrocarbures, un taux de croissance faible avec un impact sur le taux de chômage, une baisse importante des réserves de change, l'extension de la sphère informelle et une dépréciation accélérée du dinar qui favorise l'inflation, imposant pour le nouveau gouvernement qui sera mis en place fin juin ou courant juillet 2021 de nombreux défis, loin des promesses utopiques, du fait d'une situation socio-économique complexe.
En attendant son adoption par le Conseil des ministres, pour avoir le texte définitif, sur le plan macro-économique, est prévu dans l'avant-projet de loi de finances complémentaire 2021, que les recettes budgétaires prévues sont de 5331,8 milliards de DA, contre 5 328,2 milliards de DA dans la loi de finances initiale, soit au cours actuel moyen de 130 dinars un dollar, respectivement 41,01 et 41,40 milliards de dollars. La fiscalité pétrolière budgétisée dans l'avant-projet est de 14,82 milliards de dollars (1 927,05 milliards de DA), contre 14,76 milliards de dollars (1919,2 milliards de DA) dans la loi de finances initiale et les ressources ordinaires sont prévues à 26,19 milliards de dollars (3 404,8 milliards de DA) contre 26,22 milliards de dollars (environ 3409 milliards de DA dans la loi initiale 2021. Les dépenses budgétaires sont prévues 66,48 milliards de dollars (8642,7 milliards de DA) contre 62,53 milliards de dollars (8113 milliards de DA) dans la loi initiale. Selon l'avant-projet, les exportations d'hydrocarbures devraient atteindre 23,63 milliards de dollars à la fin de l'année 2021, contre 23,21 milliards de dollars prévus dans la loi de finances initiale. Les importations de biens sont prévues à 30,42 milliards de dollars, contre 30,05 milliards de dollars prévus dans la loi de finances 2021 initiale non inclus les services (appel à l'assistance étrangère) qui ont fluctué pour 2010-2019 entre 10/11 milliards de dollars par an. Avec une coupe de 50%, cela donnerait une sortie de devises de plus de 35 milliards de dollars accroissant les tensions budgétaires et plus de 40 milliards de dollars si l'on relance les projets gelés et si l'on exclut l'endettement extérieur. Les prévisions donnent un déficit budgétaire record de 25,46 milliards de dollars (3 310,8 milliards de DA), contre 21,42 milliards de dollars (2784,8 milliards de DA) dans la loi de finances initiale, représentant respectivement 16,0% et 13,6% du PIB. Quant au déficit du Trésor qui s'aggrave, il est prévu 31,85 milliards de dollars (4 140,4 milliards de DA) contre 27,80 milliards de dollars (3 614,4 milliards de DA) dans la loi de finances initiale, soit respectivement 20% et 17,6% du PIB.
Un PIB en nette diminution
Nous assistons à une dépréciation accélérée du dinar qui est passé d'environ 75/78 dinars un euro entre 2000-2005 et qui est coté du 28 mai au 1er juin 2021 à 133,5129 dinars un dollar (5 dinars un dollar vers les années 1970) et 162,8056 dinars un euro avec un écart d'environ 50% sur le marché parallèle induisant une inflation importée, malgré les restrictions des voyages. Les réserves de change qui tiennent à 70% la cotation du dinar, sont passées de 194 milliards de dollars fin 2013,à 62 fin 202, 42 fin 2021 et qu'en sera-t-il fin 2021 avec toutes les restrictions qui ont paralysé tout l'appareil de production en 2020? Les banques locales dépassent 45% du total de leurs actifs bancaires avec une dette publique totale par rapport au PIB de 63,3%, contre 53,1% en 2020, et la dette publique nette totale représentera 60,5%, contre 50,4% en 2020,mais avec une dette extérieure relativement faible, 3,6% et 5,2% du PIB en 2021 et 2022, contre 2,3% en 2020.
Sur le plan macro- social, selon le FMI, le taux de chômage incluant la sphère informelle et les emplois rente, devrait atteindre 14,5% en 2021, et 14,9% en 2022, contre 14,2% en 2020, ce taux dépassant les 20/30% pour les catégories 20/30 ans et paradoxalement les diplômés. L'inflation qui sera de longue durée, en fonction, des réformes structurelles entre en 2000-2020, selon les données de l'ONS, dépasse, cumulée, 90% et sera supérieure en cumulant l'année 2021 de 100% accroîtra la détérioration du pouvoir d'achat et les revendications sociales. Pour l'Algérie, la population active dépasse 12,5 millions sur
une population totale résidente, 44,7 millions d'habitants au 1er janvier 2021 avec une sphère informelle non soumise aux cotisations, n'étant pas affiliée à le caisse de sécurité sociale et par ricochet ne payant pas d'impôts, servant de soupapes sociales, représentant selon le FMI 33% de la superficie économique, mais plus de 50% hors hydrocarbures, qui contrôle une masse monétaire hors banques, selon les informations données par le président de la République lors de sa conférence de presse, entre 6000 et 10.000 milliards de dinars 30-45% soit au cours de 130 dinars un dollar entre 46,15 et 76,90 milliards de dollars. Le taux de croissance du produit intérieur brut qui détermine le taux d'emplois, est en nette diminution, estimée en 2020 à 160 milliards de dollars et selon le FMI de 153 milliards de dollars pour 2021. Sans oublier les tensions au niveau des caisses de retraite, où selon le ministère du Travail, en date du 8 avril 2021 le déficit financier de la Caisse nationale des retraites (CNR) pourrait atteindre 690 milliards de dinars en 2021, le nombre de retraités dépassant les 3,3 millions, le CNR enregistrant un taux de cotisation de sécurité sociale, estimé à 2,2 travailleurs pour chaque retraité alors que pour un équilibre, le taux de cotisation devrait atteindre cinq travailleurs pour un retraité.
Les exportations hors hydrocarbures dépendront de profondes réformes structurelles. pour avoir des entreprises compétitives en termes de coût/qualité au sein d ‘une économie ouverte avec la baisse des tarifs douaniers. Certes, il faut reconnaître que certaines entreprises font des efforts pour pénétrer le marché international, en valorisant le savoir et la bonne gestion, l'information étant stratégique alors que force est de constater son effritement ce qui rend aléatoire toute prévision L'on doit être réaliste, les exportations d'hydrocarbures resteront encore pour longtemps les principales recettes en devises. Pour une PMI/PME si le projet est lancé en 2021, la rentabilité ne se fera que dans 3 à 4 ans si on lève les contraintes bureaucratiques. Pour les projets hautement capitalistiques, la rentabilité ne se fera que dans 7/8 ans.
Une production pétrolière en baisse
Quant aux exportations en direction de l'Afrique qui ne dépassent pas 3%, il existe une forte concurrence américaine, européenne, chinoise, japonaise et certains pays émergents comme la Turquie et la Corée du Sud pour ne pas parler de certains pays du Golfe qui investissent dans ce continent. Aussi, il sera difficile d'atteindre les exportations algériennes hors hydrocarbures pour 5 milliards de dollars (USD) d'ici fin 2021. Plus de 70% des exportations selon les statistiques douanières sont constituées de semi-produits et le montant réel hors dérivées hydrocarbures ne devrait pas dépasser les 2 milliards de dollars au maximum 2,5.
Cela s'explique par la léthargie de l'appareil de production impacté tant par sa structure passée (le secteur industriel représente moins de 6% du PIB) que par l'épidémie du coronavirus, fonctionnant selon les organisations patronales à peine à 50% de ses capacités, plus de 95% du tissu économique en 2021 étant constitué d'unités personnelles, de petites SARL à gestion familiale selon les données du registre du commerce, peu initiées aux nouvelles technologies et aux commerce international, dépendantes pour plus de 85% des matières premières de l'extérieur. Dans ce cadre, il faut dresser la balance devises c'est-à-dire retirer pour l'ensemble des exportations les matières premières importées en devises ainsi que les différentes exonérations fiscales qui sont un manque à gagner pour le Trésor limitant la fiscalité ordinaire. Aussi, les recettes totales en devises (pas le profit net devant retirer les couts) d'exportation seront un petit plus élevé que prévu dans la loi de finances complémentaire 2021, à environ 26/27 milliards de dollars. Et comme la majorité des exportations relève de Sonatrach, ce montant est fonction du cours du pétrole s'il se maintient entre 60/65 dollars et du gaz (33% des recettes de Sonatrach, le prix sur le marché libre ayant baissé de 70% entre 2008/ mai 2021 passant de 10/12 dollars le MBTU à 2,5-3 dollars).
Efficacité politique
L'on devra tenir compte de la baisse en volume tant du pétrole que du gaz d'environ 20/25% entre 2008-2020, imposant en urgence la publication des décrets d'application de la nouvelle loi des hydrocarbures qui accusent un retard intolérable, et éventuellement d'autres amendements pour tenir compte de la forte concurrence internationale avec le retour de l'Iran et de la Libye sur le marché et dont le modèle de consommation doit s'inscrire dans le cadre de la transition énergétique.
En résumé, «l'idéologie est une chose et l'efficacité de la politique économique en est une autre» (John Maynard Keynes). Aussi, le futur gouvernement avec des moyens financiers limités, sera confronté à une situation socio-économique complexe qui implique un discours de vérité et une mobilisation générale passant par un renouveau culturel et d'une manière générale de la gouvernance politique et économique afin d'éviter la fracture sociale, bien que les transferts sociaux et subventions généralisées, qui représenteront 23,7% du budget général de l'Etat et 9,4% du PIB pour l'exercice 2021, sont intenables dans le temps. Les subventions ciblées intra socioprofessionnelles et inter- régionales doivent être budgétisées annuellement par le Parlement, permettant aux entreprises publiques des comptes transparents. Comme l'a enseigné le fondateur de la statistique moderne Morgenstern qui a, d'ailleurs, à la fin de sa vie, écrit un important ouvrage Comment mentir grâce aux statistiques, il faut que nos responsables évitent les utopies, s'adaptent au nouveau monde afin d'éviter des erreurs de politique économique dont les pertes peuvent se chiffrer en milliards de dollars. Face aux tensions géostratégiques au niveau de la région, des nouvelles mutations planétaires qui imposeront une nouvelle reconfiguration du pouvoir mondial, pour sa stabilité, sa sécurité et son développement, espérons pour notre pays un avenir meilleur et que le nouveau gouvernement soit à la hauteur des nombreux défis qui l'attendent.

De Quoi j'me Mêle

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