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Plan de relance économique

Commençons par Sonatrach et le système financier

De grandes mutations géostratégiques s'annoncent entre 2020-2030-2040, fondées sur la transition numérique et énergétique avec de nouveaux pouvoirs mondiaux par grands espaces géographiques.

L’Algérie a une économie de nature publique avec une gestion administrée centralisée, du fait que les réformes structurelles de fond tardent à se concrétiser sur le terrain, la presque totalité des activités quelle que soit leur nature, y compris, la sphère informelle indirectement, se nourrissent de flux budgétaires, c’est-à-dire que l’essence même du financement est lié à la capacité réelle ou supposée du Trésor. On peut considérer que les conduits d’irrigation, les banques commerciales et d’investissement en Algérie opèrent non plus à partir d’une épargne puisée du marché, éventuellement un reliquat du travail, mais par les avances récurrentes (tirage : réescompte) auprès de la Banque d’Algérie pour les entreprises publiques qui sont ensuite refinancées par le Trésor public sous la forme d’assainissement : rachat des engagements financiers des EPE auprès de la Banque d’Algérie, plusieurs dizaines de milliards de dollars entre 1971-2020 : alors que plus de 70% de ces entreprises sont revenues à la case départ montrant que ce n’est pas une question de capital argent. C’est que la richesse ne peut apparaître que dans le cadre de la transformation du stock de monnaie en stock de capital, et là est toute la problématique du développement. Puisque pour l’Algérie, cette transformation n’est plus dans le champ de l’entreprise, mais se déplace dans le champ institutionnel (répartition de la rente des hydrocarbures), dans cette relation, le système financier algérien est passif. Comme conséquence , le système financier algérien est actuellement dans l’incapacité de s’autonomiser, la sphère financière étant totalement articulée à la sphère publique.
Sans une véritable réforme du système financier, synchronisée avec de profondes réformes institutionnelles, autour d’une véritable décentralisation autour de grands pôles régionaux, il est utopique d’aller vers un développement hors hydrocarbures dans le cadre des valeurs internationales : exemple la léthargie de la direction générale des Domaines, lieu d’enjeux importants, qui a permis à une certaine oligarchie rentière la dilapidation du foncier, plus de 50% des habitations n’ayant pas de titres de propriété : allez demander un livret foncier avec des marchandages que vivent dramatiquement des millions de citoyens confrontés à une bureaucratie néfaste ; imaginez-vous seulement que 5 millions d’unités payent seulement 10000 dinars par an d’impôt du foncier afin d’atténuer le déficit budgétaire. Nous avons le même constat au niveau des banques publiques qui ont octroyé à cette même oligarchie des montants faramineux se chiffrant en centaines de milliards de dinars sans une véritable garantie. Au niveau de la douane, il y a impossibilité d’avoir une traçabilité réelle du coût et de la qualité des produits importés faute d’un tableau de la valeur relié aux réseaux internationaux que j’avais suggéré déjà en 1982, lorsque j’étais haut magistrat, directeur général des études économiques à la Cour des comptes, n’ayant jamais vu le jour car s’attaquant à de puissants intérêts.

Entreprises familiales
Mais le plus grand obstacle au développement, c’est la bureaucratie centrale et locale néfaste, qui enfante la corruption. La majorité des rapports internationaux, donnent des résultats mitigés, sur le climat des affaires en Algérie où le pouvoir bureaucratique décourage les véritables investisseurs, le cadre macro-économique étant stabilisé artificiellement par la rente des hydrocarbures( notre interview le Mondefr /AFP 10/08/2020). Comme le montrent certaines enquêtes de l’ONS, l’économie algérienne est une économie rentière exportant 98% d’hydrocarbures à l’état brut ou semi-brut avec les dérivés et important 75/85% des besoins des entreprises, dont le taux d’intégration, privé et public ne dépasse pas 25/15% . Environ 83% du tissu économique étant représenté par le commerce et les services de très faibles dimensions, le taux de croissance officiel hors hydrocarbures étant artificiel, 80% du PIB via la dépense publique l’étant grâce aux hydrocarbures. Selon les données officielles, plus de 90% des entreprises privées algériennes sont de types familiaux sans aucun management stratégique, et que 85% d’entreprises publiques et privées ne maîtrisent pas les nouvelles technologies et la majorité des segments privés et publics vivent grâce aux marchés publics octroyés par l’Etat. Par ailleurs, l’économie est dominée par la sphère informelle, notamment marchande, elle-même liée à la logique rentière, ce qui explique le peu de transactions au niveau de la Bourse d’Alger.
Quant à la finance islamique comme moyen de financement, qui est de promouvoir l’investissement dans des actifs tangibles, il faut éviter l’utopie représentant 2019, moins de 1% du financement global de l’économie mondiale, encore qu’il faille l’encourager. Le principe de la finance islamique est que les investissements doivent être adossés à des actifs réels, le banquier ne devant pas être seulement prêteur, mais coinvestisseur du projet financé, ses revenus correspondant à une quote-part des résultats issus du projet financé, permettent d’atténuer le risque selon le principe du partage des Pertes et Profit. Sa réussite implique des conditions : une visibilité ,la maîtrise de l’inflation, la stabilité de la cotation du dinar par rapport aux devises euro et dollar notamment.

Déficit budgétaire
En cas de baisse drastique des réserves de change à 10/12 milliards de dollars, la Banque d’Algérie sera contrainte de dévaluer le dinar officiel à environ 200/220 dinars un euro avec une envolée du cours sur le marché parallèle qui fluctue en fonction du taux d’inflation, la cotation actuelle sur ce marché n’étant pas significative du fait de l’épidémie du coronavirus qui limite la demande. Cela limitera forcément les dépôts en banques. Il sera difficile de combler l’écart avec le marché parallèle pour la simple raison que l’allocation de devises pour les ménages est dérisoire (voir notre interview mensuel Capital FR/AFP –France 24-11/08/2020). Ce manque de confiance est accentué par la planche à billets comme moyen de financement, qui a été utilisé dans des pays qui ont une importante structure productive par la relance de la demande globale ce qui n’est pas le cas en Algérie. En effet, pour suppléer au déficit budgétaire, le recours à la planche à billets après l’épuisement du Fonds de stabilisation du pétrole (FRR) pour financer le déficit budgétaire, la Banque centrale a recouru à ce mécanisme de mi-novembre 2017 à avril 2019, ayant mobilisé 55 milliards de dollars, soit l’équivalent de 32 % du PIB de 2018.
Ce financement , outre l‘effet inflationniste, comme au Venezuela, favorise , contrairement à certains discours, la baisse des réserves de change puisque en mettant à la disposition de certaines entreprises des dinars, (70% des matières premières et des équipements des entreprises publiques et privées étant importés, le taux d’intégration ne dépassant pas 15/20%) ces dernières se porteront importatrices en devises en biens et services.
En cette ère dominée par les grands espaces économiques, celle des micro-Etats étant résolue, une Bourse pour 44 millions d’habitants étant une utopie, il serait souhaitable la création d’une Bourse maghrébine, qui devrait s’inscrire dans le cadre de la future Bourse euro-méditerranéenne prévue à l ‘horizon 2020-2025, supposant au préalable la résolution de la distorsion des taux de change. Hélas, en 2020 selon le FMI, le commerce intermaghrébin ne dépasse pas 3% et le commerce intra-africain 15% (voir notre étude IFR Institut français des relations internationales Paris 2011 La coopération Europe Maghreb face aux enjeux géostratégiques). Aucun pays à travers l’histoire ne s’est développé grâce uniquement aux matières premières.
De grandes mutations géostratégiques s’annoncent entre 2020-2030-2040, fondées sur la transition numérique et énergétique avec de nouveaux pouvoirs mondiaux par grands espaces géographiques. Le XXIème siècle sera dominé par l’émergence de réseaux décentralisés, qui remplaceront les relations personnalisées d’Etat à Etat dans le domaine des relations politiques et économiques, le primat de la connaissance qui révolutionnera tout le système économique mondial.

Refondation de l’Etat
Les responsables algériens s’adapteront –ils à ce nouveau monde dynamique en perpétuel mouvement, n’existant pas de modèle statique, ou vivront-ils toujours sur des schémas dépassés des années 1970-1980 conduisant le pays à l’impasse ? La transition d’une économie de rente à une économe hors hydrocarbures, dans le cadre des nouvelles mutations mondiales, suppose un profond réaménagement des structures du pouvoir, nécessitant une restructuration du système partisan loin des aléas de la rente et surtout la dynamisation de la société civile qui, en symbiose avec les Etats et les institutions internationales, jouera un rôle de plus en plus déterminant.. Aussi, le compromis et les objectifs stratégiques des années 2020-2030 devront concilier l’impératif de productivité et la cohérence sociale, les principes d’une société ouverte et le devoir de solidarité, en un mot l’efficacité et l’équité. Mais il ne faut pas être utopique, Sonatrach sera pour longtemps, la principale société pourvoyeuse de devises. D’où l’importance de l’installation du Conseil national de l’énergie, seul organe habilité à tracer la politique énergétique et d’un nouveau management stratégique expliquant l’audit exigé par le président de la République qui devra reposer sur une analyse objective et des propositions concrètes de cette société qui fait vivre la majorité de la population algérienne.
En résumé, il faut éviter toute ambiguïté, l’égalité n’est pas celle du modèle de l963-2019, mais recouvre la nécessité d’une transformation de l’Etat gestionnaire à l’Etat régulateur, par la formulation d’un nouveau contrat social, renvoyant au débat sur la refondation de l’Etat. Évitons toute sinistrose, si certaines conditions sont remplies, à savoir adaptation aux nouvelles mutations mondiales, bonne gouvernance, valorisation du savoir, l’Algérie, forte de ses importantes potentialités, et cela est reconnu par les grandes puissances et plusieurs rapports internationaux de défense/sécurité , 2018-2020, peut asseoir une économie diversifiée et devenir un pays pivot et facteur de stabilité de la région méditerranéenne et africaine.

De Quoi j'me Mêle

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