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Il remonte sur scène à Ibn Zeydoun après 20 ans !

Youss marque son retour avec l’album Wlidi

L’artiste s’est produit devant une large assistance conquise d’avance à sa musique, sa voix et son message nimbés d’émotion et de militantisme.

C’est en présence de sa mère, qui est loin d’être passée inaperçue que l’artiste Youss Intik, de son vrai nom Youcef Seddas s’est produit, jeudi, à la salle Ibn Zeydoun. Un concert bien spécial puisque après plusieurs années d’absence, The Algerian King of  reggae and ragga dancehall est revenu dans son Algérie natale pour y lancer son nouvel album tant attendu, intitulé Wlidi et ce, à l’occasion de cet unique concert-événement ! Un concert qui s’est déroulé à la salle Ibn Zeydoun de l’Office Riadh El Feth - Oref qui a une place très particulière dans le cœur de l’artiste. Et pour cause ! Il y a joué son premier concert il y a déjà 20 ans de çela ! Jeudi, il y est retourné pour y présenter en exclusivité et pour la première fois ce nouvel album, qui sonne d’emblée comme une lettre à son fils, un legs musical à la fois intime et personnel que l’artiste dédie à sa mère, à laquelle il n’a cessé de déclarer son amour, jusqu’à descendre de scène et venir l’embrasser et l’enlacer mais aussi dénoncer les travers du système politique, social et culturel de son pays tels le manque d’éducation, la gabegie ou encore le mauvais traitement dont fait l’objet souvent l’artiste en Algérie. Un témoignage vivant pour son fils et à tous les enfants du pays. D’ailleurs, jamais un artiste n’aurait été aussi espiègle, tel un gamin attendrissant, face à sa mère, à 40 ans passés ! C’était juste magnifique et sincère à voir. Généreux, affable, drôle et affectueux mais résolument engagé, Youss s’est donné à fond sur scène, entouré qu’il était de sa bande de musiciens, devant une assistance conquise d’avance, au jeu, à la voix et au message de l’artiste. Un public composé de ses fans, amis et familles qui lui ont réservé un très bel accueil à la hauteur de ce monstre sacré du reggae. Un homme à la fois humble et talentueux. «Un homme du peuple et du monde», comme le soulignera à juste titre un internaute sur sa page facebook.

« Yema N’habek ! »
L’artiste entamera d’ailleurs son tour de chant par ce constat que l’éducation est la clé de l’avenir, en invitant les gens à regarder autour de soi, affirmant que le pays est riche de ses trésors et de sa jeunesse. Il enchaînera par un titre invitant à l’unité et à l’amour entre nous. Il remerciera aussi le public d’être là. Et puis d’annoncer ce «morceau personnel» pour lequel il a mis 13 ans pour l’écrire. Un très beau morceau d’ailleurs, dédié à son père où la voix saoul finissait par une pointe de rap à la Shurkin. Place à un titre à l’intro chaâbi, au relent nostalgique qui appelle au retour de la raison et de la sagesse chez les gens.
Al Amor est le titre qui lui succédera. Un joli morceau sur l’amour et ses aléas. Et de remercier encore le public qui participe à l’édifice de la société par la «révolution culturelle et artistique». Et de confier : «Nous avons tous une histoire à régler avec notre passé.» Et Youss de rendre hommage à feu Hachemi Guerouabi en interprétant El mahi rani ghlart babou ou qdit alih». Place cette fois à un morceau qui dénonce la situation de l’industrie musicale aujourd’hui qui est beaucoup plus caractérisée par «la société de consommation» mettant en péril les vrais artistes, qui sont remplacés par «des artistes en plastique». Et d’annoncer : «Mon album sera en téléchargement gratuit à partir de ce soir. Je pense que la musique doit être gratuite pour tout le monde. Il ne faut pas forcément avoir les moyens pour pouvoir écouter de la musique. Nous, autres les artistes aujourd’hui on ne gagne plus notre vie sur la vente des CD. On gagne notre vie sur les droits d’auteur. Donc la musique il faut qu’elle soit accessible à tout le monde !».

Flow chaâbi métissé
Youss enchaîne avec un morceau saoul intitulé Appelle moi Yous où il rend une sorte d’hommage à la belle époque de James Brown. Un morceau bien entraînant rehaussé du son du saxophone et d’un bon flow rap. Et d’avouer : «Ma mère est une vraie source d’inspiration. Elle connaît tellement de proverbes et de dictons que je m’en suis inspiré pour écrire cet album.» Place à un autre titre au relent chaâbi nostalgique, intitulé Li hab ezine. Youss descend embrasser sa mère avant d’entamer un morceau inspiré de la fameuse chanson reggae de Bob Marley, Crazy baldheads. Chanté en arabe, Youss évoque là encore la société et ses maux. Et d’inviter le public à chanter avec lui «Va dire à ta mère, va dire à ton père...». Youss entonne «qu’est ce qui cloche chez nous à vouloir tout le temps monter les uns contre les autres ?». Le bas de la scène Ibn Zeydoun est déjà rempli de quelques jeunes gens venus se trémousser gaiement. Youss est accompagné à cet instant par un autre artiste, alias Zinou qui viendra sur scène dire beaucoup de bien de lui en affirmant «c’est ça les artistes qui résistent avec leur art !». Pour clôturer la soirée Youss interprète son fameux morceau Ara garo. Il est «bissé» à la fin du concert. Youss revient accompagné de ses musiciens pour jouer à nouveau un morceau au rythme «alaoui» pour finir la soirée en beauté, invitant les gens à danser et à se lâcher encore plus ! Une soirée qui se termine en effet dans la joie et la bonne humeur.

Qui est Youss ?
Youss Intik, de son vrai nom Youcef Seddas, est considéré comme l’ambassadeur du reggae hip- hop algérien. Auteur-compositeur, interprète, mais aussi sound designer. Petit flashback souvenir ! Découvert en France par Imhotep d’IAM dans les années 90, alors que le groupe Intik, dont il est le leader, est déjà un mythe de la scène underground algéroise, Youss est invité au festival Logique hip- hop à Marseille, et tourne dans l’Hexagone où il participe aux freestyles et aux concerts «Stop la Violence». Youss multiplie alors les rencontres avec des artistes de renom qui découvrent son style percutant. Sa bio raconte que Joey Starr de NTM remixe son premier morceau, puis très vite, un premier album éponyme signé chez Sony/Columbia est accueilli avec enthousiasme par le public et la critique. Sur le second opus La victoire, Youss travaille avec des artistes reconnus: Alsoprodby du Saïan Supa Crew, Tyrone Downie, l’ex-membre des Wailers qui a été clavier de Marley, de Peter Tosh et de toute une génération d’artistes jamaïcains, ou encore Tim Saul de Portishead... Déjà une légende à Alger dans les milieux hip-hop depuis une dizaine d’années, devenu une référence en France, Youss entame une carrière solo après son passage brillant au sein du groupe Intik, dont il était l’âme : il écrit une cinquantaine de titres, sort deux albums solos à Alger, dont N’rouh un chef-d’œuvre, et boucle actuellement un troisième projet en France. Son retour sur scène confirme son style décliné en des textes puissants, lâchés sur une musique riche en sonorités, entre basse, guitare et mandole, percussion et autres instruments lascifs qui insufflent du caractère à ses chansons nimbées d’émotion. De la poésie accessible pour tous qui dit l’amour mais témoigne encore du grand esprit militant dont est affublé l’artiste depuis des années et qui n’est pas près de partir. Un art incontestablement affûté qui signe résolument l’identité musicale de l’artiste qui marie avec brio le reggae avec les sons algériens non sans une certaine teinte de mélancolie qui est loin de le desservir. Bien au contraire ! Une profondeur artistique qui se bonifie comme un bon vin».

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