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24ème Salon international du livre d'Alger : Youcef merahi (ecrivain)

«Tahar Djaout est un intellectuel pluriel»

Le stand des éditions «Tafat» au pavillon central propose deux nouveaux livres sur le poète et romancier assassiné, Tahar Djaout. L'auteur de ces deux ouvrages n'est autre que Youcef Merahi. Dans cet entretien, il nous parle de Tahar Djaout et des livres consacrés à l'enfant d'Oulkhou (Azeffoun).

L’Expression : Peut-on savoir comment est née l’idée de ces deux ouvrages sur Tahar Djaout ?
Youcef Merahi : C’est simplement dans un souci de perpétuer le souvenir de Tahar Djaout. De dire son message. J’ai ainsi fait appel à ceux qui l’ont connu pour dire « leur » Tahar ; puis, j’ai fait appel à des universitaires pour relire son œuvre. De plus, je voudrais dire qu’on n’a jamais fini de parler de cet écrivain ; car il a été talentueux dans sa poésie et ses romans, comme il a été un journaliste/intellectuel à la pointe dans la recherche de la vérité.

Comment s’est effectué le choix des auteurs qui ont participé à l’ouvrage collectif sur Tahar Djaout ?
Comme dit précédemment, j’ai d’abord fait appel à ses amis, comme Hamid Tibouchi ou Abrous Outoudert ; ceux-là l’ont vraiment approché, connu et apprécié, pour ne pas dire qu’il y avait une certaine complicité entre eux. Parmi les universitaires, j’en ai choisi deux, qui ont travaillé sur l’œuvre de Djaout, dont l’un a consacré sa thèse de doctorat à cet écrivain. J’ai choisi Menad M’barek, cinéaste, qui a fait un film sur un texte de Djaout. J’ai choisi également Mouloud Achour qui l’a vu démarrer à El Moudjahid culturel. Et d’autres, bien sûr! Je regrette que certains aient loupé le rendez-vous, bien qu’ils aient donné leur accord de principe. Enfin, l’ouvrage collectif est là, c’est ce qui compte !

Quels sont les aspects et les facettes de Tahar Djaout qui ont été décortiqués dans ce livre ?
On retrouve Tahar Djaout dans son entièreté. Dans son rapport à l’histoire. Dans sa quête de l’enfance. Dans ses questions à la société algérienne. Et dans sa prémonition dans le devenir d’une religion qui a été sortie de son humanité. Et sa tolérance. Puis, il y a certains auteurs qui ont adressé comme un message d’amour au regretté Tahar Djaout. Je pense que cet ouvrage peut saisir l’architecture de l’œuvre de cet écrivain.

Vous, en tant qu’écrivain et poète, quelle est la facette de Tahar Djaout qui prend le dessus sur les autres : le romancier, le poète ou le journaliste ?
Tahar Djaout est un intellectuel pluriel, à la manière d’un Mouloud Mammeri. Je ne peux pas distinguer le romancier du poète, le journaliste du nouvelliste. Il faut remarquer que, souvent, Djaout est poète dans ses romans ; comme on retrouve des pans entiers de ses reportages journalistiques dans ses textes romanesques ; je crois qu’il y a une imbrication de fond dans ses différentes interventions. Les références à la nature, à la mer, à la montagne qu’il fait dans certains de ses romans comme L’invention du désert font que le poète ressort sans forcer, car Tahar Djaout est poète fondamentalement. Il faut relire son recueil de nouvelles, Les rets de l’oiseleur, pour saisir la force poétique et la profondeur du sens, pour comprendre que Djaout est un tout qu’on ne peut dissocier.

Assassiné à 39 ans, donc très jeune. D’après vous si le destin n’avait pas été aussi cruel,Tahar Djaout, compte tenu de son talent, quel stature d’écrivain aurait-il pu avoir à plus de 60 ans ?
Vaste question ! En Djaout, on a assassiné l’entière humanité ! Si le crime n’a pas été commis, Djaout aurait été un écrivain mondialement connu et reconnu.
Il était parti, compte tenu de son talent, pour bâtir une œuvre universelle qui aurait, j’en suis convaincu, récolté les lauriers de ses pairs, à l’échelle universelle. En 91, il a été lauréat du prix Méditerranée.
La suite aurait pu être merveilleuse pour cet être de lumière, n’eût été la main criminelle. La fable du poète et du tôlier a fait, malheureusement, son œuvre macabre. Et Tahar Djaout repose, désormais, sur une colline (un peu comme celle de Mammeri), qui dégringole allégrement vers les caresses de la mer.

Pourquoi de tous les écrivains et poètes algériens, avez-vous opté pour Tahar Djaout. On peut penser notamment à Djamel Amrani, dont vous êtes très particulièrement marqué ou un autre grand auteur vivant ou ayant disparu ?
J’ai d’abord commis deux livres d’entretien, l’un avec Yasmina Khadra, et l’autre avec Anouar Benmalek. J’avais comme ambition de faire parler Boualem Sansal qui m’avait donné son accord, mais allez coincer cet auteur. Puis, après avoir édité deux ouvrages sur Djaout, j’ai eu l’idée de cet ouvrage collectif.
Maintenant que ce livre est édité, j’ambitionne de faire le même travail sur Djamel Amrani et Hamid Nacer-Khodja. Les contacts ont été déjà pris ; il est difficile de réunir une somme de voix autour d’un auteur ; un fil d’Ariane doit les réunir. Je pense réussir mon pari pour l’année 2020. Enfin, j’ambitionne de faire un livre collectif sur ma ville natale, Tizi Ouzou.

Un dernier mot, peut-être…
Je donne rendez-vous, aux amoureux de l’œuvre de Tahar Djaout, samedi 9 novembre, au Sila, au stand Tafat, au pavillon central à 14 heures, pour une séance de signature, de deux ouvrages sur Tahar Djaout.

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