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La vie en livres

Les femmes des présidents algériens

Elles sont invisibles, des ombres parmi les om-bres, des fantômes dont on entendait parler que pour leur prêter une influence démesurée. Commençons par Ahmed Ben Bella. Célibataire endurci, il ne se mariera qu’à la soixantaine avec Zhor Sellami, une jeune journaliste, belle, intelligente et moderne. Elle ne le prisait guère au départ. Il était à l’opposé de ses idées de femme libre et émancipée. De même qu’elle ne prisa guère Boumediene qui voulait la connaître pour éventuellement demander sa main. Leur face-à-face, selon Elaine Mokhtefi, fut glacial. Elle eut l’impression d’être devant un vampire. Et lui a eu sans aucun doute l’impression d’être devant une vamp. Avec Ben Bella qui la dépassait d’une trentaine d’années, ce fut différent, la pasionaria eut le coup de foudre pour le vieux lutteur prisonnier.
Et comme dans une romance hollywoodienne, lui aussi succomba à son charme. Il faut dire qu’elle était pire que belle, elle était pétillante. Moudjahida avec des idées progressistes, elle fut convertie à la rigueur islamique par son époux. Evidemment qu’elle ne fut pas islamiste, lui non plus d’ailleurs. Mais il flirtait avec cette mouvance tant son intransigeance sur le dogme était connue.
Elle mourut avant lui, à 67 ans. Tableau émouvant que de voir ce guerrier endurci, ce presque centenaire, pleurer sur la femme qui a accepté délibérément de partager sa réclusion.
On connaît la femme de Boumediene, la sémillante Anissa el Mansali, issue de la grande bourgeoisie algéroise.
Avocate de formation, elle épousa l’austère président algérien en 1973.
Elle était aussi citadine qu’il était campagnard, aussi francophone qu’il était arabophone, aussi moderne qu’il était conservateur. Se sont-ils aimés ? N’écoutons pas les bruits des coulisses qui disent tout et son contraire, retenons simplement que le couple avait fière allure. Un président qui portait beau avec une épouse élégante, urbaine, au savoir-vivre et savoir-faire d’une Algéroise raffinée. A-t-elle eu de l’influence sur lui ? On ne sait. Un ancien ministre de l’Enseignement supérieur a confié un jour que Boumediene a contacté le recteur de la faculté où son épouse étudiait les Lettres. Elle avait eu une note éliminatoire dans un module. A-t-il fait pression sur le recteur. L’ex-ministre jure qu’il n’a rien demandé hormis de connaître le pourquoi du comment.
Il marqua une pause avant d’ajouter : « Mais bon, par respect pour le président, le recteur biffa le zéro et lui donna un 1. » Le président n’a rien dit. Mais le recteur a tout compris.
Quant à Chadli, son épouse Halima Bourokba fut, dans un certain sens, très populaire à cause de l’influence qu’on lui prêtait. Fille de la bourgeoisie mostaganémoise, cette femme belle et instruite (elle était surveillante dans un lycée) apporta de la douceur et de la culture dans le monde politique de brutes de son mari. On disait d’elle qu’elle était d’un grand raffinement. Et d’une grande amabilité. Notons que la première épouse de Chadli était originaire de Tarf, cousine de l’ex-ministre Boudjema Talai et mère de Toufik. Elle est décédée il y a deux ans. Boudiaf n’est pas resté assez longtemps hélas, au pouvoir pour que le peuple algérien puisse connaître son épouse, Fatiha, militante, originaire de l’Oranie. Quant à Abdelaziz Bouteflika qui a duré le plus longtemps au pouvoir, il n’a pas eu de première dame.
Il se suffisait à lui-même. Certains parlent d’un blocage dû à la présence dominante de sa mère qu’il chérissait au-delà de tout. L’explication vaut ce qu’elle vaut. Elle nous paraît, cependant, assez courte.
Dans le Monde arabe et musulman où le mariage est pourtant recommandé par le Prophète (Qsssl), Bouteflika demeure l’exception. Et ce n’est pas la seule.

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