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Leila Touchi, comédienne, à L’Expression

«Le théâtre de rue c’est magique !»

Elle a décidé de faire ça toute sa vie, jusqu’au jour où elle mourra, nous a-t-elle confié les yeux pleins d’étoiles. Le théâtre de rue c’est toute sa vie, sa passion, même si elle fait du cinéma à côté, quand l’occasion se présente à elle. Et même si les rôles ne pleuvent pas, Leila Touchi n’est pas insatisfaite pour autant. Car en attendant, elle occupe son temps et son énergie à faire du théâtre de rue, quand elle ne donne pas des cours ou n’enseigne pas ses rudiments aux enfants en vue de transmettre ce qu’elle aime le plus dans la vie, aux autres, ce qui la comble de bonheur. Et c’est tout à son honneur…

L’Expression : Comment avez-vous été amenée à faire du théâtre de rue, un domaine pas très courant en Algérie ? Même si on a cette culture de la halqa, du goual, mais pour une femme on va dire ce n’est pas nouveau certes, mais assez particulier…
Leila Touchi : Je suis une personne qui adore le théâtre depuis mon enfance ; j’ai fait des études de théâtre. J’ai commencé à travailler au Théâtre national. A la télé je suis comédienne, actrice, mais le théâtre de rue je l’ai aimé quand je regardais ça à la télé, quand j’étais petite. J’ai vu qu’on y faisait dans les métros, des spectacles un peu partout. J’adorai ça. Mais je n’ai pas osé en faire. Une fois j’ai vu une annonce sur facebook , c’était la comédienne Adila Bendimerad qui proposait de donner des cours autour de l’initiation au théâtre de rue. C’était en 2010. Je me suis dit que c’était ma chance. Il fallait que je la saisisse. On a fait deux semaines d’atelier. C’est là où j’ai découvert ce qu’est le théâtre de rue. On a joué un spectacle à Alger-Centre et c’était magnifique. Là, j’ai découvert un nouveau spectateur. Un nouveau public. C’est différent d’un public averti qui vient sur invitation. Ce n’est pas un public averti qui a une invitation ou qui vient avec un ticket à la main. Là c’est le contraire, c’est nous qui allons vers ce public et on lui fait la surprise. Pour moi, les gens qui vont au théâtre, ce sont des gens forcément cultivés. Quand on sort dans la rue c’est un autre monde.

Comment l’avez-vous apprivoisé donc ? Avez-vous fait une formation dans ce sens ?
Oui, j’ai fait des études de base, de théâtre à l’institut central de l’actorat et de la danse. Le conservatoire d’Alger. Le théâtre de rue, c’était magique pour moi, il fallait que je le fasse. J’ai décidé de jouer dans la rue jusqu à ce que je meurs. Parce que franchement, c’est un sentiment unique différent de la scène. J’adore la scène, le public du théâtre, mais j’adore aussi faire plaisir aux gens. Il y a des gens qui ne connaissent pas le théâtre, qui n’ont jamais fréquenté de théâtre.

Quelles sont les histoires que vous aimez raconter ou les thèmes qui vous poussent à faire ça dans la rue? Que vous aimez aborder ?
Ce qui me pousse à aimer le théâtre de rue c’est tout simplement le fait d’être libre, dans un espace libre. Tu n’as pas de contraintes, la pression de l’administration, dans ce sens l’artiste est libre. Cependant, parlant de sujets que je voudrais aborder, je pense qu’on n’est pas encore arrivé là. On est encore attaché à des tabous ; déjà sur scène et dans la rue c’est encore pire. On doit faire attention encore plus, car on a affaire à des gens qui peut-être ne connaissent pas du tout le théâtre. Jusque-là, on a travaillé sur des sujets dont on avait envie, de façon aussi à les attirer pour qu’ils acceptent aussi le fait qu’une femme joue dans la rue. Des sujets comme dans « El Harez », une chanson chaâbie que tout le monde adore et un texte tiré du patrimoine, que tout le monde connaît. Les gens ont adoré le spectacle, les grands comme les petits. Même si peut-être les gens ne connaissaient pas vraiment son histoire.

On a l’impression que le théâtre de rue s’adresse beaucoup plus aux enfants, du moins dans l’inconscient des gens. Non ? Parce que vous racontez beaucoup de contes …
Oui. Mais jadis le conte ne s’adressait pas justement qu’ aux enfants. Le théâtre d’el halqa s’adressait également aux adultes. C’est vrai qu’il n’y avait pas de femmes, c’était beaucoup plus des hommes dans le marché qui venaient jouer la halqa. A propos, je voudrai te raconter une anecdote. Quand j’avais commencé à faire du théâtre, j’emmenais parfois ma grand-mère pour voir mes spectacles au TNA. Elle me félicitait, mais sans plus. La première fois que j’ai joué dans la rue, elle m’a dit que c’est ça le vrai théâtre. Cela m’a intrigué, alors j’ai voulu savoir comment connaissait-elle le théâtre de rue et je lui ai posé la question. J’ai appris que feu mon oncle, que je n’ai jamais connu faisait du théâtre de rue, au marché de Fouka où j’habite.

Vous avez hérité de cela sans le savoir…
Je ne me souviens pas du tout de lui. Même quand j’ai grandi et j’ai commencé à faire du théâtre, personne ne m’en avait parlé . J’ai fait de la musique, le conservatoire, personne ne m’en parlait car pour les autres ce n’était pas ça le théâtre, sauf pour ma grand-mère. Cela m’a vraiment touché.

Et le cinéma dans tout ça ?
J’ai joué dans « Kindil el bahr » de Damien Ounouri et dans le film « Cinéma chkoupi » de Bahia Allouache, qui n’est jamais sorti en Algérie, la preuve de ce que je disais … l’artiste en Algérie reste encore ligoté hélas ! c’est effectivement triste qu’un comédien de théâtre ne puisse pas trop travailler au cinéma, mais en même temps je suis fière de ma carrière. J’ai travaillé beaucoup plus dans le théâtre et pour moi c’est une école.

C’est pour cela que vous préfèrez faire du théâtre de rue, c’est moins coûteux et plus chaleureux, moins dangereux en quelque sorte ?
Il y a de cela en effet et en plus il ne demande pas beaucoup d’argent. Avec peu de moyens on a fait des spectacles. Je suis partie même à l’étranger où j’ai joué dans des festivals dont celui d’Aurillac et je suis partie faire une formation au festival d’Avignon. J’insiste sur le théâtre de rue pour une chose. Tu vois, quand chacun d’entre nous possède enfoui en lui quelque chose qu’il veut absolument garder pour la protéger des gens, eh bien, le théâtre, l’art en général c’est tellement précieux, sauf que c’est la seule chose qu’on ne doit pas cacher. On doit la montrer aux gens.

C’est beau ce que vous dites là.
C’est ma façon de voir les choses …

Des projets alors quand même au cinéma, ça nous manque aussi sur le grand écran ?
A la télé, on voit ces derniers temps des têtes de mannequins, j’ai rien contre, j’assiste à leur défilé, mais je pense qu’on a besoin aussi de nous, les comédiennes qui sachent bien interpeller des personnages… pour le cinéma, je peux vous annoncer d’ores et déjà que je vais jouer prochainement dans le film La dernière reine de Damien Ounouri, sur un scénario écrit par Adila Bendimerad. J’ai été auditionnée cette semaine pour vous dire et j’ai été retenue ?

D’autres projets en perspective ? Sinon pouvez-vous nous parler de votre actualité s’il y a lieu ?
J’ai créé ma coopérative culturelle qui s’appelle « Mass Art » (parcours) en arabe et une masse d’art en français. L’inauguration de cette coopération s’est soldée par la création d’une coproduction avec le théâtre d’Oran. Il s’agit du spectacle El Nadji, sur une mise en scène de Adila Bendimerad avec la comédienne Massilia. Ça a été joué notamment pendant le festival Raconte-Art. Sinon j’enseigne le théâtre dans une école privée. Je n’ai pas eu beaucoup de temps pour jouer. Je voulais faire jouer d’autres personnes que moi-même. On voudrait que cela se propage partout dans toutes les villes. Sinon, j’étais en répétition pendant tout le mois de juillet à la villa Abdeltif, dans le cadre du projet Maaen. On a préparé une performance qui s’intitule « Passation ».

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