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24ème Salon international du livre d'Alger : Ahmed lagraâ (écrivain)

«Le Sila se tient dans une phase historique»

L’écrivain Ahmed Lagraâ est l’auteur de plusieurs livres ayant trait à divers thèmes, principalement à la guerre d’indépendance, à la condition de la femme au Sud, la vie de la communauté algérienne à l’étranger et l’évolution sociétale. Dans cet entretien, Ahmed Lagraâ parle de ses livres, de l’importance du Sila, de la lecture, de la guerre d’indépendance et des origines.

L’Expression : Pouvez-vous nous donner un aperçu sur votre parcours d’écrivain ?
Ahmed Lagraâ : J’ai débuté par deux ouvrages sur la lutte de Libération nationale dans le Sud-Ouest, région à la fois stratégique et méconnue, surtout au plan historique, parce que la résistance a été farouche à partir des Hauts-Plateaux où les Berbères autochtones et les Arabes se sont unis pour affronter ensemble la colonisation. Pour vous citer au moins deux dates : les Français sont arrivés à Béchar un lundi
12 novembre 1903 et Tindouf, le 31 juillet 1934. Donc, c’est tardivement par rapport aux autres régions du pays, Biskra en 1873, Laghouat en 1852. Un déplacement inopiné à Béchar m’a permis de constater avec intérêt avoir honorer la mémoire d’authentiques moudjahidine. Mais voilà que deux autres grands de la révolution, l’un officier de la glorieuse ALN et l’autre, responsable politique, chef de l’Ocfln, le civil le plus élevé dans la hiérarchie révolutionnaire. Disons-le, je fus révolté par cette omission. Pour le premier, j’ai saisi par écrit l’autorité locale, quant au second, j’ai décidé de lui consacrer un ouvrage pour l’ostracisme qui l’entoure et le sortir de l’amnésie qui semblait l’enterrer à jamais. Deux raisons à cela : parce que j’avais les archives de la révolution et que je fus son secrétaire permanent depuis pratiquement octobre 1959. Ensuite, je me suis dit, il vaut mieux relater de mon vivant les évènements survenus dans la région pendant la colonisation, sait-on jamais ? C’est le thème de mon second ouvrage : Du passé tumultueux au misérable avenir, un ouvrage avec des repères historiques, géographiques, sociologiques, cultuels et culturels.

Par la suite, vous avez abordé d’autres sujets dans vos livres ?
Oui, l’idée m’est venue de me consacrer à informer l’opinion algérienne sur des thèmes comme la condition de la femme au Sud, Le destin tragique de Fatna, le défi de l’amour, sociétal comme Quand l’ignorance gère l’intelligence, et l’émigration, L’illusion paradisiaque de l’exil. Enfin, pour votre utile information, 11 ouvrages sont à la recherche d’éditeurs, sur du vécu basé sur mon parcours étatique de 43 années de bons et loyaux services à l’Etat de 1964 à 2007.

Comment effectuez-vous les choix des thèmes à aborder dans vos ouvrages généralement ?
Mon souhait, c’est de faire partager les histoires vécues, pour éventuellement en tirer les conséquences qui s’imposent. C’est pourquoi les thèmes favoris sont «la condition de la femme au Sud, la vie de notre communauté nationale à l’étranger et l’évolution sociétale». Tous les thèmes abordés sont authentiques, tirés de mon parcours professionnel.

Vous êtes un fidèle du Salon international du livre d’Alger, quelle est votre impression par rapport à cette 24ème édition?
Tout d’abord, ce salon se tient au cours d’une phase historique très sensible par rapport au destin du pays et du peuple. Ceci dit, j’ai toujours attendu avec impatience la tenue du Sila. C’est là où l’on rencontre, écrivains et éditeurs, la rencontre avec le public, parfois pour se faire connaître, souvent on a l’agréable joie de croiser un lecteur qui a lu votre ouvrage, et cela, c’est l’immense bonheur. S’informer sur la publication de nouveaux ouvrages, échanger des idées avec des écrivains. En tout cas, en ce qui me concerne, je n’ai aucune notion du temps lorsque je me trouve au Sila. Quant à mon impression, elle est peut-être nuancée par rapport à la conjoncture particulière que traverse actuellement l’Algérie.

Vous écrivez des livres, mais aussi des contributions dans la presse écrite, quelle est la différence entre les deux genres ?
Les deux situations sont différentes. Mon intervention par les contributions dans la presse écrite, essentiellement dans le quotidien, L’Expression il s’agit d’un sujet d’actualité auquel on apporte un élément, une information historique pour comprendre les tenants et aboutissants de la question d’actualité, émettre un point de vue ou suggestion à même d’apporter une quelconque compréhension su sujet traité. Ma carrière de diplomate m’a initié à cet exercice. La contribution est brève, mais précise.

Dans une partie de vos livres, vous parlez beaucoup de votre région Béchar, pouvez-vous nous donner un aperçu de cet intérêt à cette localité du Sud algérien?
D’abord, je suis natif de Béchar. Mon aïeul Ziad est arrivé en 1382 à Arbaouat, en plein centre géographique de l’Algérie actuelle. La famille Lagraâ a quitté cette région en 1928, à la suite du décès de mon grand-père car ruiné du fait de l’assistance apportée aux différentes résistances, notamment celle de cheikh Bouamama, dont mon père porte le prénom. Nous avons été bien accueillis par les Bécharis. L’hospitalité dans cette région est innée. Quitte à me répéter, l’histoire de la région est souvent méconnue du grand public, des faits historiques comme l’arrivée des Français un lundi 12 novembre 1903, à Adrar, le 31 mars 1934 et à Tindouf, le 31 juillet 1934. Mais cette arrivée tardive dans cette région par rapport au reste du pays trouve son explication dans la résistance populaire à partir des Hauts-Plateaux, El Bayadh, 535 km. C’est la première fois que les Berbères et les tribus arabes s’allièrent pour affronter ensemble la colonisation. Enfin, la colonisation s’est faite comme dans le Far West en Amérique, car pour chaque km de gagné, la colonisation posait le rail destiné essentiellement au transport des troupes d’occupation, puisque Béchar a été relié au chemin de fer du Nord, (Mohammedia, ex-Perrégaux), le 15 octobre 1905.

Dans le cadre de vos activités de conférencier, vous avez participé à un colloque organisé par le Haut Commissariat à l’amazighité et vous avez parlé du Sahara, ce creuset des civilisations amazighes, pouvez-vous nous évoquer brièvement ce sujet?
Puis-je vous féliciter de m’avoir rappelé un moment essentiel de l’histoire de notre pays ? Il faut préciser qu’il s’agissait d’un colloque international. Nous étions deux de la région: moi de Béchar et le frère Bouri de Kénadza à exposer son thème en anglais. Ceci dit, je fus à un moment donné de l’histoire, l’unique diplomate en poste à l’étranger qui a refusé publiquement de signer une résolution condamnant le printemps berbère parrainée par le Parti unique, le FLN. Puis, au cours d’une vente-dédicace au Sila de Merahi Youcef, alors responsable au sein du HCA, mon ouvrage : La Saoura, Béchar, du tumultueux passé au misérable avenir, l’avait intéressé par son contenu sociologique et il m’invita à faire une conférence sur le sujet. Il faut préciser que à l’ouverture du colloque, l’honneur m’a été fait, d’être le premier modérateur, ayant présidé à l’ouverture de cet exceptionnel évènement.

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