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24ème Salon international du livre d'Alger : Tarik Djerroud (romancier et essayiste)

«La laïcité ne rime pas avec athéisme»

Rencontré au stand des éditions Tafat, où sont exposés tous ses livres, Tarik Djerroud, écrivain, romancier et éditeur, nous a accordé cet entretien où il évoque son dernier livre : un essai intitulé : Chère laïcité.

L’Expression : Un livre sur la laïcité en ce moment, est-ce vraiment un sujet qui pourrait intéresser le lecteur algérien d’après vous ?
Tarik Djerroud : Publier un livre a toujours été une aventure : il y a des livres commerciaux, il y a des livres de vulgarisation et de combat. Ceci dit, la laïcité est une valeur centrale dans la construction d’une vie démocratique et apaisée.
Si le lecteur algérien paraît désintéressé, cela s’impose comme une motivation de plus pour aller à sa rencontre, à débattre avec lui, lever le voile sur des zones d’ombre afin de mieux expliciter sa profondeur, sa richesse et ses vertus.

Le débat sur certains sujets, dans notre pays, relève toujours du domaine du tabou comme la diversité religieuse, la sexualité, la laïcité… pourquoi d’après-vous ; malgré le progrès relatif réalisé par la société algérienne, cette dernière demeure rigide quand il s’agit de ces sujets ?
Votre question est pertinente.
La société réelle est diverse, et montre quotidiennement son impatience à vivre en toute liberté. Le problème est ce canevas idéologique et ce moule encombré de traditions rétrogrades qui mettent la société dans une prison cadenassé par un arsenal juridique assez coriace. L’école et les médias n’ont pas contribué à émanciper les Algériens, d’où ce désir de « partir ailleurs » pour respirer l’air de la liberté. La dent dure de la société envers la diversité religieuse, sexuelle et les sujets intellectuels reflète une incapacité à se poser les bonnes questions et y répondre avec précision, avec respect et loyauté. L’immobilisme est aussi le fait de l’hypocrisie des politiques et de la lâcheté des élites.

Une partie des Algériens confond laïcité et athéisme, pourquoi cette confusion ?
Historiquement, ce sont des libres-penseurs qui ont mené le combat contre le fanatisme.
De Bruno Giordano brûlé à Rome à Katia Bengana égorgée à Meftah, le fanatisme religieux sévissait au nom de la justice et dressait de sa victime le portrait d’un athée qui mérite le trépas. Rapidement, ceux qui défendent la tolérance religieuse sont assimilés à des ennemis de la religion, une idée qui perdure jusqu’à nos jours.
Ainsi, le raccourci laïcité et athéisme fait recette et cette paire enflamme les esprits par trop fermés. Pour en sortir, le religieux doit s’intéresser intelligemment à cette question, en protégeant sa liberté de croyant des manipulations politiques, en tout lieu, en tout temps.

Après un parcours riche dans l’écriture romanesque, vous êtes passé à un autre genre depuis votre avant-dernier livre. Pourquoi ce changement de cap ?
L’écriture est un art à part. Un champ de liberté. Un espace d’expression. Aussi, chaque thème peut s’aborder de mille et une façons : selon les outils, et la méthodologie à suivre. Passer du roman à l’essai est un choix subjectif dont l’essentiel que je veux retenir est la réussite de l’ouvrage dont le lecteur est le seul garant.

Vous êtes écrivain et éditeur en même temps, cette double casquette est-elle facilement supportable et gérable ?
Avant tout, je suis un lecteur famélique. Si les circonstances ont fait de moi auteur et éditeur c’est, me semble-t-il, ma façon d’être libre et d’ouvrir ainsi les portes de Tafat éditions aux plumes passionnées. Cette double casquette est difficile non par manque de volonté ou de passion, mais pour des raisons liés au secteur du livre où pullulent les imposteurs.

Avec la baisse de la lecture dans notre pays, un livre peut-il vraiment contribuer à changer les choses dans un pays où dans la majorité des cas, le tirage d’un livre ne dépasse pas les 1000 exemplaires ?
Nous savons que les Algériens ne lisent pas autant que les autres peuples. Mais qu’a-t-on fait pour leur faire aimer les livres ? Ni l’école ni la télé ni les journaux ne consacrent assez de temps pour les hommes de culture en général et les plumitifs en particulier. Un livre ne peut pas changer un pays, mais contribue secrètement au changement : à ce propos, il suffit de remarquer combien les dictateurs s’acharnent sur les journalistes et les écrivains pour comprendre à quel point ceux qui manient la plume peuvent être influents !

Quels sont les écrivains qui constituent pour vous des références, algériens ou autres ?
Chaque écrivain est un monde à lui seul, dont chaque livre constitue une porte d’entrée. La référence pour moi n’a pas de nom, mais un style, une liberté de ton, une générosité intellectuelle, une proximité humaine c’est-à-dire le partage des soucis de l’humanité. Mais il faut un peu de tout pour faire un monde d’écrivains ; nulle exclusion n’est acceptée et chaque touche est précieuse sauf celle qui incite à la haine, appelle à la violence et cuisine le racisme.

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