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Hamoudi Laggoune dans «Lettre au président de la République»

«Je suis dans l’obligation de m’expatrier…»

Le directeur de la photo nous a appris, récemment, avoir envoyé la semaine dernière, une lettre à monsieur le président de la République, Abdelmadjid Tebboune pour lui faire part du triste état des lieux du 7eme art en Algérie...

Aucune réponse depuis...Dans cette lettre, on y sent beaucoup d'amertume et de déception de la part de cet homme qui partit un jour en France pour se former et finit par rentrer au pays pour partager son savoir. Depuis, il travaillera dans de nombreuses productions cinématographiques algériennes qui glaneront de nombreux prix, ici et là, lors de prestigieux festivals à l'étranger. Mais qu'en est t-il dans son pays? Dans cette lettre adressée au chef de l'Etat, Hamoudi Laggoune fait part de son sentiment de lassitude quant à la situation actuelle qui prévaut dans le secteur cinématographique et audiovisuel, dénonçant par la même occasion l'incompétence de ces institutions. Il évoque la médiocrité qui prévaut dans le secteur culturel et la lapidation des budgets. On y sent un ras le bol général émanant de ses mots. Mais on y décèle du courage et de la persévérance tout de même aussi. Tout d'abord, pourquoi avoir écrit cette lettre en l'adressant au premier responsable du pays, nous nous sommes interrogés? Nous lui avons posé cette question.
Rappelant que ce n'est pas la première fois qu'il écrit aux premières instances du pays, Hamoudi Laggoune indique qu'il s'est insurgé tout au long de ses projets et «pour plus d'une situation insupportable pour quelqu'un qui est au coeur du métier en qualité de directeur de la photographie».
Le retour au pays: la gifle!
Et de confier: «Dès mon retour de France, en 2005, j'ai vu la mauvaise gestion et l'incompétence être érigées aux plus hautes fonctions dans le domaine de la culture. Ce phénomène c'est accéléré dés 2007 avec l'avènement de «l'Algérie capitale de la culture arabe», en organisant des manifestations où l'administration s'est mise à gérer la culture. Après, il y eut le «Festival culturel panafricain», «Tlemcen, capitale de la culture islamique», et «Constantine...», plus récemment. Je suis sûr que si cela avait perduré, nous aurions eu toutes les régions en manifestations, mais en fait, ces dernières ont instauré un système de la rapine et la distribution de l'argent public comme un signe de reconnaissance envers cette base servile.», estime sèchement Laggoune. Selon lui, «il n'y avait rien de culturel. L'argent a bel et bien été dépensé, un point c'est tout. Le bilan vu avec du recul, en 2020, a comme résultat le fait que rien n'a été profitable à la culture algérienne. Avons- nous de nouveaux cinémas? Des théâtres peut-être? Des galeries d'art, le Mama à quoi sert-il? Oui j'ai écrit au président Tebboune comme j'ai écrit au président Bouteflika et à Azzedine Mihoubi. je pose des questions et j'attends des réponses». a-t-il conclu. Dans cette lettre adressée à monsieur le président de la République, et dans laquelle Laggoune présente son riche parcours, nous pouvons lire ainsi: «Malheureusement, depuis mon retour au pays, les blocages administratifs et les pratiques bureaucratiques ont amenuisé notre enthousiasme et atteint d'une façon irréversible notre confiance. Nous ne comprenons plus rien comment on est arrivé là, une déliquescence totale kafkaïenne. Comment, l'incompétence et je pèse mes mots, peut gérer des personnes compétentes, qui pour la plupart veulent servir leur pays. Je viens d'écouter votre intervention à la radio et je commence comme à l'accoutumée à re-croire avec un espoir certes, timoré, à la relance d'un pays à la dérive.
Blocages administratifs
Enfin, le but de ma lettre n'est pas de vous sensibiliser sur mon cas en particulier, mais celui d'un bon nombre d'entre nous qui se sont exilés pour aller trouver des choses qui nous manquent dans notre pays».
Ainsi, nous découvrons le désenchantement d'un homme dépité qui rajoute plus loin en évoquant son départ en France: «Je suis parti en 1993 avec un niveau terminal lettres, après quelques tests passés, ce dernier fut revu à la baisse je me suis retrouvé dans une petite formation de remise à niveau qui allait me permettre de faire une préparatoire de CAP, je me croyais instruit et compétent, Dieu merci, mon état de choc par résilience a laissé place à une rage de vaincre. Je n'avais qu'un radio-réveil que m'avait glissé ma mère dans mon cabas comme seul compagnon. Les nuits blanches pour rattraper le retard dans lequel je me confortais quand je vivais en Algérie. Mais là, je suis en France où l'on ne vit pas dans les mensonges, le pays des individualités, les gens avaient tous un avis différent et se délectaient de cette différence de potentiel. Je n'ai pas été formé pour avoir un avis, donc pas grand- chose à partager avec d'éventuels amis. Malgré cela je me considère chanceux de ne pas être dans le pays qui m'a vu naître et qui sombrait dans une violence fratricide...». Et de renchérir: «Après la décennie noire, nous voilà rentrés dans les années gabegie et mauvaise gestion, je peux du moins en témoigner.
À partir de 2005 date de mon retour et la création dans le cadre de l'Ansej, mon entreprise avec une logique de développement et de transfert de technologie. J'ai tout de suite formé une équipe de jeunes issus de l'institut de Ouled Fayet. Cela fut pour moi une très grande satisfaction de voir ces jeunes apprendre et réussir dans leurs disciplines. Malgré nos performances et nos références nous étions loin d'imaginer ce qui allait suivre...» Hamoudi Laggoune, évoque ici la succession des événements annuels comme «Alger 2007, capitale de la culture arabe» et les autres tout en qualifiant ce genre d' «événements», tels que développés par le secteur culturel de «stratégie de l'échec».Et de citer la création d'une multitude d'organismes étatiques qui furent créés pour gérer et développer le secteur Onci,Cadc,Cnca,L'Aarc en tant qu'Epic....«Entre-temps l'Algérie régresse. (...) nous travaillons, certes, en marge du système et avec 10 fois moins de moyens et avec cinquante fois plus de résultats, j'en veux pour preuve des films sur lesquels j'ai collaboré en qualité de directeur de la photographie comme le «Repenti» de Merzak Allouache qui se distingua au festival de Cannes en 2012 et obtint le Premier Prix, puis au festival de Toronto où j'ai été primé pour ma photographie sur ce même film. Où était l'Aarc?», s'interroge Hamoudi Laggoune qui se demande également:
«Que fait le Centre algérien du développement du cinéma?».
Un secteur en régression
Et d'affirmer: «Alors que nous avons prouvé en apportant l'autonomie nationale en terme de post-production, pour développer le secteur, il nous paie une année plus tard, mieux encore, nous avons au fil des étapes prouvé que nous pouvions agir avec efficacité pour la réouverture des salles de cinéma, condition sine qua non si nous devons parler d'industrie cinématographique.» Hamoudi Laggoune fait savoir aussi que «l'année dernière deux films pour lesquels l'Algérie a contribué certes, modestement ont été sélectionnés au festival de Cannes en exclusivité mondiale (Papicha de Mounia Meddour et Abou Leila de Amine Sidi Boumedienne, Ndlr), pour finalement avoir une exploitation en France et pas en Algérie, encore un non- sens qui s'ajoute à notre palmarès.» Hamoudi Laggoune ajoute dans sa lettre au chef de l'Etat que des cas comme ceux- là, il peut en citer.
Et de faire remarquer: «Il y a aussi des cas qui méritent plus que notre intérêt. Les biopics qui n'ont rien d'épique malheureusement. Ni Ben Badis, ni Ben Boulaïd, ni Ahmed Bey ni Fatma N'soumer ni Ben Mhidi ne marqueront les esprits de nos enfants, pis encore, peut- être que ces noms-là ne symboliseront que le souvenir d'un mauvais films. «Gloire à nos martyrs» n'existera plus à l'ère de la 5 ou 6G».
Et de conclure cette lettre en affirmant toujours déçu et désillusionné que «demain c'est aujourd'hui que nous le construisons en commençant par les esprits, et la culture n'est que le reflet d'esprits brillants. Sachez monsieur le président que dans ce système toute greffe de compétence est rejetée automatiquement.
Et malheureusement, ce logiciel est répandu dans toutes les administrations.» Dans une note de pessimisme il ajoute: «Encore une fois je tiens à le préciser, je ne compte plus sur ce système et ses institutions, en tout cas, en l'état actuel. Si toutefois nos compétences seraient requises pour la construction de cette nouvelle Algérie, je me ferai un point d'honneur de revenir servir mon pays.
D'ici là, je suis dans l'obligation de m'expatrier vers d'au-tres cieux où je peux continuer à développer ma carrière pour protéger ma famille et leur offrir une vie plus clémente...».
Hamoudi Laggoune aura-t-il un droit de réponse? Wait ans see....

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