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Slimane Sayoud, artiste plasticien

«Je ne suis pas franc-maçon !»

«Nous avons été non seulement jugés, mais condamnés sans preuves», soutient l’artiste.

Organisée, notamment par l'Association arts et patrimoine d'Alger et Casbah 2.0, un projet digital porté par l'Association Aapa et Nahla Naïli, architecte, celle-ci a décidé d'organiser une rencontre en live sur la Toile, lundi soir, et ce, suite à l'affaire qui a enflammé les réseaux sociaux à propos de la destruction d'une fresque murale au stade d'Alger-Centre et l'arrestation des auteurs de la vidéo. Portant sur la thématique «Création et patrimoine urbain», cette visioconférence devait avoir comme participants, entre autres, les trois artistes coauteurs de la fameuse fresque vandalisée, à savoir Slimane Sayoud, Panchow et Farès Yessad. Une fresque réalisée, rappelons-le, en 2014 avec la bénédiction des autorités locales c'est-à-dire la wilaya d'Alger dans le cadre d'un événement appelé Djart (événement culturel pluridisciplinaire occupant la ville d'Alger, Ndlr).
Des artistes, d'ici et d'ailleurs, avaient pris part à cette manifestation multidisciplinaire, qui avait fait revivre de la plus belle des manières ce quartier et ce durant plusieurs jours. Mais voilà que six ans plus tard, un homme appelé Faycal Gueffaz, s'est fait filmer, en son âme et conscience, en train de saccager une de ces fresques d'Alger-Centre avec de la peinture blanche effaçant ce qu'il croit être des «signes de franc-maçonnerie», déduisant aussi que l'artiste qui a réalisé la fresque en question ne peut qu'appartenir, lui aussi, à cette secte. Hélas, l'affaire est partie très loin puisque, l'auteur de la fresque vandalisée a été arrêté par les services de sécurité et présenté à la justice- alors que l'auteur présumé, auteur de ces «symboles» n'a cesse, depuis, d'être lynché sur les réseaux sociaux et subir des centaines de menaces de mort et autres insultes ignobles.
L'artiste, cet être diabolisé
Ironie du sort, cet artiste-là, Slimane Sayoud, le bouc émissaire qui reconnaît avoir participé à la réalisation d'une partie des portraits et non pas «lesdits symboles», subit, actuellement, une vraie campagne de lynchage à son encontre pour avoir osé porter plainte contre ce fameux individu pour diffamation et menaces de mort (le visant lui et sa famille), devenant ainsi, véritablement une cible pour les obscurantistes qui continuent à l'insulter et ce, même après avoir effectué une vidéo sur son propre compte Facebook pour expliquer sa démarche artistique, sachant que l'auteur de l'acte de vandalisme, lui, a inventé une vie complètement fausse dans une vidéo où il le menace encore une fois directement de mort. Cible de plusieurs harcèlements, Slimane Sayoud qui vit aujourd'hui en France depuis trois ans, parti grâce à un visa d'études, ne comprend pas cet acharnement à son encontre. Dans la visioconférence, organisée par Nahla Naïli, Slimane Sayoud déplore le fait qu' «apparemment, aujourd'hui, on devient spécialiste en sémiologie du symbolisme rien qu'en étant sur YouTube» et surtout dénonce le fait d'avoir non seulement été «jugé», mais a carrément été « condamné» lui et les artistes qui ont fait ce travail artistique, «sans aucune preuve!» et d'ajouter: «Depuis que la police a embarqué ce type, j'ai commencé à faire l'objet de lynchage, de menaces de mort, de harcèlements. Mais ça ne date pas d'aujourd'hui. Ce n'est pas la première fois qu'on subit ce genre de choses. C'est une dictature idéologique que la masse algérienne exerce sur nous de façon générale, un peu comme ce que subissent les femmes...».
Qui est victime de qui?
Slimane Sayoud revient sur le fait d'avoir subi des diffamations et des jugements infondés basés uniquement sur des «impressions» et interprétations farfelues et le fait de se faire attaquer, y compris au nom de l'Islam! «Ce que je sais est que l'islam est une religion de paix.. C'est quoi alors la différence entre ce type et Daesh alors?». Niant totalement appartenir à la franc-maçonnerie, Slimane Sayoud estime aussi dans un live présenté sur son compte Facebook que sa «culture est internationale et l'art est universel et sans frontières et qu'il n'est pas obligé de peindre des khaïmas et le Sahara pour plaire à tout le monde.» Et de renchérir à propos de la liberté d'expression et de création: «L'artiste a le droit à la différence. Je ne suis pas obligé de penser comme toi.». Pour info, Salim Dada, secrétaire d'Etat chargé de la Production culturelle en Algérie, qui s'est déplacé sur les lieux, fait savoir sur sa page, que selon la Constitution datant de 2016, les droits d'auteur de l'artiste sont protégés par l'article 44 alors que l'article 45 protège tout dessin ou oeuvre artistique et cette affaire relève de deux aspects, acte de vandalisme dans un espace public, d'un côté et d'une atteinte ou profanation d'une propriété intellectuelle de l'autre, et de relever plusieurs articles et lois qui tombent sous le coup du Code pénal quand une oeuvre culturelle est profanée. Ceci fait écho à quelque chose près, à l'agression faite à la sculpture de Aïn El Fouara à Sétif en 2017. Au-delà des gestes de violence qui sont similaires de par leur «jugement moral», il est à déplorer profondément les degrés de bigoterie et d'obscurantisme vers lesquels une partie de la société s'est engouffrée ces dernières années...

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