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Rétrospective Ahmed Malek au Mama

Il était une fois l’homme orchestre !

Une très belle exposition, à visiter, portant sur le riche parcours du pionnier des compositeurs de musique de films algériens…

L ’expo Habibi Funk : «Planète Malek - Une rétrospective» se tient actuellement au Mama (Musée d’art contemporain et moderne d’ Alger). Le vernissage a eu lieu samedi avec une table ronde des plus intéressantes sur l’œuvre des plus prolifiques de Ahmed Malek, le pionnier des compositeurs de musique de film algérien. Outre la documentation, en photo, coupures de journaux etc. vous pouvez même apprécier «le son» de ce grand compositeur algérien sur un tourne-disque. ça vous rappellera sans doute plein de films algériens qui vous ont marqués. Tout est parti lorsque un DJ allemand est tombé, lors de ses recherche musicales, sur l’œuvre colossale de Ahmed Malek, hélas méconnue par le grand public. Jannis Sturtz, le DJ, représenté par le label Habib Funk a décidé de réunir l’ensemble de la musique de Ahmed Malek dans une compilation. Celle-ci est présente actuellement au niveau du Mama . Vous pouvez la consulter aisément. D’ailleurs elle fait partie intégrante de l’exposition /rétrospective qui lui est consacrée, soit en vinyl, soit en CD.


Un artiste prolifique
«Planète Malek - Une rétrospective» est de loin l’exposition la plus ambitieuse que nous ayons faite jusqu’à présent. Elle sera exclusivement consacrée à la vie et à l’œuvre du compositeur algérien Ahmed Malek qui, en plus d’être un compositeur, était également un ambassadeur infatigable de son pays. Heureusement, nous avons pu faire équipe avec le Musée public national d’art moderne et contemporain d’Alger pour aborder l’héritage de Ahmed Malek à travers un large éventail de matériaux provenant de photos d’époque documentant ses voyages…» peut-on lire sur la page facebook de Habibi Funk. A noter qu’un documentaire est né et a été réalisé par la Djette algérienne Paloma Colombe sur la vie et l’œuvre de Ahmed Malek et ce, suite à la demande de Habibi Funk. Ce documentaire a été projeté cette année à l’espace les Ateliers sauvages lors du festival Phonétics, en novembre dernier, Ndlr. Pour mettre sur pied cette grande exposition, le Mama s’est associé avec le Goethe-Institut Algérie qui a accepté volontiers de soutenir cette belle initiative qu’est cette expo. Après l’image et le son, place à la parole ! Et quoi de mieux que les amis de Ahmed Malek, ses proches collaborateurs d’antan qui l’ont bien connu pour en parler. On citera, notamment le réalisateur Sid Ali Mazif dont Ahmed Malek signera entre autres la musique de son film culte Leila et les autres. «C’était un homme affable et très gentil», reconnaîtra Sid Ali Mazif. «Il ne se plaignait jamais des difficultés rencontrées…» Pour sa part, Djamel Bendedouche qui a connu Ahmed Malek de par son ancien poste comme réalisateur à la télé, dira qu’il est vite devenu ami avec le compositeur, se rappelant de lui comme chef d’orchestre, mais aussi comme joueur d’accordéon ou de contrebasse. Même s’il avoue ne pas avoir travaillé avec lui sur le plan professionnel, il reconnaîtra néanmoins son caractère prolifique et de touche-à-tout. «Il avait beaucoup de talent. C’est bien qu’il l’ait développé à travers les films de cinéma…». Prenant la parole, Merzak Allouache commencera par situer le contexte politique prévalant à l’époque, marqué par la censure du parti unique, où tout était réglé comme du papier à musique…
Evoquant son mythique film Omar Gatlato dont la bande musicale est signée Ahmed Malek, Merzak Allouache fera remarquer que ce qui a sauvé le film est le fait d’avoir été perçu comme un film comique. Et ainsi, échapper à la censure du ministre de la Culture de l’époque, Taleb Ibrahimi qui estimait qu’on y voyait «trop de bières à l’écran» et de confier. «Nous vivions à l’époque, enfermés entre nous, regroupés dans le ‘’13’’, bar qui était juste à côté de la salle de cinéma l’Afrique… A l’époque il n’y avait pas d’autre que Ahmed Malek. On n’avait pas le choix.


Il était une fois le Café «13»
Au moment du montage, on lui montrait les extraits et lui travaillait dessus.. J’ai travaillé avec lui trois fois. Il a même participé avec son orchestre dans le film les aventures d’un héros.» Avant de céder la parole à Safy Boutella pour parler du rôle du compositeur au cinéma, la modératrice du débat, la cinéaste Amina Haddad a tenu à faire remarquer que Ahmed Malek possédait chez lui un home-studio dont un matériel spécifique multipiste qui permettait, a reconnu Safy Boutella, «de faire l’économie sur l’emploi des musiciens». Abordant son expérience personnelle, l’intervenant avouera que son père ne s’est intéressé à son travail qu’à partir du moment où il s’est mis à faire de la musique de films. «La musique de film est un élément puissant qui se suffit à lui-même. Un mélange savant qui nécessite beaucoup d’intelligence de situation entre le réalisateur, son film et le compositeur.» Présent dans la salle, le réalisateur et acteur mais monteur aussi, Rachid Benallal qui a travaillé sur les Vacances de l’inspecteur Tahar de Moussa Haddad, dira avoir été très complice avec Ahmed Malek, «d’où le fait que l’aventure cinématographique a perduré entre nous».


Devoir de mémoire
Aussi, note Sid Ali Mazif, à l’époque, seuls les directeurs de l’Oncic, Mohmed-Lakhdar Hamina et Ahmed Rachedi avaient la possibilité de travailler avec des musiciens de l’étranger, le reste des cinéastes algériens n’avait pas d’autre choix que celui de faire appel au seul artiste présent sur le marché, mais néanmoins, qui excellait dans le domaine à savoir Ahmed Malek. Aussi à la question de savoir s’il faut lire d’abord le scénario puis travailler sur la musique du film ou faire la musique après le montage et la post-production, Merzak Allouache fera remarquer qu’il n’y a pas de règles précises. Pour Safy Boutella l’idée de commencer à travailler sur la musique d’un film à la lecture du scénario relève de « la légende », arguant que « la musique est un art appliqué, non pas un accompagnement». Présente à cette rencontre, la fille de Ahmed, Hania Malek, confiera que petite, elle connaissait les musiques de son père par chœur, et ce, à force d’écouter son père travailler sur ces mélodies, le morceau était imprimé dans la tête ! Clôturant son intervention, Safy Boutella indiquera que si Ahmed Malek a beaucoup travaillé, c’est sans doute parce que le cinéma était fécond et de se demander : «Etait - ce une époque révolue ou bien le cinéma va-t-il recouvrir ses lettres de noblesse comme avant ?» Pour Merzak Allouache, ce genre de rencontres doit se renouveler. L’auteur de Omar Gatlato, Normal ou encore Les terrasses soulignera l’importance de perpétuer la mémoire du cinéma pour la nouvelle génération, soulignant l’émergence des ciné-clubs qui doivent aller dans ce sens. « On a besoin de ce genre d’hommage, mais ce n’est pas suffisant. Il y a un travail à faire vers les nouvelles générations qui ne connaissent pas ces films des années 1970 notamment… La cinémathèque algérienne doit aussi faire son travail ainsi que les autres institutions pour faire renaître la vie culturelle en Algérie…»
Prenant la parole, le directeur de la cinémathèque algérienne Salim Aggar dira s’associer à ce genre d’événement en organisant à la Cinémathèque un cycle de films algériens dont la musique est signée par Ahmed Malek.
 

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