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Interview avec Ouarda Baziz Chérif (romancière)

«Ecrire me libère de mes maux»

Auteure de plusieurs romans et recueils de poésie, Ouarda Baziz Chérifi a, notamment écrit et publié les romans : « Principes et amertumes », en 2017, « Les survivants de l’oubli » en 2018 et « Quand pleure le jasmin » en 2019. Elle est en train de terminer son quatrième roman. Elle vit dans la ville d’Azazga, wilaya de Tizi Ouzou où elle continue à s’adonner inlassablement à sa passion : l’écriture romanesque et poétique.

L'Expression: Pouvez-vous nous parler en détail du prix littéraire que vous venez de recevoir, comment y avez-vous postulé et qui en sont ses organisateurs?
Ouarda Baziz Chérifi: Le Premier Prix qui m'a été dernièrement décerné après ma contribution poétique à l'évènement
«Plus jamais invisibles, Femmes de demain» a lancé son concours d'écriture en partenariat avec ONU «Femmes France» dans le cadre du Forum Génération Egalité! C'est une association internationalement connue puisque engagée depuis 18 ans (1996) dans la paix, le devenir de la femme africaine, sa précarité, son retrait. Enfin, elle oeuvre pour la promotion et l'amélioration de la vie de la femme dans tous les domaines avec des colloques nationaux et internationaux. J'ai participé avec mon texte intitulé: «Je demeure cette femme qui sourit» et apparemment, les membres du jury ont eu le coup de foudre puisqu' ils ont eu la primeure. À cause de la conjoncture actuelle, ce prix est reporté à 2021 et il sera décerné à Paris où se trouve le siège fondé et présidé par Madame Christine Jouan Bruneau.

Comment est née votre passion pour l'écriture poétique et romanesque?
Je suis venue ou plutôt la passion des mots est venue à moi pendant mon adolescence. J'écrivais déjà au collège des textes, des poèmes, encouragée par mon professeur de français de l'époque. Un peu plus tard, j'ai écrit en raison de la solitude engendrée par le manque de communication dans mon environnement familial ayant été entourée de mâles et de femmes entièrement absorbées par leurs besognes. Je voulais parler et comme je n'avais pas de partenaires auditifs, je me suis alors confiée à mes mots. Et depuis, ils ne m'ont jamais quittée.

Comment s'est effectué le passage de la poésie au roman et pourquoi ce besoin de s'exprimer mieux à travers le roman?
Oui, bien évidemment. J'ai commencé par écrire des poèmes donc mon écriture poétique a devancé ma passion romanesque. Un peu plus tard, j'ai écrit de plus longs textes, j'ai tenu mon journal, écrit de longues lettres et puis une nouvelle et enfin des romans. Cela ne veut pas dire que je suis juste romancière car je suis restée poétesse. À vrai dire, mes deux écritures sont devenues complémentaires. Je les compare à deux soeurs siamoises car je ne puis choisir l'une sans l'autre.

Pourquoi avoir attendu jusqu'à la retraite pour publier vos premiers livres?
Je suis une perfectionniste du travail. J'ai enseigné la langue anglaise durant plus de 33 ans et j'ai eu un quatuor qui m'a demandé une rivière de sacrifices et d'engagement. Mon travail et ma famille ont été mes premières priorités. L'écriture m'a toujours été nécessaire, mais j'ai dû attendre ma retraite pour l'épouser. Toujours par passion et toujours par solitude car encore

une fois dès que mes enfants ont pris leur envol et que mes élèves m'ont quittée, j'ai encore une fois ressenti un vide pesant que j'ai pu meubler avec mes mots.

Quels sont les écrivains qui vous ont le plus marquée et pourquoi?
Adolescente, j'ai lu les livres de poche. Guy Des Cars m'a subjuguée par la fluidité de ses mots, la sensibilité de ses récits ont été le déclic littéraire. Je les lisais, les larmes aux yeux, les embrassais en les fermant, avant de les mettre précieusement sous mon oreiller. J'ai pratiquement tout lu et tout avalé «La demoiselle d'opéra», «L'impure», «La tricheuse», «L'envouteuse», «Le mage», «La brute», «La maudite», etc. Il a beaucoup écrit sur la femme et de tous les auteurs qui m'ont fascinée, il est le plus fort. Bien évidemment J'ai lu Mouloud Feraoun, Émile Zola et quelques autres classiques.

Vous venez de publier un nouveau roman, pouvez-vous nous en parler?
Avant de vous parler de mon dernier roman, sachez que j'ai écrit plusieurs recueils de poésie édités ici et France et les romans «Principes et amertumes», en 2017, «Les survivants de l'oubli» en 2018 et «Quand pleure le jasmin» en 2019. Je vous annonce que je suis en train de finaliser mon nouveau roman «Tu seras grand, mon fils». Toujours une histoire tirée de faits réels autour du combat courageux d'une maman pour sauver son fils du handicap.

Vous animez régulièrement des rencontres avec vos lecteurs (ventes- dédicaces). Parlez-nous un peu du rapport que vous avez avec les lecteurs?
Concernant ma participation ici et ailleurs, à Paris par exemple pour le Salon du livre, je me sens dans mon domaine, je me sens fortement heureuse et motivée car c'est ce genre d'événements culturels qui me permet de rencontrer des amis de plume et de faire la promotion de mes ouvrages.
Les rencontres, les salons et les festivals littéraires sont ce que j'aime le plus. Je me sens vivre et échanger avec mes lecteurs. L'écriture et la lecture se complètent. Vous savez, confier une histoire à une personne ressemble selon moi au bébé que l'on confie à une nourrice. Son bien- être, son écoute et sa compréhension sont essentiels. Je suis si heureuse à chaque fois que je rencontre des gens dans les villages ou dans les villes.
Déclamer un texte me procure un plaisir colossal. Je suis née pour être écrivaine. Écrire mes mots me libère de mes appréhensions et mes maux. J'ai fini ma carrière d'enseignante avec l'amitié et le respect de mes élèves dont la majorité est constituée d'amis de valeur aujourd'hui.
J'aimerai pouvoir faire et finir ma carrière de romancière, de poétesse et de diseuse de mots avec le même esprit. J'adore le partage. Je hais les sens uniques. Alors oui, chaque rencontre est un texte qui naît et que je chéris.

Beaucoup d'écrivains déplorent le fait que le roman, voire le livre de manière générale, se vend de moins en moins, peut-on avoir votre avis sur cette question?
Le livre subit à mon humble avis un désintérêt indélicat car, justement, les livres sont oubliés car les lecteurs se font rares. Nos jeunes ne lisent pas beaucoup, voire du tout, car ils n'ont pas été obligés ou habitués de lire sur les bancs de l'école. Contrairement à notre époque où l'on nous forçait à le faire. Les séances de lecture (silencieuse ou magistrale) sont sur le point de disparaître. Ce qui engendre ce vide. Le livre version papier est en train de prendre du recul et de disparaître. La technologie y est pour quelque chose.
Les seniors qui peuvent encore lire sont sélectifs. Ils ont leurs critères. Ce qui handicape les jeunes plumes. Ajoutez à cela le marché de l'édition qui est coûteuse et contraignante. La distribution du livre est un autre problème. Les programmes scolaires doivent absolument inculquer à nos chérubins l'importance de la lecture.
Il faut des lecteurs pour avoir des écrivains! J'ai aussi remarqué que la poésie se vend, mal, pour ne pas dire ne se vend pas de nos jours. Y a t-il encore des textes de poésie dans les livres scolaires? Avec tout mon respect aux chefs de cuisine, je trouve que les livres de cuisine ont plus de chance que les autres, aujourd'hui.
Et si nous adoptions une nouvelle mode pour les cadeaux d'anniversaire? Offrir un livre! Je demande à nos lecteurs de propager leur amour autour d'eux afin de faire sortir nos livres de l'anonymat et en même temps de les faire voyager de main en main, de maison en maison etc. Que sommes-nous sans lecteurs, autrement que des feuilles mortes qui se ramassent à la pelle?

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