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Niddal El Mellouhi, comédien, à L'Expression

«C'est très frustrant de ne pas exercer notre métier»

Né de parents instituteurs, en 1972 à Sidi Bel Abbès, de mère belabésienne et de père syrien, originaire de Damas, Niddal est un acteur algérien, vivant aujourd'hui en France. L'enfant issu du théâtre de Sidi bel Abbès s'est exilé en France durant la décennie noire, non sans jamais quitter vraiment son pays natal. De son premier amour le théatre, au 7eme art, il n y a qu'un pas que Niddal Mellouhi a su étrenner jusqu'à ne pas s'arrêter aujourd'hui. Il nous parle justement de ses projets en cours, interrompus durant l'année 2020, en raison du Covid-19, non sans jamais baisser les bras...

L'Expression: Tout d'abord pourriez-vous nous dire dans quelle situation vous vous retrouvez aujourd'hui depuis le début de la crise sanitaire liée au coronavirus?
Niddal El Mellouhi: La situation est difficile pour tout le monde et dans tous les secteurs, mais effectivement, nous sommes confrontés à une situation inédite. Le métier de comédien-acteur est un très beau métier qui est déjà par définition très instable. En ce moment, nous artistes devons supporter de ne pouvoir jouer sur une scène devant un public. C'est très frustrant de ne pas exercer notre métier en toute liberté. Mais je veux rester optimiste. L'artiste s'adapte toujours aux différentes situations et retombe toujours sur ses pieds. Même si l'Etat soutient financièrement les petites structures et les artistes aussi, je pense que le milieu artistique et culturel va avoir du mal à se relever après cette pandémie. Pour info: les droits des artistes intermittents du spectacle sont repoussés jusqu'en août 2021. Une aide très précieuse pour pouvoir vivre dignement .

Quel regard portez-vous justement sur cette omerta qui s'est abattue sur le monde de la culture?
Aujourd'hui les lieux, les rassemblements culturels sont actuellement à l'arrêt. Cela pénalise beaucoup ce secteur, la création artistique en subit de lourdes conséquences. C'est sûr, quand cela va reprendre, mais il me semble que ce ne sera plus jamais comme avant.
Il va y avoir des lieux culturels, des petits théâtres qui vont disparaître , surtout des lieux qui accueillent les artistes de tous horizons, des projets très intéressants mais qui sont à la marge des grosses productions.

Aviez-vous des projets en cours qui se sont arrêtés et quelles ont été vos alternatives pour y remédier?
Malheureusement oui, plein de projets se sont arrêtés. Après plus de 3 mois (de décembre 2019 à février 2020) de répétitions pour le montage de la piece vivement Noël, de Serge Sondor et Bibi Naceri, nous avons été contraints d'arrêter la pièce en mars après seulement quatre représentations... Nous avons repris les répétitions pour la rejouer en janvier et cette fois-ci encore les théâtres resteront fermés au public, et le projet doit être reporté une nouvelle fois. On espère une reprise en février, croisons les doigts, les bras, et les pieds. Pour les tournages ça continue toujours sur des projets qui étaient restés en stand-by pendant le premier confinement, mais avec la contrainte de passer les tests PCR avant chaque début. J'ai un projet qui me tient vraiment à coeur ,un court métrage que j'ai écrit sur la révolution du Sourire, il est en attente car le producteur ne pouvait suivre en raison de cette situation sanitaire . Je garde espoir de rassembler à nouveau mon équipe pour le réaliser. En 2021, j'ai décidé de monter un solo inspiré d'un texte de Kateb Yacine. J'ai de la chance d'avoir un petit espace de répétition chez moi. Je ne peux en dire plus pour le moment. J'ai fait des perfor-mances pour innover avec des vidéos sur les réseaux sociaux, des lectures de texte en live avec des amis (e) artistes, mais cela reste insatisfaisant car il nous manque le contact direct avec les artistes et le public qui apporte beaucoup à notre métier , c est même vital pour moi personnellement.

Vous avez tourné dans le film de Bachir Derrais « Ben M'hdi le rôle de Abane Ramdane. Pourriez-vous revenir sur cette expérience?
J'ai tourné dans ce film en 2015. Et depuis, j'ai travaillé dans d'autres projets cinématographiques ou de pièces de théâtre. C'est toujours un grand plaisir de travailler dans mon pays d'origine et dans ma langue natale, surtout pour participer à de très bons projets de cette envergure. Je rencontre parfois des réalisateurs réticents pour me distribuer dans leurs projets pour une raison x ou y. Je tiens à préciser que j'étais honoré d'interpréter ce personnage de Abane Ramdane,
l'architecte de la révolution. C'était un défi aussi de l'incarner. Ce personnage doit avoir beaucoup de charisme. Ce fut une expérience très enrichissante comme dans chaque projet artistique. Le film sur Larbi ben M'hidi est un très beau film de fiction, il est très bien réalisé et je suis révolté que ce film ne voie pas le jour et qu'il soit toujours bloqué. Je ne comprends toujours pas pourquoi ? Nous sommes des artistes, nous travaillons, nous sommes au service de l'art, pour raconter des histoires et des fictions, il est possible qu'elles soient inspirées de faits réels. Ce film est une oeuvre artistique, une fiction, ce n'est pas un documentaire ou un cours d'histoire. Vraiment c'est du gâchis que ce film soit interdit depuis 4 ans, il pourrait représenter L'Algérie dans des festivals internationaux et faire bonne figure. Un message à la ministre de la Culture et aux décidants concernés : «Débloquez ce film, le public et le peuple sont les seuls décideurs de la qualité et de la cohérence des propos du film.».

Que comptez-vous faire après le retour de la vie à la normale?
La première des choses est me débarrasser de ces maudits masques que je porte au quotidien pour redécouvrir les gens avec leurs expressions, et que je puisse m'exprimer en liberté et reprendre mes activités artistiques, surtout sur les planches afin de retrouver le public, pour partager de nouvelles aventures humaines .

Comment voyez-vous la vie aujourd'hui?
Triste, terne, sans goût. Ça me fait rappeler les années 90 que j'ai passées en Algérie. J'étais déjà là et je suis toujours là, avec plein d'espoir de reprendre mon métier et faire rêver les gens à nouveau. Portez-vous bien et prenez soins de vous. Gardons espoir d'un retour à la vie normale.
Vive la vie!

De Quoi j'me Mêle

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