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Mise au pas ?

Voilà donc l´Algérie qui entre dans le cercle (très) restreint des pays qui mettent leurs journalistes en prison. Un progrès dans notre marche vers la démocratie? La sévère condamnation de Benchicou est l´aboutissement d´un bras de fer de plusieurs mois. Cet aboutissement est en fait logique si l´on note qu´aujourd´hui face aux divers renoncements c´est encore la presse qui, souvent au premier rang, a suppléé aux démissions des politiques pour défendre le pluralisme politique et d´opinion et la liberté d´expression. Aussi, ayant fait du devoir d´informer son leitmotiv, la presse et les journalistes algériens se sont retrouvés plus souvent à leur tour confrontés à toutes sortes de difficultés pour pratiquer leur métier. Un métier qui peut s´avérer dangereux lorsque le journaliste sort du chemin balisé ou met en position inconfortable les tenants du pouvoir du moment. De fait, ces dernières semaines ont été marquées par moult affaires dans lesquelles des journalistes étaient impliqués, qui ont mis en exergue certains dépassements et passe-droits singulièrement dans le pays profond. En fait, les choses vont mal dans la République, beaucoup le pensent, il va sans dire que cela va mieux en le disant.
Certes, les dérives de l´administration, les mafias tentaculaires, les enrichissements sans cause, ne sont pas une tare propre à l´Algérie, mais lorsqu´elles se propagent et arrivent à toucher aux plus hauts sommets de la commune, de la daïra et de la wilaya, voire de l´Etat, il faut alors savoir dire halte : il y a danger! Ce qu´ont fait des journalistes de la presse nationale, et singulièrement des correspondants de presse qui ont porté à la connaissance de leurs lecteurs les méfaits de certaines puissances de l´argent, se mettant à dos les puissants de l´heure. Et c´est un Abdelahaï Beliardouh qui paye de sa vie d´avoir cru, en faisant son métier, à la protection de l´Etat, c´est le cas de Hafnaoui Ben Ameur Ghoul qui croupit depuis trois semaines en prison alors que les plaintes des notabilités djelfaouies continuent d´affluer au tribunal. Quant au directeur du Matin, Mohamed Benchicou, sous contrôle judiciaire depuis 292 jours, - au moment de son procès lundi -, il vient d´écoper d´une lourde peine de prison ferme de deux ans. Benchicou et Ghoul sont ainsi traités à l´instar de voyous de basse extraction. La presse privée et les journalistes indépendants, voilà donc le péril : ce sont eux qui empêchent les corrupteurs de corrompre en paix. Les procès intentés ainsi à de nombreux journalistes ne sont en fait que l´aspect le plus récurrent du harcèlement contre la presse coupable de dénoncer ce qui n´est en fait que la partie visible de l´iceberg de ce qui est en fait le marécage, plus ou moins interlope, naviguant entre politique et affaires louches. Et cela est encore plus vrai dans le pays profond, loin de la capitale, où les manipulations politiciennes et les intimidations de toutes sortes, sont monnaie courante. Ce qui arrive à Mohamed Benchicou lourdement sanctionné et Hafnaoui Ghoul, montre surtout qu´un Etat capable d´envoyer un journaliste derrière les barreaux ne mesure pas les torts qu´il se fait à lui-même et combien il décrédibilise sa politique d´ouverture et son engagement envers la démocratie et les libertés de dire et d´écrire. En fait, la peine de deux ans de prison ferme infligée à Benchicou est par trop disproportionnée pour réellement être le fait d´une justice sereine. En fait, le harcèlement des journalistes prend les dimensions d´un début de mise au pas de la presse nationale privée. Des journalistes en prison, une première dans le paysage médiatique algérien, et montre que l´Algérie s´est rangée parmi les trois ou quatre pays où se pratique encore cette forme rétrograde d´intimidation contre le droit d´informer. Aussi comment peut-on concilier les paroles lénifiantes sur les libertés et la démocratie quand concrètement l´on fait le contraire? Or, l´Etat de droit ce n´est pas uniquement les professions de foi et les mots sentencieux sur les libertés dans les forums internationaux, - quand, au plan national, les libertés d´informer sont bridées et minorées -, il exige également des actes au quotidien propres à redonner confiance aux citoyens dans les institutions de la République et les hommes qui gèrent l´Etat. La puissance de l´Etat est nécessaire mais quand elle ne s´applique pas à bon escient, elle ne fait que traduire une vaine fuite en avant.

De Quoi j'me Mêle

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