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La récompense...

Après s´être aligné et avoir vidé ses sacs nucléaires et chimiques à la grande satisfaction d´ « Uncle Sam », El Gueddafi s´est plaint du fait qu´il n´y a pas eu retour d´écoute de la part de l´Occident à l´occasion de la visite à Tripoli du président français, Jacques Chirac, -la première en Libye d´un chef d´Etat français depuis l´indépendance de ce pays en 1951-, et de n´avoir pas eu la récompense à laquelle il estime avoir droit. De fait, El Gueddafi allant au-delà de ce qui était attendu de lui, a surpris tout son monde en décidant de démanteler ses installations nucléaires et de détruire son arsenal chimique, tout en mettant sous contrôle de la police nucléaire onusienne, (l´Agence internationale de l´Energie atomique, Aiea) ses armes de destruction massive sans autre forme de procès. La venue du président français est l´occasion pour le guide libyen de réclamer sa récompense pour les bons gestes qu´il eut envers l´Occident. Il se déclara, dans une interview au quotidien français Le Figaro du 23 novembre, «un peu déçu» que l´Europe, les Etats-Unis et le Japon n´aient pas «vraiment récompensé la Libye» pour sa renonciation au programme d´armes nucléaires et chimiques. Insistant «Si nous ne sommes pas récompensés, d´autres pays ne vont pas suivre notre exemple et démanteler à leur tour leur programme», citant au passage la Corée du Nord et l´Iran qui ont maille à partir avec les Etats-Unis. «Un pays qui se débarrasse de ses armes de destruction massive devrait au moins obtenir des garanties quant à sa sécurité nationale de la part de la communauté internationale», indique le colonel El Gueddafi appelant à aider la Libye «à transformer ce matériel militaire en matériel à usage civil. Et lui donner la technologie pacifique en contrepartie de son abandon de la technologie militaire». Le dirigeant libyen qui a longtemps joué avec le feu, semble revenir à une meilleure appréciation de ses capacités réelles et de celles de son pays à peser sur les destinées du monde, oublie cependant qu´un pays souverain est responsable de la défense de son territoire et de la sécurité de ses citoyens et que la seule garantie à sa sécurité, reste sa capacité à se défendre. Une question de principe et de bon sens qui ne se marchande pas. Israël en donne l´exemple probant qui ne permet à personne, même aux Etats-Unis - leurs généreux bienfaiteurs et protecteurs sans lesquels l´Etat hébreu ne pouvait rester impuni pour les crimes de ses dirigeants et défier la communauté internationale - d´interférer dans des questions stratégiques qui relèvent de la souveraineté de l´Etat et de la politique de défense du pays. Aussi, la sollicitation d´une récompense faite par le guide libyen est, à tout le moins, curieuse. Mais, est-ce aux Français qu´il fallait s´adresser? Or, c´est bien Washington qui imposa l´embargo à la Libye, qui mit ce pays sur sa liste des Etats terroristes et «voyous», qui lui fit payer cher l´attentat de Lockerbie. Aussi, après l´abandon de ses velléités de puissance, il semble que le maître de Tripoli a frappé à la mauvaise porte, car, si récompense il y a, c´est au proconsul du monde, qui punit qui il veut, (cf. Saddam Hussein) et absous, qui il veut (cf. le génocidaire, Ariel Sharon), qu´il fallait la demander, au ci-devant George W.Bush II, ou, à la rigueur, à son «toutou» - comme aiment persifler les médias british, à l´endroit de leur Premier ministre- Tony Blair, lequel aurait su à qui remettre l´appel du pied de Mouâmmar El Gueddafi. Celui-ci qui dirige la Grande Jamahiriya arabe libyenne socialiste (nom officiel de l´Etat libyen) depuis 35 ans, capricieux comme une diva, a habitué le monde à ses sautes d´humeur, gâté par la manne pétrolière que Dieu a donnée à son pays. Croyant que l´argent peut tout acheter, El Gueddafi a formé ces dernières décennies des projets singuliers (dont le moindre n´est pas le fumeux projet d´une union de la Nation arabe, dont il se voyait porter la couronne, dont le non-aboutissement l´a profondément déçu) dont aucun en fait n´a été accompli, car vite conçus, vite oubliés. Passant d´un extrémisme à l´autre, El Gueddafi qui «sponsorisa» la plupart des groupes terroristes ayant activé dans les années 70 et 80 (y compris les groupes européens de l´ETA espagnol et de l´IRA irlandaise) passe avec armes et bagages à un autre extrémisme, celui de l´allégeance totale à ceux qu´il vouait, hier encore, à toutes les gémonies de l´enfer. Et, le voilà qui, soudain, se «range des voitures», proposant même d´établir des relations normales avec l´Etat hébreu. On ne reconnaît plus le Gueddafi, tête brûlée, certes, honni par tout l´Occident, -faisant de la Libye l´un des refuges des pestiférés de la terre-, dont la fougue, la sincérité, à une certaine période de son parcours politique, n´ont pas manqué de lui attirer les sympathies, même de ceux qui ne partageaient pas ses idées. Doyen des dirigeants du monde, mais non le plus puissant, le guide libyen sollicite maintenant une récompense pour un acte que le fier capitaine qui renversa la dynastie senoussie, qu´était le jeune El Gueddafi, aurait condamné sans rémission. Hélas, une chute grandiose, une fin de carrière navrante pour celui qui a voulu changer le monde, bannir la misère des pays pauvres, établir l´égalité entre les peuples et les Nations. El Gueddafi est bien revenu de ces chimères pour aujourd´hui solliciter de l´Occident une récompense sous forme d´aide technologique, lorsque l´argent du pétrole libyen, utilisé à bon escient, lui aurait permis de former des régiments d´ingénieurs, des troupes de techniciens supérieurs, des contingents de spécialistes dans tous les domaines de la science et de la technologie, construire des centaines d´usines, faire reverdir le désert libyen...35 ans de pouvoir sans partage pour arriver à ce constat que le moment venu, le guide libyen n´était pas prêt à faire franchir à son pays le bond qualitatif que celui-ci méritait, attendant en revanche une récompense de ses adversaires d´hier pour avoir renié ce à quoi il croyait, ou avait cru, durant toute sa carrière politique. Triste!

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