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Quand l'avocat mord bien...

Il y a des chambres pénales où, à la compétence, l'intégrité ou l'expérience des magistrats, vient s'ajouter la classe d'un avocat!

Mercredi dernier c'est Maître Mohamed Djediat, le conseil d'un jeune inculpé d'usage et de détention de drogue, faits prévus et punis par l'article «12 de la loi 04-18 du 25 décembre 2004, relative à la prévention et à la répression de l'usage et du trafic Illicites de stupéfiants et de substances psychotropes» qui réclame justice, à sa manière... Le détenu est proprement «cuisiné» par le président qui, apparemment, s'est passé, comme toujours, de l'ordonnance de renvoi préférant reprendre tout à zéro, une manière qui plaît beaucoup aux défenseurs. Maître Mohamed Djediat, crie d'emblée sa douleur devant la persistance, la percée et la montée de ce monstre qu'est le terrible fléau dévastateur des stups. Puis tout de go, il s'attaque à la loi du silence sur les gros dealers qui ne se gênent pas d'empoisonner les jeunes et maintenant les moins jeunes. Il prie les juges de ne pas laisser Mohamed Laid. R. Ce jeune innocent de moins de vingt ans, rester encore trop longtemps en compagnie des taulards, ce qui est dangereux», souffle le défenseur qui est sûr que les trois magistrats ont été attentifs lors de sa courte mais percutante intervention.
Le procureur avait requis mécaniquement une peine de prison ferme de 6 mois. Ce qui fit dire à l'avocat:
«6 mois, c'est monstrueux, surtout que le joint trouvé soi -disant sur le gosse, pèse moins d'un demi-gramme. Aucune preuve, ni témoin, ne sont venus étayer la thèse des flics!» tonne le conseil brun qui sera suivi par la composition correctionnelle.
La réflexion a été la même, un mois plus tôt, qu'au tribunal, mais n'avait rien donné. Auparavant, maître Djediat, en défenseur expérimenté, a dû suivre l'interro d'abord, sans sourciller, mais en prenant soin d'être aux côtés de Mohamed - Laïd, son jeune client.
«Dites-nous un peu comment les policiers vous ont surpris le joint entre les phalanges?» marmonne le président dans un silence lourd, pesant et même agaçant.
- «Je l'ai déjà dit, je n'avais rien entre les doigts. Lorsque la patrouille était passée dans le noir en plein crépuscule, le paquet de joints était jeté sur le sol à plus de 6 mètres de la murette sur laquelle je me trouvais. Maître Djediat sent que son client va vaciller. Il tente un coup en demandant au juge de lui permettre de poser une question à l'inculpé.
Le juge dit oui, tout curieux de prendre connaissance de ce qui va sortir de la gibecière du conseil. Ce dernier voudrait savoir si dans l'artère où se trouvait son client, il y avait du monde.
- Oui et comment qu'il y avait du monde! Il y a un café dans les parages et un peu plus loin, ‘'Quatre saisons''». Il poursuit: «Pouvez-vous nous apprendre s'il y avait quelqu'un avec vous et qui se serait débarrassé à temps, du joint?» La réponse est non et le jeune ado de Fouka (Tipasa) va plus loin en martelant: «Ce n'est pas moi!».
Le président se tourne vers le jeune parquetier qui n'a toujours pas de questions à poser si ce n'est - au moment voulu. Et lorsqu'il sera invité à requérir, il demandera sans trop de conviction, un solide 6 mois d'emprisonnement ferme et une amende conséquente.
Le «gosse» confond les demandes du procureur et les prend pour la sentence finale. Il crie à la hogra. Heureusement pour lui, l'avocat de la rue Patrice Lumumba d'Alger, débute sa plaidoirie en rendant hommage au trio de juges et au procureur lequel n'a posé aucune question, enfonçant le gamin. Puis il s'accroche désespérément à l'absence de délit: «Mon client n'a jamais été pris en flagrant délit de détention et d'usage de drogue. Pourquoi le tribunal de Koléa ne l'a-t-il pas cru lorsqu'il a affirmé cent fois qu'il était innocent et qu'il était étranger à cette histoire?» s'est écrié le défenseur qui a attiré l'attention des juges sur la possibilité de la présence d'une seconde personne qui aurait pu très bien se débarrasser du joint en voyant la voiture-radio des policiers, surgir du virage. Il brosse un bref aperçu sur la personnalité de son client: «C'est une victime du système scolaire. Il est à l'abri du stress car sa famille est honorable et il n'a aucune raison de se shooter et se faire prendre comme un pigeon sous une pluie battante en ce temps rigoureux, humide, très chaud, gênant et maussade». Il réclame avec vigueur la relaxe, même au bénéfice du doute du jeune. «Nous ne demanderons pas l'application de l'article 53 car ce garçon est innocent. Il y a méprise quelque part!» conclut l'avocat dont le visage s'éclaircit, deux minutes plus tard, lorsque le juge, sur le siège, prononce la relaxe au bénéfice du doute du jeune qui avait presque envie d'embrasser son avocat et de faire la bise au policier qui surveille le box des accusés. C'est ce qu'on appelle tendre la perche... puisqu'à Boufarik, la juge avait pris ses responsabilités en infligeant une peine de 6 mois d'emprisonnement ferme. Donc, le gosse est désormais libre.

De Quoi j'me Mêle

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