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La chronique judiciaire

Lorsque Bacchus s’en mêle

On dit souvent « boire ou conduire », mais on pourrait très bien dire « boire ou se taire »

De nos jours, boire en public ne se fait plus. Les générations passent et les mœurs, avec. Fini les bars ouverts de jour comme de nuit, mieux que les cafés où les amateurs de bon vin, les adeptes de Bacchus et
autres messieurs en mal de tranquillité se retrouvaient, le temps de prendre un pot et les voilà qui s’en retournent, des fois joyeux et d’autres malheureux, chez eux. Il est devenu très rare de
rencontrer un ivrogne, tanguant dans la rue, se dandinant sous l’effet d’une prise carabinée d’alcool, insultant à tout-va les passants, évoquant en termes peu délicats les politiques et, autres temps, autres mœurs, louant la grâce d’Allah, loué comme jamais ces ivrognes ne l’ont fait. Jusque-là, cela ne peut en aucun cas, faire l’objet de recherches, de rappels à l’ordre et d’interpellations par exemple, menant facilement au trouble à l’ordre public.
Les procès autour de « l’état d’ivresse » se font rares. Mais ce genre d’alcooliques, devient insupportable. Lorsqu’ils commencent à crier, à polluer l’environnement par des propos malsains, des mots orduriers que seul un ivrogne est capable de prononcer, sans honte et par-dessus le marché, publiquement. Blicha G. un quinquagénaire malheureux chez lui, (ce sera lui-même qui l’affirmera durant les débats de son procès où il a comparu en qualité
« d’inculpé d’état d’ivresse manifeste et trouble à l’ordre public »), se fera remarquer par une attitude malsaine. Instituteur de son état, ce monsieur était d’habitude, un élégant type. Or, ce jeudi après-midi, il avait une attitude révoltante. A la sortie de son immeuble, l’enseignant près de la retraite, était couché à même le sol, en train de rendre tout ce qui a été ingurgité le matin. Une femme passant par là, se pinça les narines de dégoût en faisant une remarque qui déplut aussitôt au monsieur apparemment malade et très mal en point. Il est vrai qu’un ivrogne oublie souvent que quelqu’un qui boit, doit impérativement savoir qu’il faut boire ou se taire ! Boire n’est pas en soi un délit, mais boire et injurier, crier etc. peuvent l’être. Le bonhomme se releva, dépoussiéra son pantalon et la manche gauche de son veston. Il finit de nettoyer ses vêtements en continuant à déverser un flot d’insupportables grossièretés qui révoltèrent les voisins. Certains de ces voisins se mirent dans un état, on ne vous dit pas. Ils prirent véritablement la mouche et allèrent s’en prendre au malheureux soulard, qui ne pouvait même pas prendre ses jambes à son cou et le large ! Pendant ce temps, comme il est toujours de coutume au moment où une rixe a lieu, un rassemblement s’ensuivit, formant un attroupement que n’aiment pas les services d’ordre au moment de leurs interventions Mais que voulez-vous, c’est une des multiples facettes de notre culture! D’ailleurs, l’attroupement cessera quand les flics arriveront rapidement suite probablement à un appel anonyme d’un citoyen. Le soulard sera invité à passer dans la cellule d’attente, le temps que l’état d’ivresse passe. On ne peut jamais entendre sur un procès-verbal, une personne out, c’est la loi et la raison qui le veulent. Le lendemain donc, les policiers se rendent en cellule, voir de plus près l’homme qui, la veille, était inabordable. Il y avait de quoi avec le taux (deux grammes !). Ainsi, après avoir établi le procès-verbal, direction le parquet du coin où un boulot monstre est constaté dès l’arrivée de l’inculpé qui va d’ailleurs l’être, une fois l’audition avec le procureur de la république terminée. Il comparaîtra à la prochaine audience correctionnelle, soit celle du surlendemain, dimanche. Et comme nous étions vendredi, le bonhomme passera donc deux nuits supplémentaires à l’ombre et à l’abri. Le dimanche matin donc, Blicha M. est embarqué pour assister à son procès et connaître son sort qu’il a choisi en se mettant à consommer trop d’alcool, prenant une telle quantité qui fera de lui une loque. Un instituteur qui boit, c’est peut-être, à la limite acceptable ; mais un enseignant qui boit et déverse autour de lui des propos dégueulasses, non !
Quand il sera appelé à la barre, la juge ne trouve pas un document nécessaire aux débats. Elle se donne une semaine pour obtenir le papier en question, et fixe rendez-vous au pauvre auteur de délits pour la semaine prochaine. Comme prévu, le procès se tint sous les meilleurs auspices. L’interrogatoire ne dura pas longtemps, surtout que Blicha M., le détenu, a vite reconnu les faits, s’est excusé auprès de tout le monde, a fait amende honorable et s’est dit prêt à accepter toute sentence que prononcera la juge ! 

De Quoi j'me Mêle

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