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La chronique judiciaire

Le doute est un excellent avocat

Il arrive souvent à des magistrats de relaxer un inculpé bien défendu et ce, en l’absence de la victime.

Oui, il arrive souvent à un juge du siège de juger un inculpé, alors que la victime est absente, malgré des convocations expédiées à temps. Il est jugé équitablement. Et là, la victime est vite débusquée, surtout si cette dernière a trompé la justice en donnant de fausses coordonnées et donc impossible à toucher par une convocation du tribunal.
Ajoutez à tout cela, le casier quasi vierge de l’inculpé qui ne comprend pas, surtout pas, pourquoi la justice ne cherche pas après la victime.
En effet, la loi ne prévoit pas l’obligation pour une victime d’assister aux débats d’un dossier donné. Les subterfuges sont nombreux pour une victime qui cherche à tout prix à laisser le détenu en taule le plus longtemps possible.
Une présidente plus qu’en forme et compétente a les ingrédients pour sauter cet obstacle...
Les défenseurs constitués, sont chargés de défendre Kharchi. S. un jeune de vingt-deux ans - tout ronds - et aussi grand qu’un joueur de basket-ball, version N.B.A. L’article 354 pend au nez du détenu. L’article 354 (loi n° 06-23 du 20 décembre 2006 ) qui dispose clairement et sans un mot d’excuse que : « Sont punis d’un emprisonnement de cinq (5) à dix (10) ans et d’une amende de 500 000 à 1 000 000 de DA les individus coupables de vol commis avec une seule des circonstances suivantes :
1°) si le vol a été commis la nuit ; 2°) si le vol a été commis par deux ou plusieurs personnes; 3°) si le vol a été commis à l’aide d’escalade, d’effraction extérieure ou intérieure, d’ouverture souterraine, de fausses clés, ou de bris de scellés, même dans un édifice ne servant pas d’habitation.
Le tribunal peut, en outre prononcer, la peine d’interdiction d’un ou de plusieurs des droits prévus à l’article 9 bis1 de la présente loi ainsi que la peine d’interdiction de séjour dans les conditions prévues aux articles 12 et 13 de la présente loi.
La tentative du délit prévue par cet article est punie des mêmes peines que l’infraction consommée. » Il a fait deux déclarations contradictoires. Il en a fait une toute autre, troisième devant la juge.
Les deux conseils vont alors s’employer à convaincre le tribunal que ce « primaire » est véritablement innocent puisqu’il n’a fait que nier depuis son interpellation à la suite de la plainte de la victime qu’elle a reconnu sur une photo présentée au poste de police.
Le témoin Garidi J. commence par raconter ses péripéties, mais la présidente lui rappelle qu’il doit témoigner sur le vol par escalade, commis le 2 du mois.
« Le 2, jour du vol, j’étais avec Kharchi G. Je le jure devant Allah ». Pour les deux défenseurs, c’était du gâteau dès lors que ces propos sont tombés à point nommé pour édifier le tribunal que les bijoux n’avaient pas été volés ce jour par l’inculpé qui a escaladé la façade du domicile, un exercice facilement réalisable du fait de la présence de barreaux, censés protéger les lieux.
La représentante du ministère public, debout comme un cierge, requiert « robotiquement », tout de même un an d’emprisonnement ferme car, dira-t-elle : « Kharchi a vu Garidi à quatorze heures alors que le délit a été commis une heure plutôt. Vous aviez tout le temps de vous rendre auprès du témoin. »
Le premier avocat axe son intervention sur les renseignements donnés par la victime qui n’ont rien à voir avec notre client. « Et puis, Mme la présidente, il n’a fait que nier. Pourquoi ne pas le croire lorsqu’il vous affirme qu’il n’a quitté l’hôpital que vers quinze heures », a lancé le défenseur qui a vivement réclamé la relaxe. « Pourquoi l’absence de la pseudo-victime ? Simple, Mme la présidente, elle a donné de fausses coordonnées comme elle a donné de faux renseignements. Donc, avec cet argument, nous nous permettons de rappeler que la colonne vertébrale d’une inculpation reste l’ordonnance de renvoi. C’est un dossier quasi-vide.
Le parquet demande un an ferme sans présenter de preuves. C’est malheureux, les mauvais réflexes sont restés. Nous avons la nette impression que tous les Algériens écoutent le ministre de la Justice, sauf les magistrats, les principaux intéressés. Seule la relaxe peut redresser cette fâcheuse situation. Un innocent croupit en taule et la victime est chez elle, sans se soucier de l’état de ce jeune qui mérite la relaxe et mieux, la réhabilitation ».
La juge, en magistrate expérimentée et avisée, préfère réfléchir encore jusqu’à la fin de l’audience, avant de rendre le verdict suivant : l’inculpé est relaxé au bénéfice du doute. Justice est donc rendue pour le bien des gens, dont beaucoup déclarent haut et fort qu’elle demeure « la justice aux coups de fil »! C’est triste . . . Mais c’est ainsi.

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