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Le corrompu au purgatoire?

Un ex-sénateur RND de Tipasa invite Mourad dans le café de son fils, pour s'expliquer autour du chantage exercé par un journaliste local...

La salle d'audience du tribunal de Tipasa, vers les neuf heures passées, le service d'ordre est sur pied en veillant à ce que rien ne vienne perturber les travaux de la jeune présidente de la section pénale. La juge Radhia Benghazel qui a fait son boulot à la perfection, bien aidée par le jeune Khiar, procureur, est fin prête. Dehors, c'est la cohue! Les curieux sont debout faute de places à l'intérieur. Les policiers sont fort nombreux.
Dans la salle, Maître Nassima Aïd s'écrira en direction de son client, au cours de la séance consacrée aux questions préjudicielles: «Vous voulez être jugé avec la casquette de sénateur?» La réponse de l'inculpé sera affirmative. Ce sera certainement l'arme à conviction du collectif d'avocats, alors que les dés sont jetés quant au triste sort qui l'attend! Mais, c'est méconnaître la mentalité de la juge du jour qui fait partie des magistrats dits de «facebook»! De ce côté, c'est l'assurance d'un bon déroulement des débats. Il faut vite préciser que cette affaire est mal venue pour l'inculpé, un sénateur proche collaborateur d'Ahmed Ouyahia, secrétaire général du RND: elle est tombée en plein Hirak, lequel ne cesse de réclamer, à tue-tête et à gorges déployées, la chasse aux corrupteurs et aux corrompus.
L'inculpation a son... son, bruyant, désastreux et dévastateur en cas de condamnation du monsieur contre qui le procureur réclamera, sans état d'âme, huit ans d'emprisonnement ferme car les faits relèvent des redoutables articles de la fameuse «loi sur la prévention et la lutte contre la corruption». L'inculpé, visiblement harassé par les douloureux et insupportables neuf mois d'enfermement, tient le coup grâce au soutien de ses conseils. Son adversaire, Mourad, en victime décidée à l'envoyer au purgatoire malgré la qualité du collectif de ses avocats, s'installe confortablement... Dans le box des accusés, il y a outre Malik, l'ex- sénateur, Mostefa et Abdelhak deux très jeunes agents de sécurité poursuivis de complicité de corruption. Tout le décor est mis en place. Auparavant, Benghazel, la charmante et efficace juge du siège a déjà entendu depuis neuf heures, un groupe d'inculpés de divers délits. On peut commencer à onze heures pile le procès qui s'annonce long et douloureux. Cela débute par les traditionnelles et attendues questions préjudicielles qui tourneront, en somme, autour de l'annulation des procédures. Il y a trop de déchets! L'interrogatoire n'apportera rien de «sensationnel».
A quinze heures quarante-cinq, Khiar, le procureur, se lève et décortiquera les faits, très graves selon lui, car émanant d'un élu du peuple et de quelle région du pays! Parce qu'il en disait trop, il avale de travers. Il semble au bord de l'étouffement quand un vieillard, ayant pris peur, lui tend, avec l'accord de la juge Benghazel, une bouteille d'eau. Il refuse poliment et retrouve la sérénité et le réquisitoire. Il effectue les demandes sur la base de la «loi sur la lutte contre la corruption»: «Le flagrant délit y est, ainsi que l'abus d'autorité, contre Malik B. Je requiers huit ans d'emprisonnement ferme et contre les deux agents de sécurité, eux, Mustafa et Abdelhak, six ans pour complicité de corruption, sur la base de l'article 25, de la corruption d'agents publics.»
Après les nombreuses plaidoiries, alors que tout le monde est à bout, le dernier mot est accordé à l'inculpé. Il dira simplement, la peur au ventre: «Je suis innocent. Il y a forcément méprise que la justice trouvera et me blanchira!» L'affaire est mise en examen pour demain, dimanche 5 mai 2019!

De Quoi j'me Mêle

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