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La chronique judiciaire

L’auteur, le receleur et la loi

Quand les flics ramènent un malfaiteur et son complice, dans la même voiture-radio, on peut crier haut et fort que le boulot est entamé...

Hakim G. est un gars qui adore errer ans les grandes rues de la capitale, à la recherche de « gibier », de préférence un appartement vide à visiter.
Un domicile déserté par ses occupants partis le week-end au bled, a reçu la visite de voleurs à Sidi M’hamed, Alger.
La lourde, mais efficace roue de la police judiciaire s‘ébranle aussitôt : en un tour de main extraordinaire, les auteurs (le voleur et un receleur) sont présentés en comparution immédiate, les deux inculpés se mettent de suite à table. Hakim est docile comme tout.
Le président est aussi ravi d’avoir le receleur sur qui la police a retrouvé les bijoux dérobés la fameuse nuit.
Les malfaiteurs présumés sont debout face au président de la section correctionnelle du tribunal de Sidi M’hamed, Alger, qui est réputé comme quelqu’un de dur et rude.
Le premier inculpé, Hakim G. est lourd à répondre aux questions du tribunal, comme par exemple :
« Est-ce que vous reconnaissez l’homme ici présent, qui est à votre gauche ?
- Bien sûr, c’est Farouk, le boucher. Je ne le connais que trop ! rétorque le premier détenu poursuivi pour vol par effraction, fait prévu et puni par l’article 350 du Code pénal.
- Non, ce n’est pas Farid M., mais Hakim G., rectifie le magistrat qui paraît sûr de lui.
- Je suis désolé mais je vous contredis pour la simple raison que je connais cet homme depuis maintenant deux années et demie et pas une seule fois je n’ai entendu les gens l’appeler Farouk. »
« Des gens de cette catégorie prennent toujours les précautions pour semer les flics. Mais chez nous, nous avons aussi nos précautions. C’est ainsi que nous savions que l’inculpé de recel, Hakim, empruntait le pseudonyme de Farouk, le boucher, mais ce n’est pas important car l’ usage d’ un pseudonyme est utile pour le receleur car, une fois pris, le voleur nous donnera une fausse coordonnée ! Alors Hakim ou Farouk, peu importe ! », récite sans ponctuation, le magistrat.
« Que lui aviez-vous donné, quand et où ? interroge-t-il.
Et avant que l’inculpé ne réponde, Hakim marmonne :
« Je ne le connais pas. Comment pourrais-je ramener quelque chose à quelqu’un que je ne connais pas?
- Vous, taisez-vous ! On ne vous a pas adressé la parole ! ordonne le juge, visiblement agacé par le comportement du receleur.
Hakim est à l’aise. Il a choisi de coopérer avec la justice : on ne sait jamais. (Ici, il a dû songer aux circonstances atténuantes ). Il mâchonne :
« Vendredi dernier, il est venu au café avec un paquet, ou plus tôt une liasse de billets verts qu’il m’a remis à la porte de l’établissement, le plus discrètement possible.
- Et alors ? insista le magistrat qui voulait avancer…
A mon tour, j’ ai sorti de la poche de ma veste, un fichu contenant des bijoux. Il y avait là des bijoux d’une valeur de 835 millions en attendant de remettre le reste. Dans ces cas, on fait beaucoup attention aux regards des gens …
C’est bon ! A vous Farouk! Qu’ avez-vous à dire dans cette affaire, ou à ajouter ?
- Rien qui puisse venir grossir les propos de Farouk, le boucher.
- Il ne reste que Farouk Farid, Ali, Madjid ou Rabah, peu importe le prénom du receleur ! Vous voulez dire quelque chose pour votre défense ? C est le moment et le bon !
- Rien ! Je suis innocent et ce n’est pas un rat comme ce Hakim qui me fera parler. Et puis parler de quoi ? Je suis innocent, je vous le répète !
- Commencez par retirer l’insulte que vous venez de proférer à l’ encontre de votre copain. Ce n’est pas poli d’évoquer un « rat » dans une salle d’audience ! Parlez-nous un peu du lot de bijoux que les policiers ont trouvé sur vous, voulez-vous?
- Je m’excuse ! Et puis, je n’ai rien à ajouter pour un citoyen honnête et innocent comme moi ! Les bijoux, quels bijoux ? Ils n’ont rien trouvé du tout, sur moi ! C’est une machination de la police...
- Oui, c’est bien cela ! C’est très bien ! Monsieur le procureur, vos réquisitions, SVP ! », lâche le juge, au bord de la lassitude face à ce coriace inculpé,
« Hakim G. trois ans fermes et 10 000 DA d’amende. Djamel pour avoir racheté des bijoux trouvés dans un vol commis la nuit dans un appartement dont les occupants étaient absents ; 4 ans d’emprisonnement ferme et 250 000 dinars d’amende aussi ferme », récite le parquetier. Sur le siège, le président inflige la peine requise par le parquetier, car les faits étant têtus et graves, la loi doit être appliquée dans toute sa rigueur.

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