{{ temperature }}° C / {{ description }}

Cité introuvable.

Enfants pauvres d’un papa riche

Le non-paiement de la pension alimentaire est un farouche délit qui continue, malgré la vigilance des juges qui sévissent fort, de faire des ravages !

La vaste salle d’audience de la cinquième chambre correctionnelle de Boumerdès était quasi vide vers les 11h34 et le rôle de la soixantaine de dossiers se vidait sans rémission. Il ne restait plus dans la salle d’audience, outre les magistrats, que trois avocats et les flics affectés à la surveillance du périmètre de la salle d’audience.
Le dernier inculpé libre est appelé par Abdelhamid Bourezg, le président. Entouré par Samira Ayadi et Faïza Mousrati, les deux conseillères qui étaient
venues lors du dernier mouvement des magistrats, des tribunaux de Hussein Dey et El Harrach (cour d’Alger), Bourezg, victime de l’environnement marin de la ville côtière, lui, qui est descendu de Aïn Defla où il a exercé près de trois longues années, regarde bien en face l’inculpé avant de murmurer : « Vous n’avez donc aucune gêne à vous présenter ainsi devant cette honorable composition ? Vous présenter sans honte en survêtement, au cours d’un sérieux procès, n’est pas bien recommandé ! Est-ce que vous savez que c’est interdit d’entrer dans une juridiction, ainsi vêtu ? » Il jeta un œil en direction de Youssef Menasra, le procureur général de l’audience qui a vite saisi le sens de ce regard, puisque c’est le chef de la police chargé de la surveillance des lieux et donc il fallait au parquet de se remuer à la porte d’entrée.
Le juge était visiblement mal à l’aise de se trouver ainsi, faisant des remarques autour d’une question d’ordre organisationnel. Il signifia l’inculpation à l’inculpé d’un mètre quatre vingt-cinq centimètres, celui-là même qui ignorait les termes de l’article 331 (loi n°06-23 du 20 décembre 2006) qui mettent en valeur qu’est punie d’un emprisonnement de 6 mois à 3 ans et d’une amende de 50 000 DA à 300 000 DA, toute personne qui, au mépris d’une décision de justice rendue contre elle ou en méconnaissance d’une ordonnance ou d’un jugement l’ayant condamnée à verser une pension alimentaire à son conjoint, à ses ascendants, à ses descendants, est volontairement demeurée plus de 2 mois sans fournir la totalité des subsides déterminés par le juge ni de s’acquitter du montant intégral de la pension.
Le défaut du paiement est présumé volontaire, sauf preuve contraire.
L’insolvabilité qui résulte de l’inconduite habituelle de la paresse ou de l’ivrognerie, n’est en aucun cas un motif d’excuse valable pour le débiteur... » Abdelhamid Bourezg, le juge entame un interrogatoire ciblé pour essayer de cerner le problème du non-paiement de la pension alimentaire d’un père de famille visiblement égaré car, il faut être vraiment un sonné, un taré, doublé d’un véritable idiot pour être à son âge, poursuivi par la mère de ses trois enfants en bas âge, pour un dangereux délit s’apparentant à l’abandon de famille.
Une ex-épouse qui pousse la « méchanceté » jusqu’à entamer des poursuites judiciaires contre le père de ses enfants, a dû le faire, que contrainte et forcée par la faim des enfants.
« Combien avez-vous d’enfants ? », dit Abdelhamid Bourezg, le président qui connaissait déjà le nombre exact d’enfants du prévenu dont la réponse pouvait édifier les magistrats pour la suite. « Trois ! »
Un lourd silence s’installa dans la salle d’audience. « Et jusqu’à quand allez- vous jouer avec la faim de vos enfants ? » reprit le magistrat qui allait ajouter : « Vous travaillez ? »
Le longiligne prévenu lâche entre ses fines mâchoires : « Je suis cultivateur dans la région! ».
Le juge n’a pas le temps de lancer une réplique à la réponse du prévenu, que l’avocate de la partie civile ajoute dans la même ligne :
« Et il a aussi un magasin d’articles scolaires ! ».
Cette info a soulevé la réprobation des présents, surtout celle de Youssef Menasra, le procureur général qui, sera sans pitié lors de ses demandes.
« Je réclame l’aggravation de la peine prononcée par le tribunal, vu la mauvaise foi évidente du prévenu qui ne veut pas comprendre que ses propres gosses crèvent de faim et qu’il est temps que cet inculpé comprenne que la loi doit être appliquée dans toute sa rigueur ! » Peu après ce sec et rude réquisitoire, Bourezg, le juge du siège, demandera au prévenu de prononcer le dernier mot que la loi a prévu. Il marmonnera quelque chose comme une demande de... relaxe, comme si de rien n’était arrivé, avant les deux comparutions ! Cela a suffi pour que le juge annonce la mise en examen de l’affaire pour jeudi 16 janvier 2020. En quittant la salle d’audience, l’inculpé regardait droit devant lui, dans l’espoir peut-être de rencontrer son ex-dame, juste pour lui lancer deux mots à propos de ce procès. Nous avions la nette certitude qu’il voulait la rencontrer pour lui reprocher de l’avoir traîné, et, par conséquent « éclaboussé » devant la justice pour... quelques millions de centimes ! Ah ! Cet ego !

De Quoi j'me Mêle

Placeholder

Découvrez toutes les anciennes éditions de votre journal préféré