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Lettre à mon président

Abdelaziz Bouteflika fait partie de notre histoire. Ce qu'il a fait pour le pays restera gravé pour l'éternité. Aujourd'hui qu'il n'est plus président de la République, j'estime le moment opportun pour témoigner. Modestement. C'était il y a 57 ans...

Confessions. Pour la première fois de ma longue carrière de journaliste, je vais utiliser le «je» pour m'adresser personnellement à l'homme qui a marqué l'histoire de mon pays. J'ai commencé à vous «connaître» dès les premières heures de l'indépendance. En septembre 1962 lorsque vous avez été nommé ministre de la Jeunesse et des Sports dans le premier gouvernement de l'Algérie indépendante dirigé par le défunt Ahmed Ben bella. Vous aviez à peine 25 ans, mais vous étiez déjà un moudjahid depuis votre adolescence. C'est cette précocité qui attirait les regards sur votre personne. Le siège de votre ministère était situé à la rue Larbi Ben-M'hidi, en plein centre de la capitale. C'est dans cette grande artère que je vous ai aperçu la toute première fois avec les yeux émerveillés de l'adolescent que j'étais. Je n'ai su que plus tard, grâce aux lectures, que c'était vous que le colonel Houari Boumediene avait chargé d'approcher, à la veille de l'indépendance, les responsables de la lutte de libération dont l'avion avait été détourné par l'armée française et qui étaient détenus au château d'Aulnoy (France). Votre mission était de les rallier au projet porté par «l'armée des frontières». Vous aviez réussi à convaincre Ben Bella qui vous a rejoint et est devenu le premier président de l'Algérie indépendante. Il était donc tout à fait naturel que vous fassiez partie de son gouvernement. Même si le département de la jeunesse et des sports pouvait paraître étroit à vos capacités prouvées de dirigeant au-dessus de la moyenne. D'ailleurs, une année plus tard, en septembre 1963, vous avez été nommé ministre des Affaires étrangères, dans le deuxième gouvernement. Vous étiez alors le plus jeune ministre au monde à ce poste. Vous aviez pu ainsi faire étalage, aux yeux du monde, de vos prouesses sur la scène internationale. J'ai suivi, toujours avec la même admiration, vos «faits d'armes» à la tête de la diplomatie algérienne. On disait de vous que «vous étiez de passage» à Alger tant vous passiez du temps dans les avions à sillonner le monde. Et puis vint le jour où je vous ai vu de plus près.
C'était durant l'été 1975 à la salle Atlas lors d'un meeting sur la Charte nationale. Ce jour-là, j'ai découvert votre talent d'orateur et votre charisme. J'en ai retenu une parole appuyée par un geste. Devant une salle comble tétanisée par l'art et la manière qui vous sont propres, vous aviez affirmé n'avoir «rien dans la poche, rien dans les mains». Ceci pour dire que votre seul intérêt était de servir la patrie. Ce qui à ce jour est incontestable. Je passe sur beaucoup d'événements et de dossiers que avez brillamment traités, d'une part l'espace ne le permet pas et d'autre part ils sont de notoriété publique. C'est sur la base de ce suivi professionnel que j'ai, dès 1999, rejoint votre QG de campagne électorale. Alors qu'une bonne partie de la population ne vous connaissait pas, vu la longue traversée du désert que vous aviez subie, j'étais convaincu que vous étiez le dirigeant idéal pour mon pays l'Algérie qui vivait à l'époque l'enfer. Je ne m'étais pas trompé. Vous avez ramené la paix, la Réconciliation nationale. Vous avez jeté les bases d'une relance de l'économie. Vous avez mis en oeuvre une politique sociale en droite ligne de la déclaration de Novembre. Vous avez fait tout ce qui est humainement possible pour faire progresser l'Algérie et les Algériens. Ceci en faisant face à une adversité de plus en plus redoutable à mesure que les années passaient et que les réalisations s'enchaînaient.
Le contraire aurait été étonnant. D'autant qu'en politique faire l'unanimité est inimaginable. Moi-même, je n'ai pas été dans le sens du poil avec vous dans certains de mes écrits. Je n'ai jamais visé votre personne, mais l'homme public que vous étiez. Professionnel dans le journalisme de longue date, je sais que l'exercice de la politique surexpose ses acteurs. Je tenais à vous rendre hommage pour toutes les réalisations accomplies pour le pays sous votre direction. Je le fais maintenant que vous n'êtes plus en charge des affaires de l'Etat. Et je continuerai, jusqu'à la fin de ma vie, à témoigner de votre engagement, de votre intégrité et de votre expertise qui ont sauvé plus d'une fois le pays et le peuple. Je pense au «printemps arabe». Je pense au FMI. Je pense à la chute du baril. Je pense aussi aux millions de familles qui logent décemment. Je pense au gaz naturel au plus loin de nos montagnes. Je pense comme la majorité des Algériens qui ne sont pas ingrats. Je suis très à l'aise pour le dire. Pour le crier même. Je suis d'autant plus à l'aise que je ne défends aucun intérêt personnel.
Lorsque je vous ai soutenu en 1999, j'étais journaliste. En 2019 je suis toujours journaliste. Avec quelques «bosses» récoltées au cours de l'exercice de mes fonctions. C'est un autre sujet. Je vous souhaite, mon président, un prompt rétablissement et une longue et paisible vie!
Signé: un journaliste dans la foule

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