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Les comiques ont disparu d’Algérie

Avez-vous remarqué que le rire n’existe plus chez nous ? Par contre, la violence sévit. Il n’y a plus d’artistes pour remplacer Rouiched, l’inspecteur Tahar, Mohamed Touri et d’autres. Pourquoi ?...

C’est très sérieux. Un candidat à l’élection présidentiel du 12 décembre prochain a relevé, dans un de ses meetings, la nécessité d’apaiser les cœurs et de combattre la haine qui envahit notre corps social. Du coup, il a eu le mérite de nous rappeler que l’un des puissants moyens de combattre cette haine, c’est le rire. De fil en aiguille, on s’est rappelé aussi que les artistes du rire ont disparu de notre paysage culturel. Une grande perte pour toute la société. Et personne ne semble prendre conscience de cette immense perte. On fait du bruit autour du livre, du cinéma, de la chanson, de la peinture, mais du côté de l’humour c’est le silence. Oui, c’est un art. Avec des bienfaits avérés sur la santé. Les scientifiques affirment qu’il permet d’évacuer le stress, qu’il réduit la tension artérielle, qu’il renforce le système immunitaire, qu’il réduit la douleur, qu’il augmente la confiance en soi et enfin qu’il ouvre la voie à la convivialité. Notre culture est amputée de cet art. Nos responsables semblent le négliger. Rien n’est fait pour découvrir de nouveaux talents. Le dernier festival du rire de Bou-Ismaïl (W. Tipasa) est mort de sa belle mort. A signaler tout de même cette émission de la télévision publique qu’une courageuse animatrice, aidée de deux clowns, tente de donner le sourire aux petits enfants. Beaucoup de mérite, mais très peu d’impact. Pourquoi ne serait-il pas possible d’organiser un concours du rire à l’image d’Alhane Oua Chabab pour la chanson ? Bien que même les lauréats de la chanson disparaissent très vite de la scène. Cet art devrait mobiliser tous nos décideurs. Pour l’encourager. Pour le promouvoir. Une société qui ne rit pas se morfond. C’est du domaine de la santé publique. La thérapie par le rire est une réalité dans les pays avancés. Les sujets qui font rire sont divers et variés. On peut rire de ses malheurs. De ses défauts, des fléaux, de comportements, etc. Il faut pour cela le regard acéré d’un artiste doué pour transformer tous ces aspects négatifs en un rire bienfaiteur. L’absence d’humoristes n’a rien à voir avec une quelconque phase difficile que traverserait le pays. En pleine colonisation de notre pays avec ses souffrances et sa misère, des hommes comme Touri, Hassan El Hassani (boubagra), Ouenniche, Djaffar Beck, avaient réussi à faire rire les Algériens. De quoi les soulager de leurs douleurs. Charlie Chaplin (Charlot) a fait rire le monde entier au cours des deux guerres mondiales. En pleine récession de 1929 aussi. Le chômage, le rationnement, la faim, le froid, rien n’arrête le besoin de rire de l’individu. C’est un réflexe que le corps possède pour se protéger de bien d’autres maladies dont nous avons cité quelques unes plus haut. Chez nous, la prise de conscience de la nécessité de rire ne semble pas faire défaut. Pour preuve, ces clowns qui se rendent dans les hôpitaux pour divertir les enfants malades. Mais ce n’est guère suffisant. Quelques émissions télévisuelles tentent d’occuper ce terrain avec plus ou moins de réussite. Avec, cependant, beaucoup d’inconstance. On a l’impression que leur réussite éphémère est due à l’improvisation. Le rire est un art des plus difficiles. Il exige beaucoup de travail. D’observation. De culture générale. Du don évidemment. Les sujets et thèmes qui font rire ne sont pas universels. Ils varient d’un peuple à un autre. D’une culture à une autre. Ce qui fait rire les Chinois ne fera pas rire les Américains. Et inversement. Ce qui veut dire que l’art du rire ne se plagie pas, ne s’importe pas. Il se crée par et pour une société donnée. Si nos décideurs savaient tous les avantages que le pays et la population pourraient tirer du rire, ils n’hésiteraient pas une seconde pour en faire une priorité. Le candidat dont nous avons parlé au début, s’il a constaté que la haine mine le corps social du pays, il n’est pas certain qu’il ait pensé au rire comme solution. Et tous nos intellectuels et nos experts qui s’expriment sur des solutions à toutes sortes de problèmes, n’ont-ils pas pensé qu’il est anormal que dans notre pays aucun humoriste avec un talent réel, n’existe depuis la disparition de Rouiched ? Le dernier grand artiste du rire. Nous sommes plus que sûrs que des talents existent dans notre pays. Ils sont quelquefois là où personne n’y pense. Il faut fouiller l’Algérie profonde. Il faut organiser des événements pour les attirer, les découvrir et les aider à sortir de l’ombre. Qu’on ne s’y trompe pas, le sujet est d’une extrême importance. Qui a fait un parallèle entre la violence multiforme qui s’est abattue sur le pays et l’absence du rire ? 

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