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Le mouton et ses effets collatéraux

En Arabie saoudite, les gens n’égorgent pas eux-mêmes le mouton. Les pèlerins achètent un coupon de la valeur d’un mouton. L’animal est immolé par les services de l’Etat avant d’être congelé et offert aux musulmans démunis à travers le monde. En Algérie, cela se passe autrement…

Incomparable ! L’Aïd El Adha est une fête religieuse qui se distingue des autres. C’est même le contraire de l’Aïd El Fitr marqué, lui, par les habits neufs et les gâteaux au miel. Dimanche prochain est classé rouge par plusieurs institutions du pays. Des services de santé à la distribution d’eau potable en passant par les commerces de proximité, c’est le branle- bas de combat. Mais commençons par le commencement. Une semaine avant la fête, et même bien avant, les maquignons se frottent les mains. Ils envahissent des espaces dans les centres urbains pour vendre les troupeaux de moutons préparés de longue date. Les autorités locales ont beau leur réserver des espaces dédiés, cela ne leur suffit pas. Ils sont partout. Sur le bord des routes, dans des garages, bref dans le moindre espace jugé propice à la vente. Ce qui ne veut pas dire que tous les maquignons quittent leur région pour vendre leur cheptel. Il y a même une tendance, ces dernières années, qui pousse les citadins à se rendre dans les régions à vocation pastorale pour acheter leur mouton. Ce qui, semble-t-il, garantit la qualité et permet d’écarter les intermédiaires et ainsi acheter au juste prix. Mais ce n’est qu’une hypothèse qui reste à vérifier, car les maquignons ont plus d’un tour dans leur sac. Qu’il soit acheté au coin de la rue ou à l’autre bout du pays, le mouton a une présence remarquée dans la ville bien des jours avant la fête. Une présence par ses odeurs, par la paille qu’il laisse derrière lui, par ses bêlements la nuit, par ses déjections dans les escaliers d’immeubles et même dans les ascenseurs. Cette période qui précède l’abattage est mise à profit par certains services de l’administration pour lancer leurs appels. C’est ainsi que cette semaine, la Seaal a lancé un appel à la population. Un appel dans lequel il est précisé que la surconsommation d’eau le premier jour de l’Aïd entre 9h et 13h nécessite «entre 4 heures et 72 heures pour remplir les réservoirs et rétablir progressivement l’alimentation en eau potable». Il faudra donc s’attendre à des ruptures d’approvisionnement d’eau l’après-midi. Le ministère de l’Environnement a publié, de son côté, un communiqué dans lequel il « recommande d’éviter l’abattage anarchique dans la rue, devant les immeubles et dans les lieux publics » avant de « prévenir que si des précautions ne sont pas prises en ce sens, la pollution qui en résulterait pourrait favoriser la prolifération de quelque 300 maladies ». Sans dire lesquelles. Dans le même communiqué il est préconisé de « se débarrasser des déchets résultant du sacrifice du mouton en observant les règles d’hygiène de mise, c’est-à-dire en plaçant ces résidus dans des sacs étanches avant de les jeter dans les lieux réservés à cet effet… en respectant les horaires de passage des camions de Netcom durant les jours de l’Aïd el-Adha». Ceux qui veulent plus de détails peuvent appeler le numéro vert : 3007. Jusque-là il n’est pas question des peaux de moutons abandonnées. Personne n’en parle. L’an passé, une opération de ramassage pour l’industrie du cuir a eu lieu. Dire qu’avant, les peaux de moutons étaient soigneusement traitées dans les familles pour servir de petits tapis bien blancs, bien propres. Un geste forcément lié au pouvoir d’achat. Les services de santé eux aussi sont sur la brèche avec, notamment le kyste hydatique. Santé animale et humaine. Les deux. Personne ne parle des canalisations d’évacuation bouchées par des parties solides de l’animal. Certains jettent même la «douara» qui fait partie de notre gastronomie traditionnelle. Là, c’est un problème de complexe à guérir. Et si, par chance, toutes ses «catastrophes» sont évitées, il y en a d’autres d’ordre psychologique. C’est l’Arav, l’autorité de régulation de l’audiovisuel, qui, dans un communiqué, considère qu’il «est anormal et inadmissible que des images d’abattage d’animaux montrant des scènes choquantes, de façon crue et répétée, en gros plans et sous des angles proches et variés, d’égorgement de bêtes et de giclement de sang, soient diffusées en boucle et en plein jour, ce qui nuirait considérablement à la santé psychologique de nos enfants qui sont censés être légalement protégés et éthiquement à l’abri de ces images». Elle demande aux télés de ne pas couvrir également les combats de moutons qu’organisent certains avec des paris à la clé. Ce n’est pas fini, car le problème des commerces fermés lors des fêtes n’a toujours pas trouvé de solution. D’où le silence du ministère du Commerce. Un «pont» de quatre jours, voire plus, à gérer soi-même. Pour le pain. Pour le lait. Et bonne fête à toutes et à tous !

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