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Le coup de fil de Macron à Tebboune

Le rappel de notre ambassadeur n'empêche pas les présidents français et algérien de se parler «dans un esprit d'amitié» pour l'un et dans un «respect total» pour l'autre. Décodage...

Ligne directe. Les relations entre l'Algérie et la France ne sont pas simples. Elles n'ont ni les codes ni les éléments de langage des relations qu'ont les pays du monde entier entre eux. Dans la nuit de mardi dernier à mercredi, le président français, Emmanuel Macron, a appelé au téléphone le président algérien, Abdelmadjid Tebboune. Déjà et dans ce début de l'information, la complexité apparaît. Le communiqué de l'Elysée, publié dans la nuit, mentionne que «le président de la République s'est entretenu ce jour avec son homologue algérien, M. Abdelmadjid Tebboune». Alors que le communiqué de la Présidence algérienne indique que «le président de la République, Abdelmadjid Tebboune a reçu, mardi soir, une communication téléphonique de son homologue français, Emmanuel Macron». L'Elysée ayant préféré de ne pas préciser qui des deux a appelé l'autre. Un choix de langage qui a un sens. Ensuite, les contenus se rejoignent. L'Elysée considère que la communication s'est déroulée «dans l'esprit d'amitié, de coopération et de respect mutuel de leur souveraineté qui anime les relations entre la France et l'Algérie... Comme suite à leurs précédents échanges, ils (les deux présidents, Ndlr) ont également convenu d'oeuvrer à une relation sereine et à une relance ambitieuse de la coopération bilatérale dans tous les domaines». De son côté, la Présidence algérienne a fait savoir qu' «après avoir passé en revue les relations bilatérales, les deux parties ont convenu de leur donner une impulsion prometteuse sur des bases durables à même de garantir l'intérêt commun réciproque et le respect total de la spécificité et de la souveraineté de chacun des deux pays». Un tableau idyllique où la bienveillance et la bienséance dominent. Et c'est là où il va falloir expliquer simplement ce qui n'est pas simple. A commencer par le contexte. Le 27 mai dernier, l'APS a publié un communiqué du ministère algérien des Affaires étrangères précisant que «l'Algérie a décidé de rappeler ‘'immédiatement'' pour consultations son ambassadeur en France, suite au caractère récurrent de programmes diffusés par des chaînes de télévision publiques françaises qui sont des ‘'attaques'' contre le peuple algérien et ses institutions, dont l'Armée nationale populaire». Un rappel d'ambassadeur signifie une sérieuse brouille dont on ne retrouve aucune trace dans le «coup de fil» de mardi dernier. De plus, dans son allocution au siège du ministère de la Défense nationale, le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, qui est également chef suprême des Forces armées et ministre de la Défense nationale est revenu sur ces «attaques» qui ont motivé le rappel de notre ambassadeur. Il a pointé du doigt des lobbies. Plus précisément voilà ce qu'il a dit: «La position nationale constante de l'ANP, digne héritière de l'Armée de Libération nationale (ALN), dérange les ennemis de l'Algérie parmi les haineux, les envieux et ceux qui se cachent derrière des lobbies, toujours prisonniers d'un passé à jamais révolu. Des lobbies connus depuis le berceau, connus par leurs ramifications et leurs instruments et auxquels nous ferons face». A aucun moment il ne cite la France. C'est-à-dire l'Etat français. C'est-à-dire aussi la France officielle. Il cite des lobbies. Et si on ajoute à cela la condamnation de la colonisation française en Algérie et ses «crimes contre l'humanité» par le président français, Emmanuel Macron on commence à trouver le fil d'Ariane. Certains pourraient dire que Macron n'était que candidat lorsqu'il a prononcé la «sentence». Mais les observateurs qui suivent de près l'actualité se rappellent qu'il a persisté et signé lors de son déplacement en Côte d'Ivoire le 22 décembre dernier. Dans sa conférence de presse il a tenu ces propos: «Moi je n'appartiens pas à une génération qui a connu le colonialisme...C'est pourquoi j'ai souhaité pouvoir mettre à plat l'ensemble des sujets pour écrire une page nouvelle... qui mette fin aux oripeaux du passé.» Les termes mesurés s'expliquent par les courants adverses qui ne manquent pas dans l'Hexagone. Comme ceux qui avaient tenté de piéger Jacques Chirac avec la loi du 23 février 2005 qu'il a dû corriger. Rappelons que cette loi vantait «l'oeuvre civilisatrice de la colonisation». Pour faire court, le pouvoir en France est traversé par des milieux hostiles qui agissent contre certains présidents. De Gaulle a échappé à plusieurs attentats alors que Mitterrand a passé «calmement» deux septennats. Chirac a dû faire face à plusieurs poursuites judiciaires et a même été condamné tandis que Sarkozy a jusque-là «réussi» à s'en tirer avec des non-lieux. Beaucoup d'analystes avancent que ces milieux hostiles utilisent «la France comme cheval de Troie». Ce qui n'est pas faux!

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