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Les raisons de la faiblesse du paysage audiovisuel algérien

Depuis le Ramadhan, l'Autorité de régulation de l'audiovisuel (l'Arav) n'a pas cessé d'avertir les chaînes privées sans pour autant prendre des sanctions réelles contre ces chaînes. Mis à part la caméra cachée de la chaîne Numidia qui a été suspendue et retirée par la chaîne, aucun autre programme n'a été retiré, malgré la multitude de dérapages sur les chaînes privées durant et après le Ramadhan. Malgré leur professionnalisme technique et artistique, certaines chaînes ont un grand problème de ligne éditoriale, de cahier des charges et surtout de formation politique et sociale. Les journalistes des chaînes privées, qui viennent dans la plupart des cas de la presse écrite, n'ont eu aucune formation audiovisuelle. Les émissions des chaînes privées algériennes sont dans la majorité des cas, des émissions calquées sur des émissions de l'Unique, avec un décor remanié et seulement une liberté de ton. L'épisode de la femme qui est venue sur le plateau de la matinale d'Echourouk TV qui prétend guérir du Covid-19 avec la chique, démontre le manque de discernement des producteurs de l'émission. C'est la facilité avec laquelle la télévision privée offre sa tribune audiovisuelle à un étranger, qui est sidérante. À la télévision publique et dans le même concept d'émission matinale, il est presque difficile d'arriver à l'écran avec cette facilité. Pour se faire accepter comme invité, il faut d'abord avoir une carte de visite, un passé ou un parcours. L'émission Sabahiates de l'Entv, qui diffuse en direct, a toujours gardé la porte fermée aux charlatans, aux escrocs ou encore aux sportifs excentriques. Ainsi, certains anciens footballeurs qui n'ont pas la langue dans leur poche, ne sont jamais invités sur les plateaux de la télévision publique. Quand la chaîne marocaine 2M a été créée, ce sont des techniciens français et espagnols qui avaient monté la chaîne marocaine et construit sa structure technique et éditoriale. Quand Al Jazeera a été créée ce sont des techniciens britanniques et des journalistes de plusieurs pays arabes, formés à la BBC, la prestigieuse chaîne anglaise, qui avaient construit la chaîne qui révolutionnera le paysage audiovisuel arabe. Après la guerre civile, le Liban a été le premier pays à ouvrir son champ audiovisuel au privé, grâce à des capitaux de Libanais restés aux Etats-Unis et au Canada. Certaines chaînes libanaises ont hérité du système audiovisuel de Radio Canada. Même chose pour l'audiovisuel tunisien qui a copié le système audiovisuel italien, un pays très proche dans la mentalité et l'esprit. Aujourd'hui, nous assistons à un retard considérable dans le paysage audiovisuel privé algérien. Ce retard est le résultat du «complexe» d'une chaîne qui refuse d'être formée par des équipes étrangères françaises, arabes ou même anglaises ou canadiennes. Nos chaînes privées sont dépourvues de directeurs exécutifs, de vision à long terme et surtout de réflexion aboutie sur un audiovisuel meilleur.

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