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«Des hommes», un film où Depardieu joue l’anti-Algérien

Comment parler de la guerre d'Algérie sans montrer la guerre et l'horreur, c'est le nouveau challenge des cinéastes français. Le réalisateur franco-belge Lucas Belvaux, qui a présenté à Deauville «Des hommes», montre justement un film qui invite à comprendre ce qui s'est passé durant la guerre d'Algérie dans la tête d'un appelé, devenu un sexagénaire raciste interprété par un Gérard Depardieu monstrueux.
Adapté du livre éponyme de Laurent Mauvignier, le film se veut un peu réparateur d'une mauvaise conscience. Il y a eu évidemment les souffrances du peuple algérien, qui ont été très longues, mais celle des appelés a été extrêmement profonde aussi, la souffrance des harkis, la souffrance des pieds-noirs, avec énormément d'injustice dans tous les sens et de non-reconnaissance. On en subit les séquelles encore aujourd'hui, explique le réalisateur.
Interprété également par Jean-Pierre Darroussin et Catherine Frot, «Des hommes», qui doit sortir le 11 novembre en France, a été peu applaudi, vendredi soir, après sa projection au Festival du cinéma américain de Deauville en France. Il fait partie de neuf films sélectionnés à Cannes, mais présentés en Normandie. Feu-de-bois (Gérard Depardieu) est un imposant sexagénaire, explosif, raciste, qui, un soir, s'introduit ivre chez Saïd, comme s'il était chez lui, plaque sa femme au mur, traite la famille de «bougnoules». Dans son village, il est peu aimé, même de Rabut (Jean-Pierre Darroussin) qui comme lui a fait la guerre d'Algérie, mais dont la retenue n'a d'égal que la truculence de son ennemi de toujours. La tendresse que Feu-de-bois exprime pour sa soeur (Catherine Frot), qui condamne ses dérives, convainc toutefois le spectateur de tenter de comprendre cet ogre antipathique.
Alors que les gendarmes s'apprêtent à arrêter son frère, Solange se replonge dans les lettres qu'il lui envoyait d'Algérie. 40 ans plus tôt, celui qu'on appelait encore Bernard, est un jeune homme qui découvre la beauté d'un pays. «Cela doit être formidable de vivre ici», écrit-il. Mais il y a aussi ce que le jeune homme de 20 ans ne raconte pas parce qu'«il n'y a pas de mots pour ça». Rentré chez lui, le sexagénaire se souvient du massacre de civils algériens auquel il a assisté, impuissant. «Si j'avais été d'ici, j'aurais été fellaga», pense alors le jeune homme, avant que son camp ne soit à son tour victime d'une boucherie.
«On dit souvent que les anciens d'Algérie n'ont pas raconté, je crois surtout que personne ne voulait les entendre. On les a condamnés à ce silence, qui est la marque de la guerre d'Algérie», commente le cinéaste de 58 ans, qui s'est appuyé sur les recherches de Benjamin Stora. «Des hommes» n'évoque pas la torture, mais explore les cendres du Front National qui est en grande partie, construit sur les cendres de cette guerre-là, précise le cinéaste. Dans ce film, que certains appelés osent en faire le parallèle avec le nazisme et en particulier le massacre d'Oradour-sur-Glane (Haute-Vienne), perpétré par les SS, 18 ans avant la fin de la guerre d'Algérie, le FLN fait revisiter l'histoire à travers les restes d'une guerre qui n'a pas voulu dire son nom. 

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