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Plaidoyer pour une université locomotive de la société

Le monde nous regarde

La scène politique grouille de propositions et de contre-propositions à géométrie variable en fonction de l’oracle. Il n’est que de voir des personnalités se vouloir un nouveau destin en mêlant leur «solution» au brouhaha ambiant. Pendant ce temps, l’université se meurt, abandonnée par tous du fait que le système éducatif n’est pas un filon porteur à retour sur investissement rapide. Que l’on se souvienne ! Durant cette double décennie du mépris, les enseignants avaient fait grève pendant six mois en vain ! Le Premier ministre de l’époque, non seulement n’a pas répondu aux doléances recevables des enseignants mais a fait procéder à des ponctions sur salaire. Une grève à Air Algérie est réglée dans les 48 heures ! Résultat des courses : le système éducatif est en panne. Je veux attirer l’attention de ceux qui gouvernent et même des hommes politiques que le destin de l’Algérie est celui de son système éducatif.
C’est toujours une fierté de voir cette jeunesse affirmer haut et fort, en toute pureté, son rejet du système et surtout pas de changement dans le système. Elles et ils étaient nombreux, hier, à travers toute l’Algérie à scander leur vœu d’une Algérie du futur ouverte, tolérante, tournant le dos à un système où ils n’ont connu que les travers en termes de corruption, de passe-droits de vols et de rapines. Dans la dynamique de la Révolution tranquille du 22 février 2019, les étudiantes et les étudiants ont pris leur part, toute leur part en participant d’une façon régulière pendant 12 rendez-vous hebdomadaires et à travers toute l’Algérie. Les Algériennes et les Algériens se sont exprimés d’une façon nette. Ils ont clamé leur vision d’un futur de justice, de démocratie où chacun est jugé non pas en fonction de sa naissance de sa tribu mais en fonction de sa valeur intrinsèque, dans une Algérie tolérante, ouverte sur l’universel.. Je voudrai saisir cette opportunité de l’anniversaire du 63e anniversaire de la grève du 19 Mai 1956, pour leur affirmer qu’elles et ils sont les dignes héritiers de leurs aînés qui ont déserté les amphis pour monter au maquis défendre l’Algérie. Cette grève montra au pouvoir colonial que l’Algérie était unie et revendiquait son indépendance.

Sauver l’année
Cependant, il est indéniable que cette mission qui touche beaucoup d’universités, aussi louable soit-elle, perturbe le bon fonctionnement des universités et écoles, il serait utile de trouver une solution pour continuer à protester en sauvant l’année pour tous les établissements qui ont accumulé du retard, en décalant les enseignements en partie sur le mois de septembre il est relativement facile de déclencher une grève, mais il est autrement plus difficile de l’arrêter. Et surtout de récupérer ce qui a été perdu En l’occurrence de l’année universitaire 2018-2019, avec plus de deux mois de grève, elle semble compromise et je ne sais pas s’il y a des Plan B dans les établissement concernés pour sauver l’année ! On peut protester un jour par semaine et faire plus d’effort le reste de la semaine pour compenser le retard hebdomadaire. Le gouvernement actuel ne semble pas comprendre qu’une année de perdue ; c’est un recul scientifique du pays. Mais c’est aussi une perte financière pour les établissements qui n’ont pas fonctionné normalement ou qui ont carrément chômé.
Au-delà de tout cela, c’est le découragement des jeunes qui seront livrés à eux-mêmes. Et qui auront du mal à redémarrer. Mon sentiment est, je l’ai déjà donné que la société et les autorités doivent apprécier à leur juste valeur les revendications des jeunes en les encourageant à reprendre les cours en mettant tout en œuvre pour sauver l’année. En prolongeant les cours jusqu’à fin juillet. J’avais même proposé que les étudiants et étudiantes à l’instar des grèves au Japon, mettent un brasseur où ils cristallisent leur mécontentement, voire même qu’elles et qu’ils protestent comme l’ensemble de la société le vendredi pour des revendications tout à fait légitimes, martelées depuis le 22 février 2019 qui a vu l’avènement de cette Révolution tranquille qui fait pour le moment l’admiration du monde Sans démagogie aucune, chacun sait que la plus grande richesse du pays est sa jeunesse à qui nous devons expliquer les enjeux pour la faire participer aux défis du pays. Le pays a besoin d’une jeunesse éduquée, une jeunesse qui maîtrise les sciences. Une jeunesse en phase avec les dernières réalisations techniques. C’est donc à toute une autre jeunesse que je m’adresse, pas celle d’une jeunesse dont le cerveau est ouvert à tout vent et qui pense pouvoir s’en sortir par d’autres voies autres que celle de l’endurance et du travail H24 pour s’en sortir dans un monde qui ne fait pas d place aux faibles.
Qu’on se le dise ! Ce vingt et unième siècle n’est pas celui de la force classique où il suffisait d’avoir des hommes, pour s’imposer ! Ce n’est plus le cas, il faut des équipements de plus en plus sophistiqués et qui coûtent cher pour les pays qui n’inventent rien comme les pays arabes et qui surfent sur la vague de la rente sans sédimentation scientifique.
A l’échelle internationale, nous ne faisons pas illusion. En 2011, l’Ocde a classé Israël, pays au niveau d’éducation le plus élevé au monde après le Canada. De plus, le classement Pisa 2016 doit son acronyme à «Program for International Student Assessment», soit «Programme international pour le suivi des acquis des élèves». Il est sans appel : dans les 11 premières places, on trouve quatre pays «chinois». Les neuf premiers sur les onze sont asiatiques. Le Vietnam, un pays qui a connu la colonisation française, la guerre avec la France et aussi une autre horrible guerre avec les Etats-Unis, est classé 9e bien avant les Etats-Unis et la France (26). Nous sommes avant-derniers dans ce classement.

Brevets internationnaux
La plus grande faute des gouvernants, outre l’idéologie mortifère qui imprègne l’école, c’est l’abandon de la rationalité, notamment à travers les disciplines du baccalauréat mathématiques et mathématiques techniques (moins de 5% contre au moins 25% dans les pays évolués, comme en Allemagne (35%) ou en Iran (30%). Par ailleurs, on annonce chaque année des centaines de milliers de diplômés. Mais que valent-ils ? Avons-nous entendu un Premier ministre, un ministre, un responsable politique parler de l’acte pédagogique, de publications scientifiques, de brevets internationaux ? Non ! C’est tout cela, en fait, le malheur du système éducatif, il n’a jamais été une préoccupation des gouvernants, plus préoccupés de paix sociale que de stratégie pour la quête du savoir universel.
La guerre actuelle et encore plus la guerre du futur est la guerre de l’intelligence artificielle en action. C’est la guerre des drones pilotés de salles climatisées du fin fond des grandes puissances capables d’atteindre une cible à des milliers de kilomètres et ceux-ci guidés par des satellites géostationnaires. La guerre du futur, c’est aussi celle des robots tueurs
Toutes ces technologies ne sont pas tombées du ciel, il a fallu les créer. Pour cela il faut former encore, former et toujours former. Le meilleur exemple nous est donné par l’Iran qui traverse une situation économique épouvantable du fait d’un embargo américain et des vassaux serviles de pays arabes musulmans. Pourquoi ? parce que l’Iran a décidé de se battre en misant sur son système éducatif l’un des plus performants au monde, notamment dans les sciences exactes ( mathématiques, physique, chimie, biologie, informatique) à telle enseigne que ce pays lance ses satellites, construit ses drones, ses avions, ses fusées.. Ceci n’est pas le fruit du hasard, mais le fruit d’un investissement massif continu et résilient dans le temps pour asseoir une base scientifique pérenne. La titulaire de la médaille Fields de mathématiques ( équivalent du prix Nobel) est iranienne ; C’est la première femme au monde à décrocher ce prestigieux titre, C’est aussi une universitaire issue d’un pays musulman. Issue de la prestigieuse université Al Charif, elle a été lauréate des Olympiades de mathématiques Elle était professeur aussi à Princeton.

La performance du système éducatif
Les vrais défis qui nous attendent se résument à tout ce qui favorise l’éducation. Pour moi, tout commence à l’école ; le meilleur capital, la meilleure richesse de ce pays consiste en la mise en place graduelle d’un système éducatif performant. Rien ne doit être refusé à la formation, à la recherche. Dans ce dossier et en l’occurrence, il n’y a ni militantisme ni amateurisme, c’est un travail pédagogique qui n’a d’autre boussole que la formation de qualité quitte à ne pas brusquer les évènements et enseigner pour enseigner !! La construction d’un système éducatif en phase avec les mutations du monde devra être notre graal Il s’agit de former des jeunes qui ne doivent avoir aucun complexe ni avec leurs langues ni avec leur histoire deuxième volet impératif pour le vivre ensemble Tout doit être fait pour amener à ce brassage. Sur le plan scientifique, des compétitions scientifiques inter-universités, contribueront à ce creuset du vivre ensemble Réhabiliter le sport scolaire et universitaire permettra de favoriser les compétitions scolaires et universitaires, inter-lycées, inter-villes inter-wilayas, l’Algérie sera alors une immense ruche où l’appartenance identitaire à l’algérianité sera tout à fait naturelle.

Comment mobiliser les élites ?
Pour réussir son projet pour le futur, il peut s’avérer important qu’un examen de notre rapport au monde soit fait dans le calme et la sérénité. Tout revient en définitive à remettre l’Algérie sur le chemin du progrès En l’occurrence certaines de nos position politiques, diplomatiques du XXe siècle dépassées, anachroniques devraient être réétalonnées. Nos prises de positions devraient être sous-tendues par un projet : Celui de faire en sorte que l’Algérie émerge dans tous les sens du terme. Economique, scientifique, technologique, à savoir un projet de société qui ne laisse personne sur le bord de la route et qui permette à chaque Algérienne et chaque Algérien de s’épanouir en donnant constamment le meilleur de soi- même. Tout doit concourir à donner à l’Algérienne et à l’Algérien une bonne formation et l’Etat doit miser comme projet pour le futur sur l’éducation, l’enseignement supérieur et sur la recherche scientifique et mettra des moyens adéquats quelle que soit la santé financière du pays Dans cette entreprise titanesque, car nous partons de loin, il est indiqué aussi de faire appel à notre diaspora scientifique et l’impliquer dans des projets structurants comme le Plan informatique global. Ils peuvent contribuer pour les 200 000 universitaires à l’étranger, un don de 50 $ chacun permettrait de bâtir un système éducatif qui permettrait de changer radicalement la façon de réfléchir, d’étudier et d’appréhender le monde barrant d’une façon radicale le retour à l’irrationnel Nos jeunes à leur corps défendant, ne connaissent, pour la plupart, rien des enjeux du monde. Ils ont en tant qu’intellectuels potentiels, l’espoir de voir, un jour, l’Algérie mettre en oeuvre, dans ce nouveau siècle, une autre légitimité, celle du mérite qui est le plus sûr garant pour mener une bataille autrement plus incertaine, celle de la survie, dans un monde qui ne fait pas de place aux plus faibles intellectuellement. Le djihad contre l´ignorance est un djihad toujours recommencé, c´est, le «grand djihad» sans médaille, sans m´as-tu-vu, sans bousculade pour des postes honorifiques qui ne sont pas le fruit d´une quelconque compétence, mais, assurément, d´une allégeance suspecte.
Le moment est venu de substituer aux rentes de situations, pour le bien de ce pays, une nouvelle échelle sociale basée sur le savoir et le savoir-faire et la méritocratie. Il nous faudra aussi faire aimer ce pays à nos jeunes dont 75% sont nés après l’indépendance Ils pourront, si on sait y faire inventer un nouveau 19 Mai 1956 avec les outils du XXIe siècle du Web 2.0, une nouvelle révolution de l’intelligence Ils seront des citoyens fiers de leurs trois mille ans d’histoire, assumant leurs identités et résolument tournés vers l’avenir.

La prunelle de nos yeux
Avec cette belle révolution tranquille du 22 février 2019, J’en appelle à l’avènement de la deuxième République qui fera sienne ces idéaux et permettra au pays de miser sur sa jeunesse. Car le seul bien que nous devons protéger, notre bien le plus précieux, la prunelle de nos yeux, ce sont nos enfants que nous devons bien éduquer former, bien structurer pour avoir des grilles de décodage du monde. C’est peut-être là aussi un message posthume de nos ainé(e)s qui ont tout abandonné pour défendre jusqu’au sacrifice suprême ce pays qui nous tient tant à cœur. Nos élites dirigeantes doivent se pencher sans arrière-pensée, libérer l’école et l’université des luttes partisanes. Il n’y aura que la science qui passera. Il ne faut pas faire l’erreur de croire qu’avec une rentrée faite à tout prix, le système éducatif fonctionne. C’est une sollicitude permanente pour permettre aux enseignants de faire leur éminente tâche dans des conditions acceptables avec obligation de résultat, sévérité contre tout ce qui contrevient à l’éthique
Le monde nous regarde, il ne nous attendra pas. Il faut faire vite et bien. il faut aller vers le XXIe siècle dans le calme, la sérénité et la non-violence pour donner une utopie à cette jeunesse. Cette «Révolution tranquille » doit montrer à la face du monde que les Algériennes et Algériens ont décidé d’être acteurs de leur destin.
Les jeunes Algériennes et les jeunes Algériens universitaires seraient reconnaissants à toutes celles et ceux qui leur indiquent le chemin de l’effort en les appelant à faire preuve de résilience pour être toujours au top. Une Algérie de nos rêves, fière de ses identités multiples, ancrée dans son islam maghrébin fait de tolérance, mais résolument tournée vers le progrès est à notre portée. Il faut avant tout redonner de la fierté à la jeunesse en lui traçant un chemin, un cap, une espérance, un destin et un cordon ombilical avec sa mère patrie. Il est temps de se mettre au travail car on ne peut pas rentrer dans la modernité par effraction ou par une quelconque baraka qui n’est pas le fruit de la sueur de l’effort, de l’application sur l’ouvrage pour aboutir au bout d’un long parcours du combattant à la satisfaction d´un travail bien fait. Plus que jamais, nous avons besoin de réhabiliter le patriotisme qui n’est pas passé de mode, la fierté d’être algérien autrement que par des chi´arate. ( slogans manipulateurs), mais par des actes au quotidien. Sauver l’Algérie c’est sauver aussi son système éducatif. Cela devrait être pour chacun de nous un plébiscite de tous les jours. L’Algérienne et l’Algérien du XXIe siècle, fier(e)s de leur socle identitaire trois fois millénaire, auront sans nul doute à coeur de rattraper le temps perdu, et participeront à la construction du pays en étant, acteur(e)s ce faisant de son destin ne laissant aucun interstice à l’aventure dans cette Algérie qui nous tient tant à coeur.

De Quoi j'me Mêle

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