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Maougal a rencontré les élites

Nous ne saurons pas avant longtemps si l´aguellid numide ou maure tenait plus du Shogun que de l´empereur romain, à coup sûr il n´aura pas eu le comportement mécène du calife arabo-musulman. C´est donc à un voyage à travers le temps que nous invite Mohamed Lakhdar Maougal, à la recherche des élites algériennes. Dès qu´on parle d´élites, de nos jours, on fait référence aux producteurs de la science, des lettres et de la culture et on pense à tous les corps de métiers que sont les prêtres, les écrivains, les scribes, les mandarins, tous ceux qui, de près ou de loin, forment ce qu´on peut appeler, de nos jours, l´intelligentsia.
Pourquoi Hafnaoui est-il en prison? Pourquoi l´école algérienne est-elle sinistrée, pour reprendre une expression de Mohamed Boudiaf? Pourquoi l´université algérienne est-elle à la dérive?
Quel est le rapport entre les élites et la violence? Il serait bien sûr aisé de clore le débat en alignant les noms d´intellectuels maghrébins connus et reconnus, comme Apulée, Donat, Saint Augustin, Ibn Khaldoun, Tertullien, Mustapha Lacheref, Kateb Yacine, Ibn Toumert, Si Mohand, Ben Khlouf, mais ce ne serait pas un travail complet. Non. Maougal choisit une autre approche. Pour réponde à ces questions d´actualité et à bien d´autres tout aussi lancinantes, Mohamed Lakhdar Maougal va faire un long détour historique. Les Berbères n´apparaissent dans l´histoire, vers 7 siècles avant Jésus Christ, nous dit Maougal, qu´à la faveur des guerres puniques, c´est-à-dire avec l´installation, sur les côtes de l´Afrique du Nord des comptoirs phéniciens et surtout depuis l´avènement de la civilisation carthaginoise et du conflit qui va opposer Rome (représentant l´Occident) à Carthage (représentant l´Orient). Les Berbères n´existeraient pas donc pas par eux-mêmes, n´ayant pas laissé de traces écrites. Et ce sont les autres qui nous parlent d´eux. Les aguellids et les élites punico-berbères de l´Antiquité, nous dit Maougal, s´étaient essentiellement caractérisés par une aphasie troublante. Toujours cette histoire de la culture orale qui revient comme une litanie et que Maougal appelle le syndrome de l´éphémère. Aux siècles médiants, pour reprendre l´expression de Maougal, on assiste à un autre phénomène : le ribat. Quoique les monarques musulmans fussent de grands savants et de grands lettrés, cela n´a pas empêché de rencontrer, à côté des académies et des systèmes de mécénat, des contrôles stricts, voire inquisitoriaux, qui prouvent, si besoin est, la relative autonomie du savoir par rapport au pouvoir, ces deux sphères ayant eu à se confondre dans les sociétés des confréries maraboutiques. Une ritualisation mécaniste et scolastique qui amènera encore Maougal à parler de «noeud conflictuel majeur dans la structure névrotique de l´élite algérienne». Comme si, nous dit Maougal paraphrasant Foucault, au savoir monopolisé et secret de la tyrannie orientale, l´Europe opposait la communication universelle de la connaissance, l´échange indéfini et libre des discours.
Ce livre de Mohamed Lakhdar Maougal et de Saïd Nacer Boudiaf est donc une véritable machine à voyager dans le temps. Les différentes périodes sont ici exposées, pour aboutir à la période contemporaine, au rôle des élites dans le mouvement national, à travers notamment les écrits fondateurs de Fanon et de Lacheraf*. Ce n´est ici qu´un survol, une lecture en diagonale de ce livre. Nous promettons de revenir plus en détail sur son contenu, d´autant plus qu´il aborde des questions qui sont d´une brûlante actualité.

* Elites algériennes, histoire et conscience de castes
Par Mohamed Lakhdar Maougal et Saïd Nacer Boudiaf
Editions Apic

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