{{ temperature }}° C / {{ description }}

Cité introuvable.

L’esprit bien vacant

Comme les clous, une loi de finances peut en chasser une autre. Ce que la première a fait, une deuxième peut le défaire. C´est, en l´occurrence, ce qui est en train de se passer avec la clause qui interdit l´importation des vins (en effet, la version arabe n´utilise pas le mot alcool). Interpellé à Genève sur cette interdiction dans le cadre des discussions pour l´accession à l´OMC, le ministre du Commerce s´est contenté de dire qu´il y aura une loi de finances complémentaire pour lever toute équivoque. Mais remarquons tout de même que cette disposition n´indispose pas, sans jeu de mots, outre mesure, les interlocuteurs de l´Algérie, que ce soit à titre bilatéral ou multilatéral. L´interpellation en elle-même n´a pas duré plus de quelques secondes. Tout se passe comme si, en fin de compte, la polémique était plus interne qu´externe, entre les tenants de deux projets de société antagoniques. L´intrusion de l´OMC dans le débat n´est qu´une manière de tirer la couverture à soi en internationalisant un problème domestique.
Deux autres points qui semblent poser problème peuvent être considérés en réalité comme accessoires, voire de simples incidents de parcours. Ce sont, d´un côté, les subventions accordées par l´Algérie aux produits agricoles - quel pays ne le fait pas? Et de l´autre côté, le double prix appliqué sur les produits énergétiques, qui pourrait décourager, selon les interlocuteurs de l´Algérie, notamment les Etats-Unis, l´investissement étranger dans ce secteur. C´est à voir. Mais enfin, importantes ou pas, toutes ces réserves émises par les interlocuteurs de l´Algérie valent la peine d´être explicitées et si possibles levées, si tant est qu´elles constituent un frein à l´insertion de notre pays dans le concert des nations, pour reprendre l´expression bateau. En tout cas, elles nous renvoient à ce postulat de base qui est la dominante de la politique économique à l´algérienne : celle de la valse-hésitation, de l´esprit d´indécision.
La déréglementation qui touche des pans entiers de l´économie qui étaient jusque-là considérés comme des chasses gardées introduit une nouvelle logique de gestion et amène à faire d´amers déchirements. Comme dirait Alfred de Musset : il faut qu´une porte soit ouverte ou fermée. Elle ne peut pas être entrebâillée.
D´où nous vient cet esprit d´indécision? L´Algérie a hérité en 1962 des biens fonciers ou immobiliers et d´entités économiques ou commerciales abandonnées par les pieds-noirs et elle n´a pas su quoi en faire. L´anarchie qui s´en s´en est suivie est toujours de mise. Tout le monde est responsable, mais personne ne l´est en réalité. Ce règne de l´irresponsabilité, sous le couvert de régimes juridiques autogérés ou d´organismes pseudo étatiques ont laissé la porte ouverte à tous les laisser-aller : les ascenseurs cassés, les cages d´escalier transformées en dépotoirs. Aujourd´hui, l´Aadl elle-même récolte les fruits pourris de cet esprit bien vacant qui, dans le milieu populaire, se traduit par l´expression toute faite de «Enta´a Allah !». Ce qui appartient à Dieu est censé n´appartenir à personne, et donc il n´y a pas de compte à rendre. Aujourd´hui, en tapant aux portes de l´OMC, nos négociateurs attitrés sont surpris de s´entendre interpellés sur les faux-semblants de la libéralisation à l´algérienne. On ouvre un secteur à la concurrence mais c´est pour mieux en fermer un autre, et l´on focalise l´attention sur une disposition aux relents intégristes introduite par le parti El Islah. En réalité, c´est dans le secteur des services que se trouvent les verrous, empêchant l´Algérie d´aller de l´avant et de faire de la croissance véritable. Le tourisme, les banques, les assurances, l´audiovisuel, l´hôtellerie hospitalière, les nouvelles technologies de l´information et de la communication, l´artisanat, et autres, c´est là que se trouvent les gisements d´emplois et les facteurs de croissance, mettant en valeur le savoir-faire, la créativité, l´esprit d´entreprendre et le génie industrieux de l´Algérien qui n´est pas moins créatif ni moins travailleur que les autres citoyens du monde. Mais tant qu´on le bride et qu´on lui met des entraves, il fera du surplace. C´est l´OMC qui à sa manière, vient nous rappeler ces réalités très simples, comme hier le FMI nous tirait de notre léthargie et de notre...suffisance.

De Quoi j'me Mêle

Placeholder

Découvrez toutes les anciennes éditions de votre journal préféré

Les + Populaires

(*) Période 7 derniers jours