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Les sous-entendus de Tayeb Belaïz

En jetant le pavé dans la mare de l´abolition de la peine capitale, Tayeb Belaïz n´a pas exposé à l´opinion les raisons qui sous-tendent une telle proposition. Car, à peine ébauchée par le ministre de la Justice, la question soulève déjà moult interrogations. S´agit-il seulement d´entériner un état de fait, la peine de mort étant d´elle-même tombée en désuétude depuis 1993, puisqu´elle n´est plus appliquée depuis cette date où les auteurs de l´attentat de l´aéroport Houari Boumediene d´Alger furent exécutés. Une disposition pénale caduque puisque tombée dans les oubliettes. En tout cas, nous ne connaissons pas les principes philosophiques, voire politiques, qui ont présidé à cette proposition avant-gardiste qui a laissé sans voix la classe politique et une bonne partie des médias. A l´heure actuelle, nous ne pouvons qu´émettre des hypothèses. Est-ce que le ministre de la Justice garde des Sceaux fait sienne cette constatation que la peine de mort, malgré son caractère de châtiment et d´autoprotection est aussi, de la part de la société et de l´Etat, l´aveu terrible de l´incapacité, sinon à pardonner, du moins à corriger, à éduquer, à remettre sur le droit chemin, à donner une deuxième chance à ceux qui commettent des crimes. Quel est le coût social, psychologique, politique, de l´exécution d´un condamné à mort? La loi du talion ou la vengeance sacrificielle qui se traduit par l´élimination physique d´un criminel n´est-elle pas un constat d´échec de l´inefficacité des institutions et des services publics? La vie humaine, même celle d´un criminel, n´est-elle pas plus précieuse que tout sur Terre? Ces questions n´ont pas été abordées par M.Belaïz, ce qui laisse supposer que peut-être, elles n´entrent pas dans les motifs qui l´ont amené à faire cette proposition, et que seule la logique froide du droit positif l´ont guidé dans son choix. Pourtant, la suppression de la peine de mort existe depuis le XVIIIe siècle dans certains pays d´Europe. C´est ainsi qu´à la suite de l´ouvrage de Cesar Beccara en 1764, la Toscane l´a abolie en 1775. D´autres pays ont suivi cet exemple. On peut citer le Portugal en 1867, la Hollande en 1870, la Norvège en 1905, le Danemark en 1930, la Suisse en 1942 (en pleine seconde Guerre mondiale où les gens mouraient par millions), l´Italie en 1944 (juste après la chute de Mussolini), la Finlande en 1948 et la RFA en 1949, etc. On peut remarquer que la plupart des pays de l´Amérique du Sud et une bonne partie des Etats-Unis ont suivi le pas. La France, on le sait, l´a fait sous le premier mandat de François Mitterrand. Sur le plan doctrinal, on peut également citer l´ouvrage publié par John Howard en 1775, intitulé State of the prison. Tayeb Belaïz, qui a multiplié les sorties et les déclarations sur les conditions de la vie carcérale et sur la nécessité de réformer le secteur de la justice au cours de ses rencontres avec les magistrats, où à l´Assemblée populaire nationale, n´en a pas dit plus. Pourtant, les observateurs estiment que cette proposition de suppression de la peine capitale obéit plutôt à des motifs d´opportunisme politique et aux pressions internationales. Sans vraiment se plier aux injonctions des institutions internationales, -on n´en est plus là-, le gouvernement algérien voit toutes ses demandes d´extradition repoussées par les pays auxquels elles sont adressées, surtout de la part de pays comme la Grande-Bretagne ou l´Allemagne, où résident et activent de nombreux présumés membres de réseaux terroristes, qui étaient protégés jusqu´ici par les législations des pays d´accueil. La suppression de la peine de mort peut donc être appréhendée comme un dommage collatéral de la mondialisation, si l´on peut s´exprimer ainsi. Après tout, les négociations pour l´accession à l´OMC ont déjà amené l´Algérie à revoir l´ensemble de sa législation.

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