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Une histoire sans tabou ni a priori?

Une histoire voulue par ses concepteurs, sans tabou ni a priori, «suffisamment complète pour que tout le monde s'y reconnaisse, assez solide pour que chacun s'y adosse»...

De nombreux lecteurs ont superbement réagi à la chronique commise à la gloire des manifestations du 11 Décembre 1960 sur la base d'un écrit du sociologue et historien Abdelmadjid Merdaci. Parmi lesquels de nombreux jeunes qui n'ont pas compris les raisons qui poussent une kyrielle d'analystes à relater cet événement, déterminant à plus d'un titre, comme étant le fruit d'un acte spontané. Ayant déjà pris connaissance de l'hommage mérité rendu ici même à l'abbé Bérenguer, ils demeurent médusés et leur âme abattue face à un révisionnisme qui ne dit pas son nom. Un révisionnisme qui n'est pas sans provoquer des situations à tout le moins ubuesques mettant en scène, par exemple, un auteur autoproclamé, alors âgé de 8 ans, se présentant à travers ses écrits comme ayant été à l'origine de cette manifestation historique. Dans une émission télévisée consacrée à la question et produite par mes soins pour le compte de D'zaïr TV, j'ai eu à faire face à ce phénomène. Deux de mes invités soutenaient obstinément la thèse de la spontanéité et l'absence de toute influence du FLN comme si le vote de l'Assemblée générale des Nations unies sur le droit à l'autodétermination du peuple algérien ne serait pas le fruit du déclenchement de la lutte de Libération nationale qu'il a lui-même décidé. Le montage parallèle aidant et sur la base d'actualités cinématographiques tournées à l'époque sur l'événement qui ébranla la puissance coloniale française, je me suis permis de tourner en dérision lesdites thèses tout en m'appuyant sur les analyses de l'historien Daho Djerbal et de celui qui déclara que les manifestations de Décembre 1960 constituaient à la fois la victoire des nationalistes algériens sur le plan politique et un véritable Diên Biên Phu de l'armée française dans sa guerre menée contre l'Algérie. Je voudrai parler plus précisément - mes interlocuteurs voulaient en savoir plus - du professeur allemand de Relations internationales Hartmut Elsenhans qui avait su répondre en son temps à la question de savoir si le 11 Décembre 1960 était une action qui émergeait d'en bas, sans mot d'ordre? Un auteur dont la métaphore «un véritable Diên Biên Phu de l'armée française dans sa guerre menée contre l'Algérie» lui vaut, même de nos jours, de récurrentes inimitiés des nostalgiques de «l'Algérie française» avec, à leur tête, Gérard Lehmann à travers son livre La Guerre d'Algérie manipulée par Hartmut Elsenhans. Stipendié sans merci par des ténébrions d'un autre monde, il a su mieux que quiconque expliquer le contexte dans lequel est intervenu ce mémorable événement: «A partir de décembre 1960, la solution du problème algérien ne peut être obtenue que par les négociations d'égal à égal sur la base du repli de la France, même si la grande majorité des forces politiques françaises rejette aussi l'indépendance pure et simple de l'Algérie et souhaite une solution intermédiaire.» Dans son livre intitulé Alger, le putsch, l'historien français Maurice Vaisse considère que vaincre militairement le FLN et l'isoler politiquement de son peuple relevaient de l'utopie: «Ce même FLN, massivement appuyé par le peuple, a contraint l'administration française et, à sa tête De Gaulle, à lâcher à contre-courant des Européens d'Algérie et une partie de l'armée française qui ne veulent pas entendre le mot indépendance.» Les 96 morts et 370 blessés atteints par les balles de la soldatesque coloniale, du 9 au 13 décembre 1960, ont fini par avoir raison des stratèges de la caste coloniale et des dernières réticences de quelques nationalistes ayant condamné le déclenchement du
1er Novembre 1954. Messali Hadj montera lui-même au créneau en opposant une fin de non-recevoir à la main tendue du général de Gaulle tout en l'invitant à négocier avec le FLN, représentant unique du peuple algérien et sa révolution. Si j'ai bien compris, les esprits chagrins redoublent de férocité lorsqu'il s'agit de taire le rôle historique joué par le FLN. Celui du 1er Novembre 1954, convient-il de souligner. Ils vont jusqu'à encourager la suppression de passages importants de l'hymne national quand ils ne cachent pas leur hostilité à ce glorieux sigle qui a libéré tout un peuple de la domination capitaliste et impérialiste. Surmonter les conflits de mémoires encore à vif pour esquisser enfin une histoire qui rassemble, tel semble être le leitmotiv auquel les nouvelles générations sont conviées. Une histoire voulue par ses concepteurs, sans tabou ni a priori, «suffisamment complète pour que tout le monde s'y reconnaisse, assez solide pour que chacun s'y adosse». Au détriment du génie de tout un peuple dont le nationalisme révolutionnaire et fondateur a permis d'inscrire la question algérienne à l'ordre du jour de la session de l'Assemblée générale des Nations unies.

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