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De la responsabilité des hommes

«Le djihadisme, terme venimeux, qui n'existe pas dans le Coran, n'est pas une religion, mais une imposture produite par des échecs politiques et une idéologie extrémiste.» Mustapha CHERIF

Pour le philosophe Mustapha Cherif, la crise du monde moderne et la mondialisation de l'insécurité sont dramatiques. Et la responsabilité est partagée, renchérit-il: «Nous devons nous interroger sur notre part de responsabilité. Le recul de la démocratie et la propagande infondée du choc des civilisations sont flagrants. Pourtant, les citoyens du monde, de toutes convictions, aspirent à la paix et à la modernité.» Malgré les discours xénophobes et ceux fanatiques qui cherchent à susciter des fractures, la majorité des citoyens n'est pas dupe, soutient-il, en direction d'un lectorat européocentriste. Bien que de son point de vue le bon sens soit insidieusement perturbé quand il n'est pas chahuté par des prises de position politiciennes en complète rupture avec l'esprit d'apaisements caractérisant ce genre de situations à tout le moins anachroniques. Le doute et son lot de dysfonctionnements s'installent, renvoyant aux calendes grecques la générosité telle que portée par le concept juste du vivre ensemble. L'une des raisons invoquées par l'ancien ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique se trouve être cette idéologie mortifère, pseudo-religieuse et totalitariste se réclamant, après chacun de ses abominables forfaits, de l'Islam. La même source relativise son jugement en imputant les situations tragiques aux sombres 25 dernières années où le jeu de massacre néfaste a été induit par le monde occidental avec à sa tête le complexe militaro-industriel états-unien et la horde sioniste: «La guerre d'Afghanistan en 1989 qui a produit des mercenaires fanatisés, l'espoir déçu après les accords d'Oslo en 1993 de la question palestinienne, l'invasion de l'Irak en 2003 et la déstabilisation de pays arabes depuis 2011, ont des conséquences désastreuses.»
Pour autant, estime à juste titre Mustapha Cherif, cette situation apocalyptique telle qu'imposée au commun des mortels par des considérations géostratégiques «ne devrait pas faire oublier mille ans de civilisation arabo-musulmane, judéo-islamo-chrétienne et gréco-arabe, et la convivialité, aujourd'hui, entre les citoyens de confession musulmane et le reste de la société en Europe». Nonobstant quelques criardes difficultés et une kyrielle de dissonances, il reste un avenir commun, croit savoir la même source: «Si nous dépassons le stade de la méfiance. Une partie de l'opinion, troublée par les violences commises au nom de l'Islam, le condamne, ce qui est injuste; d'autres s'interrogent, ce qui est compréhensible. Jeter le soupçon sur l'ensemble de la communauté musulmane à cause de mauvais adeptes marginaux est irrationnel.» Mustapha Cherif veut bien comprendre une telle attitude de rejet à l'encontre du troisième monothéisme, pris comme bouc émissaire quand il n'est pas considéré comme réfractaire à la modernité, à la sécularisation et à la démocratie. Ce qui ne l'empêche pas pour autant de croire en un Islam républicain, rassembleur, apte à donner de la dimension au concept du vivre ensemble: «Il ne s'agit pas de répondre à des injonctions cyniques qui culpabilisent les musulmans en leur demandant sans cesse de condamner des actes barbares commis par des délinquants devenus criminels, mais de délégitimer les références religieuses des violences fondamentalistes et de parler haut et fort pour expliquer que le fanatisme est injustifiable. Tout le monde pressent que la religion est innocente, utilisée comme un masque par les extrémistes. Mais en même temps, de par la cruauté des mises en scène, l'histoire des guerres de religion et les préjugés vis-à-vis de l'Islam méconnu, les confusions opèrent des ravages dans un monde hyper sécularisé.» S'il désigne du doigt, sans la moindre hésitation, la nébuleuse intégriste qu'il rend responsable des amalgames infamants et des injustes anathèmes lancés contre le monde musulman, l'ancien diplomate ne tarde pas à sortir de sa réserve pour stigmatiser les forces qui s'agitent impunément depuis la chute du mur de Berlin. Des centres de décision qui agissent par les moyens de la ruse et de la perfidie pour faire diversion et mieux servir leurs ambitions hégémoniques, empêcher la manifestation de la vérité dans tous les domaines: «Il est urgent d'empêcher que l'horizon se ferme. Le 'djihadisme'', terme venimeux, qui n'existe pas dans le Coran, n'est pas une religion, mais une imposture produite par des échecs politiques et une idéologie extrémiste. Cette dérive montre que l'époque favorise les sectes politiciennes, comme pour discréditer la version spirituelle du sens du monde et les résistances à l'oppression. Les sectes qui se réclament des religions ou d'idéologies séculières prolifèrent, de par la marginalisation du sens de l'existence, la dictature du libéralisme sauvage et le recul de la démocratie.»
Pour Mustapha Cherif, les solutions existent. Elles commencent par la mise à mort des discriminations internes et des ingérences externes, marquées par la politique funeste du deux poids, deux mesures. Et en Orient se réformer, liquider les lectures archaïques des textes fondateurs et bâtir une société éclairée du juste milieu.

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