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Aux origines du football en Algérie

Rapidement, les confrontations entre équipes européennes et musulmanes furent marquées par des affrontements parfois très durs - tant sur les terrains que dans les tribunes - qui ne furent pas sans poser des problèmes aux autorités françaises, faisant ressortir l'une des contradictions majeures qu'elles tentèrent de résoudre.

(1er partie)
Didier Rey est docteur en histoire et maître de conférences à l'université de Corse. Pour ceux qui ne le connaissent pas, cet auteur a fait du football, sa préoccupation centrale. Du moins, pour ce qui est de la balle ronde ayant élu domicile en Corse et en Méditerranée occidentale. Comme je tenais à compléter les informations déjà données sur le football durant la période coloniale, j'ai cru opportun d'enrichir mon approche avec les éléments d'information véhiculés par un texte de ce spécialiste de la discipline sportive nous tenant à coeur qui aurait vu le jour en 1897. Plus précisément lorsque naquit, dans les milieux européens, le Club Athlétique Liberté d'Oran (CALO), dans une région du reste fortement soumise à l'emprise coloniale: «Par la suite, des clubs virent le jour un peu partout dans le pays pratiquement toujours à l'instigation des Européens; on peut cependant déjà signaler la création de quelques rares sociétés musulmanes, dont le FC Musulman de Mascara en mars 1913. Cette organisation à base communautaire n'excluait pas une certaine mixité. Se regroupaient ainsi les Français d'origine, les Italiens dans le Constantinois, les Espagnols dans l'Oranais; il y eut aussi des équipes maltaises, mais également des équipes juives et sionistes». La croissance des sociétés se révéla relativement importante, à la veille du premier conflit mondial, fait remarquer la même source. Cet essor s'accompagna de la mise en place des premières compétitions organisées et, dès 1913, se disputa le premier véritable championnat d'Algérie. Cependant, malgré sa vigueur, estime la même source, cette compétition resta largement informelle en dépit de l'adhésion de certaines sociétés algériennes à l'Union des sociétés françaises de sports athlétiques. (USFSA). Pour Didier Rey, la véritable intégration aux compétitions françaises, ou à tout le moins aux structures centrales, n'intervint qu'au lendemain de la Première Guerre mondiale, lorsque les équipes algériennes adhérèrent à la Fédération française de football association (FFFA), se regroupèrent au sein de trois Ligues (Oran en 1919, Alger et Constantine en 1920) et intégrèrent, en 1920, le championnat d'Afrique du Nord en compagnie de leurs homologues marocaines et tunisiennes. C'est en 1930, rapporte la même source que se déroula, pour la première fois, la coupe d'Afrique du Nord (Coupe Steeg). Rejoignant en cela l'universitaire algérien Youssef Fatès, Didier Rey met ensuite l'accent sur la grande nouveauté de l'après-guerre qui résidait inéluctablement dans l'apparition d'équipes musulmanes relativement nombreuses au vu de la période précédente, environ 18% du total de clubs en 1923-24. Parmi les sociétés musulmanes fondées à cette époque, on retiendra le Mouloudia Club Algérois, premier club musulman à s'inscrire dans le temps, fondé le 7 août 1921, dont le choix des couleurs «vert et rouge» disait assez qu'il ne se contenterait peut-être pas à l'avenir d'être un simple club de football: «Même si, comme le rappelait Youssef Fatès, ses motivations du moment restaient d'ordre strictement sportif.» Ce qui est loin d'être fondé, compte tenu du fait que la naissance du Doyen des clubs algériens intervint à la suite d'un large mouvement sociétal, culturel et sportif initié à Alger par l'Emir Khaled. Il ne nous faut pas perdre de vue que nous sommes à un moment précis de notre histoire, plus précisément à la suite des désillusions essuyées par le peuple algérien dès les lendemains de la Première Guerre mondiale et des promesses non honorées par la caste coloniale. Plus à l'Ouest, souligne Didier Rey, l'Union Sportive Musulmane d'Oran (USMO), née le 1er mai 1926 de la fusion de plusieurs sociétés, «devait en découdre avec de nombreux clubs européens dans une région du pays où ces derniers constituaient une forte minorité et étaient parfois localement majoritaires, comme dans l'arrondissement d'Oran. Enfin, il convient de ne pas oublier le Club Sportif Constantinois, le grand club de l'est du pays fondé en 1926». Chez les Européens, se distinguaient le SC Bel- Abbès, sept fois champion d'Afrique du Nord et grand rival de l'USMO, l'AS Saint-Eugène (Alger), l'AS Bône et le Racing Universitaire Algérois «le club des fils de la gentry coloniale», ce qui n'empêcha pas un jour le jeune Albert Camus, pourtant enfant de Belcourt, d'intégrer le prestigieux club: «Ceci dit, au vu de la situation coloniale, il apparaissait évident que la constitution d'équipes musulmanes destinées à s'inscrire dans la durée prenait un tout autre relief. Même si ces dernières se situaient encore - dans les années 1920 - dans une perspective légitimiste, elles n'en trouvaient pas moins dans le football un véhicule puissant d'affirmation identitaire. Ce qui devait arriver arriva plutôt que prévu, à l'instigation des exacerbations des contradictions entre la société globale algérienne et la caste coloniale. Comme déjà soutenu ici même par Youssef Fatès, les confrontations entre équipes européennes et musulmanes furent marquées par des affrontements parfois très durs - tant sur les terrains que dans les tribunes - qui ne furent pas sans poser des problèmes aux autorités françaises, faisant ressortir l'une des contradictions majeures qu'elles tentèrent de résoudre avec plus ou moins de bonheur dans les années suivantes.

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