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La zorna référendaire

C´est tout de même assez curieux que le référendum sur la charte pour la réconciliation tombe pile avec la période des mariages, fiançailles, circoncisions et départs en vacances. C´est la raison pour laquelle on assiste à des télescopages entre les cortèges. Tel cortège présidentiel en partance pour Sétif ou Ghardaïa, où le chef de l´Etat devait animer un meeting se trouve pris dans un immense cortège nuptial. Il n´en sort que pour entrer dans un autre. Les deux zornas, celle du président et celle de la fête familiale, s´accostent, les musiciens se donnent l´accolade, échangent les nouvelles et dialoguent en poussant dans le ciel des Hauts Plateaux quelques douces mélodies, pendant que les , - celles qui accompagnent la mariée et celles qui vont avec le président soutenir la charte, - lancent des youyous bien stridents. Tout cela bien sûr confère un air festif à la campagne pour le référendum. A croire que c´était programmé à l´avance. Les cors et les cornemuses, plus Boualem Titiche que jamais, font gonfler les joues du vent, et seul Dieu y reconnaîtra les siens.
Cette année, c´est vraiment l´année des mariages. Alors qu´auparavant on ne se mariait généralement que les week-ends, maintenant on convole en justes noces à longueur de semaine, du samedi au vendredi. C´est tous les jours fête aux quatre coins du pays, parce qu´il est difficile de trouver une salle des fêtes de libre, les réservations se faisant longtemps à l´avance.
Mais il n´y a pas que le président qui soit en campagne. Les autres leaders aussi le sont: ceux de la coalition présidentielle d´abord (Ouyahia, Belkhadem et Soltani) mais aussi Djaballah, ou Madani mezrag. Il y a donc embouteillage sur les routes. Les partis disputent aux familles la location des salles, dont les propriétaires préfèrent de loin les familles, qui paient cash, alors que les partis, malgré les promesses, honorent rarement leurs commandes. Quant aux Algériens de toutes conditions, la question est de savoir s´ils vont ce soir à un mariage ou à meeting, marier un cousin ou faire la promotion de la charte.
Dans les deux cas, il faut avoir un bon organe vocal. Quand Abdallah Djaballah entame un discours interminable sur les bienfaits de la réconciliation, les intonations musicales de sa voix n´ont rien à envier à Aïssa Djermouni. Fonds de gorge et voix de fausset font des mixages que ne renierait pas le meilleur éditeur de disques. D´autres orateurs rappellent à l´auditoire les morceaux de choix de Chikha Remitti, Lla Chérifa ou Cheikh El Ghafour.
Peu importe le flacon, pourvu qu´on ait l´ivresse. Une soirée est une soirée. Meeting politique ou mariage familial, les nuits d´été sont animées. Avec tbel, zorna et zagharid. Comme en plus, on est en pleine campagne de moisson, tous ces cortèges se mêlent sur les routes de la République avec les moissonneuses batteuses et les troupeaux de moutons, obligeant Amar Ghoul, le ministre des Travaux publics, à prévoir des autoroutes et des routes de plus en plus larges, agrémentées de bretelles, de rocades, de déviations, et à creuser des trémies ou des tunnels partout où les chemins se croisent, y compris à même la roche, comme du côté de Lakhdaria, ou de Oued Ouchaieh. Cela oblige aussi Abdelmalek Sellal, le ministre des Ressources en eau, à construire des barrages et des usines de dessalement, car les fêtes, ça donne soif et pour voter utile, il faut boire.

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